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Concours interne de promotion 2018 (novembre) – Résultats des danseuses

Le Concours Interne de promotion 2018 (novembre) du Ballet de l’Opéra de Paris s’est tenu pour les danseuses le samedi 10 novembre. Une journée, il faut le dire, de très haut niveau. A lire : le résultat du Concours des danseurs

Le jury est présidé par Stéphane Lissner (Directeur de l’Opéra de Paris). Il est composé d’Aurélie Dupont (Directrice de la Danse), Clotilde Vayer (Maîtresse de ballet associée à la direction de la danse), Claude Bessy (Danseuse Etoile, Directrice de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris de 1973 à 2004), Karl Burnett (maître de Ballet pour les chorégraphies de Kenneth MacMillan), en suppléante Béatrice Martel (Assistante maîtresse de ballet), et des danseurs et danseuses du ballet tiré.e.s au sort Valentine Colasante, Alice Renavand, Arthus Raveau, Matthieu Botto et Sophia Parcen (suppléant.e.s Eleonore Abbagnato, Mathieu Ganio, Aurélia Bellet, Erwan Le Roux et Claire Gandolfi).

Le Palais Garnier

Résultats des Quadrilles

Deux postes de Coryphée à pourvoir. Variation imposée : Paquita d’Oleg Vinogradov, deuxième variation.Paquita d’Oleg Vinogradov, deuxième variation. Préparation au Concours : Delphine Moussin. 

1 – Victoire Anquetil, promue Coryphée

2 – Naïs Duboscq, promue Coryphée

3 – Bleuenn Battistoni

4 – Seohoo Yun

5 – Camille de Bellefon

6 – Célia Drouy

Victoire Anquetil lors du Concours de promotion 2018 – Variation libre, Don Quichotte de Rudolf Noureev

Le niveau des Quadrilles était relativement homogène et il était difficile à l’issue des épreuves de désigner deux promues sans hésitation. Par rapport à la classe des Quadrilles hommes, les danseuses ont paru à la fois plus mûres dans leur danse, mais aussi bien plus crispée dans la variation imposée. Toutes s’en sont pourtant honorablement sorties, mais la tension était palpable. Heureusement, le stress est parti avec les variations libres, qui étaient dans l’ensemble très bien choisies et bien dansées. 

Cette classe était étranges, avec les deux coréennes Hohyun Kang et Seohoo Yun tout simplement hors-Concours… Dans tous les sens du terme. Ce sont les seules qui ne sont pas apparues crispées dans la variation imposée, proposant au contraire un superbe travail de danse académique. L’école coréenne forme décidément de magnifiques danseuses. Mais on ne peut pas dire que cela représentait vraiment le style français. Et cela pose une question de recrutement. Si Sae Eun Park ou Hannah O’Neill ont su ces dernières années se fondre dans la compagnie, ces deux jeunes recrues ne le sont pas. Ce qui est frustrant car, au-delà de l’école française, elles sont brillantes, avec un magnifique travail de précision et de haut du corps. N’y aurait-il pas un effort à faire de la part de la troupe pour leur apprendre, leur inculquer un style ? Sinon, pourquoi les recruter ? Mises à part elles deux, personne ne se détachait vraiment. Tout s’est donc joué dans la libre. J’ai personnellement beaucoup aimé le travail artistique de Clémence Gross dans Emeraudes, une âme de soliste qui pour moi aurait mérité l’une des deux places. Seohoo Yun était tout simplement resplendissante en Esmeralda. Héloïse Jocqueviel a proposé un très joli travail et de la musicalité dans Les Variations Goldberg, et j’ai beaucoup aimé globalement le travail de Bleuenn Battistoni et Sofia Rosolini. Célia Drouy a aussi montré de belles qualités, mais semblait encore un peu stressée. A noter aussi, l’impressionnante progression d’Awa Joannais, qui a vraiment fait un bond en avant par rapport à l’année dernière, ou le délicat travail artistique d’Amélie Joannidès. 

Plusieurs pouvaient prétendre à une promotion. Victoire Anquetil a peut-être proposé le Concours le plus équilibré, avec une technique solide et montrant que l’on pouvait lui faire confiance, même si j’ai trouvé sa variation de Kitri encore un peu scolaire. Naïs Duboscq est très bien distribuée, de ce point de vue il est logique qu’elle monte, c’est le choix de la direction. Son imposée était honorable. Sa libre démarrait très bien, avec du charme, de l’élégance à la française, de l’aplomb. Mais la série de relevés a fait déborder le trop-plein de stress même si elle a su tenir jusqu’au bout. Son évolution sera à suivre. 

Naïs Duboscq lors du Concours de promotion 2018 – Variation libre, Grand pas classique de Victor Gsovsky

Variations libres choisies par les Quadrilles :

Lucie Fenwick : Dances at a Gathering, variation de la Danseuse en vert (Jerome Robbins)

Marion Gautier de Charnacé : In the middle, Somewhat elevated (William Forsythe)

Clémence Gross : Joyaux, Emeraudes, deuxième variation (George Balanchine)

Awa Joannais : Tchaïkovski – Pas de deux (George Balanchine)

Amélie Joannidès : Joyaux, Emeraudes, première variation (George Balanchine)

Héloïse Jocqueviel : Les Variations Goldberg, premier mouvement (Jerome Robbins)

Hohyun Kang : Diane et Actéon (Agrippina Vaganova)

Sofia Rossolini : Suite en blanc, variation de la Cigarette (Serge Lifar)

Seohoo Yun : Esmeralda, variation du pas de deux (Marius Petipa)

Victoire Anquetil : Don Quichotte, acte III, variation de Kitri (Rudolf Noureev)

Bleuenn Battistoni : Sylvia, Pizzicatti (Lycette Darsonval) 

Ambre Chiarcosso : Études (Harad Lander)

Camille de Bellefon : Joyaux, Emeraudes, première variation (George Balanchine)

Eugénie Drion : Raymonda, acte II, variation d’Henriette (Rudolf Noureev)

Célia Drouy : La Bayadère, acte II, variation de Gamzatti (Rudolf Noureev)

Naïs Duboscq : Grand pas classique (Victor Gsovsky)

 

 

Résultats des Coryphées

Un poste de Sujet à pourvoir. Variation imposée : Le Lac des cygnes de Vladimir Bourmeister, acte 1, première variation du pas de quatre. Préparation au Concours : Stéphane Phavorin.

1 – Bianca Scudamore, promue Sujet

Aucune majorité ne s’étant dégagé pour la deuxième place, le reste du classement n’a pas été effectué.

Bianca Scudamore lors du Concours de promotion 2018 – Variation libre, The Four Seasons de Jerome Robbins

Voilà peut-être la plus belle classe du Concours. Neuf personnalités en scène, qui avaient toutes des choses à dire et un vrai fossé par rapport les Quadrilles. Le stress n’a ici pas été visible et beaucoup ont montré un potentiel de demi-soliste. Une seule place, c’est un peu cruel. La variation imposée a été très bien dansée et coachée, les danseuses prenaient visiblement du plaisir à la danser, le public en a eu en tout cas à les regarder. Les variations libres étaient là encore choisies avec justesse, et si certaines ont montré quelques faiblesses techniques, toutes y ont montré de la personnalité.

Pour le classement comme la promotion, il n’y a pas eu à discuter : Bianca Scudamore était au-dessus des autres. Dans l’imposée comme dans la libre, elle était brillante, rayonnante, musicale, avec une facilité technique déconcertante (tout semble couler de source) et un charisme de soliste indéniable. Quel beau moment avec Jerome Robbins ! Même si ce n’est pas la même façon de danser, on a eu l’impression de retrouver François Alu dans ses jeunes années de corps de ballet : avec elle, il n’y a pas à discuter, elle est au-dessus et puis c’est tout. Une place de Première danseuse lui tend déjà les bras pour l’année prochaine. Et à espérer de belles distributions, alors qu’elle est pour l’instant un peu oubliée. C’est pour cela que l’absence de classement ne me choque pas, représentant assez bien la classe.  Et ce n’est pas que les autres ne valent rien, au contraire, mais tout le monde a montré quelque chose. Et n’en citer que cinq autres en en laissant trois de côté aurait été plus injuste. Pour les autres justement, j’ai personnellement beaucoup aimé l’imposée de Katherine Higgins, la percutante Carmen de Juliette Hilaire ou le belle Gamzatti de Camille Bon, qui devrait avoir toutes ses chances l’année prochaine. 

 

Variations libres choisies par les Coryphée :

Katherine Higgns : Dances at a Gathering, variation de la Danseuse en vert (Jerome Robbins)

Juliette Hilaire : Carmen, variation de la Taverne (Roland Petit)

Caroline Osmont : La Nuit de Walpurgis (George Balanchine)

Charlotte Ranson : Suite en blanc, variation de la Flûte (Serge Lifar)

Bianca Scudamore : The Four Seasons, variation du Printemps (Jerome Robbins)

Jennifer Visocchi : Dances at a Gathering, variation de la Danseuse en vert (Jerome Robbins)

Camille Bon :  La Bayadère, acte II, variation de Gamzatti (Rudolf Noureev)

Laure-Adélaïde Boucaud : Vaslaw (John Neumeier)

Leïla Dilhac : Carmen, variation de la Chambre (Roland Petit)

 

 

Résultats des Sujets

Deux postes de Première danseuse à pourvoir. Variation imposée : Casse-Noisette de John Neumeier, acte II, variation de Louise. Préparation au Concours : Elisabeth Maurin. 

1 – Marion Barbeau, promue Première danseuse

2 – Héloïse Bourdon, promue Première danseuse 

3 – Sylvia Saint-Martin

4 – Ida Viikinkoski

5 – Roxane Stojanov

6 – Marine Ganio

Marion Barbeau lors du Concours de promotion 2018 – Variation imposée, Casse-Noisette de John Neumeier

Ah, la classe de tous les suspens ! Le Palais Garnier était d’ailleurs plein comme un œuf. Les deux places disponibles ont en tout cas motivé la classe des Sujets, vraiment brillante. Il n’y avait quasiment que des danseuses expérimentées et elles l’ont montré. La variation imposée, une très belle variation d’Etoile alliant technique, charme et style, a été de très bon niveau. Les libres ont là encore été choisies avec soin, montrant beaucoup de personnalité. C’est là que l’on voit aussi à quel point cette classe est sous-exploitée. Il y a énormément de talent, un excellent niveau, Aurélie Dupont a vraiment dans les mains un superbe groupe, qui aussi bien dans la programmation que dans les distributions, n’a pas assez à danser.

A ce niveau, la subjectivité rentre forcément en compte, surtout que l’on ne peut pas mettre de côté ce que chacune a montré en scène ces dernières années. Subjectivement donc, Héloïse Bourdon a été pour moi la meilleure. Impériale dans l’imposée, superbe dans la libre, elle a été une Artiste, décomplexée de tout stress, vraiment libérée en scène comme si elle était en spectacle. Un superbe Concours. Au bout d’un moment, une direction doit sortir de sa simple partialité et s’incliner devant le talent (ce que savait faire, il faut le souligner, Benjamin Millepied). C’est ce qui a été fait avec la promotion de Héloïse Bourdon. Espérons maintenant qu’elle ne soit pas oubliée des distributions. Le Lac des cygnes lui tend les bras à Bastille en février ! Marion Barbeau n’a cependant pas volé sa promotion. Son imposée, bien que très précise, se détachait moins. Mais quelle superbe variation libre ! Un moment de poésie et une technique brillante digne d’une soliste, un superbe moment ! L’on parle beaucoup de l’attente de Héloïse Bourdon, mais Marion Barbeau (elles ont sensiblement le même âge) a aussi dû patienter en faisant ses preuves dans des rôles d’importance. Toutes les deux n’ont rien lâchés, n’ont pas perdu la foi (alors qu’il y aurait pu avoir de quoi). Et cela a fini par payer.

Sylvia Saint-Martin et Ida Viikinkoski m’ont un peu moins marquée. J’ai par contre beaucoup aimé le travail de Roxane Stojanov. Quels progrès depuis six mois et sa promotion de Sujet ! Alors qu’elle n’a pas eu de grands rôles en scène. Sa marge de progression possible avec des rôles à danser laisse donc rêveur. J’espère qu’elle n’aura pas à attendre trop longtemps et que de jolies distributions seront là entre temps, cette danseuse a une âme de soliste. J’ai aussi bien aimé le travail globale de Charline Giezendanner, danseuse très fiable, ou l’implication artistiques de Fanny Gorse et Lydie Vareilhes.

Héloïse Bourdon lors du Concours de promotion – Variation libre, Other dances de Jerome Robbins

Variations libres choisies par les Sujets :

Marine Ganio : Don Quichotte, acte I, première variation de Kitri (Rudolf Noureev)

Charline Gienzendanner : Raymonda, acte II, variation d’Henriette (Rudolf Noureev)

Fanny Gorse : Les Mirages, variation de l’Ombre (Serge Lifar)

Aubane Philbert :  Suite en blanc, variation de la Flûte (Serge Lifar)

Caroline Robert : Notre-Dame-de-Paris, variation d’Esmeralda (Roland Petit)

Sylvia Saint-Martin : Raymonda, acte III, variation de l’Etoile (Rudolf Noureev)

Roxane Stojanov :  Suite en blanc, variation de la Cigarette (Serge Lifar)

Lydie Vareilhes : Le Sacre du Printemps, variation de l’Elue (Maurice Béjart)

Ida Viikinkoski :  The Four Seasons, variation de l’Automne (Jerome Robbins)

Séverine Westermann : Joyaux, Emeraudes, deuxième variation (George Balanchine)

Marion Barbeau : La Belle au bois dormant, acte II, variation de la Vision (Rosella Hightower)

Héloïse Bourdon : Other Dances, deuxième variation (Jerome Robbins)

Alice Catonnet : Dances at a Gathering, variation de la Danseuse en vert (Jerome Robbins)

 

Comments (13)

  • Elisabeth

    Au choix des libres, on sent tout de même que danseurs et danseuses sont en manque de danse classique…

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  • Marion

    Youpie ! Enfin Héloïse ! Bravo à toutes

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  • Dansedanselovellve

    Bianca, Bianca Elle était si belle ! Elle mérite totalement et ira très loin ! D’ailleurs la réaction de la salle était en adéquation avec sa performance !

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  • Valioushka

    Comme les danseuses ont toutes été sublimes!… (j’ai eu le privilège d’assister au concours des dames)… un moment rare, exceptionnel, un pur bonheur (pour le public^ qui a la place la plus confortable)…que de beautés, de douceur, de délicatesse, et de flamboyance… Il y a eu de magnifiques Raymonda, Kitri, une Ombre mystérieuses, une Elue époustouflante…Toutes de vrais joyaux… Un grand bravo à toutes les danseuses dans ce moment si éprouvant et décisif pour elles… <3

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  • Mercy

    Sublissime Héloïse Bourdon La très grande classe La danse incarnée , la poésie le charme et la beauté ENFIN récompensés MERCI le Jury

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  • AL.

    Heloïse enfin première danseuse !!!!!!

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  • Nathalia

    Oui Magnifique concours ! Je ne suis pas de votre avis sur Naïs Dubosc que j ai trouvée magnifique bouleversante de douceur de pureté et de classe. Sa variation libre était fabuleuse !

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  • Léa

    Enfin !!!!!! Héloïse !!!!!! Quelle joie !!! Je n’osais y croire, après tant d’années….
    Cet après-midi elle était comme les autres dans le corps de ballet de Glass pièces. Concours +Lac, l’enchaînement qui lui tendait les bras en 2017 se représente, cette fois c’est la bonne !!!
    Bravo à toutes, notamment Marion Barbeau mais qui est dans un autre style.

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  • Georges

    J’avais zappé le concours cette année, ça a peut être porté chance à Héloïse qui enfin attrape le grade de première danseuse !!!

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  • Dang

    Comme tout le monde , je suis ravie de la promotion d Héloïse Bourdon. Elle le méritait depuis si longtemps , on espère maintenant qu on pourra la voir distribuée plus souvent. Et que bientôt , elle sera étoile ..

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  • GUETTIER

    Heloïse Bourdon enfin promue première danseuse !!!! Félicitations !!!! Que je suis heureux pour elle !!!! Vivement le lac des cygnes en février avec cette superbe danseuse distribuée, je l’espère, dans le rôle titre !!!!

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  • François

    Je n’ai vu que le matin des femmes. Incompréhension totale pour les résultats des quadrilles, ou j’ai complètement pas vu Victoire Anquetil et où Nais Dubossq m’a semblé jolie mais bien faible. J’étais persuadé que ça allait se jouer entre
    Amélie Joannides ,Bleuenn Battistoni ou SeeHoo Yun. Je n’étais d’ailleurs pas le seul. Chez les coryphées, la promotionde Bianca Scudamore me semble totalement justifié, mais j’ai aussi adoré Katherine Higgins et Jennifer Visocchi. Et je suis bien sûr, comme tant d’autres, ravi des promotions de 1ères danseuses, je ne doute pas qu’elles ont toutes les deux été magnifiques. Pincement au coeur pour la si belle Charline Giezendanner, qui avait frôlé le titre l’année dernière, et ne semble pas avoir eu de seconde chance. Ce concours de manière générale me semble un peu absurde.

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