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Les mystères du prof de danse – « Ça se voit jusqu’au poulailler »

Selon le dicton, en mai fais ce qu’il te plaît. Il en va de même lorsqu’il s’agit de préparer un passage sur scène. Votre professeur de danse peut alors sembler vous proposer de libérer votre inspiration après un long travail technique et de laisser parler votre fibre artistique. Il y a toujours un double sens. Cette fois, on affine le mouvement et sa dynamique pour le dédier à l’ensemble du public. Intimidant ou motivant, sachez bien qu’une fois sur scène tout se voit… et jusqu’au poulailler. « Ça se voit jusqu’au poulailler ! » peut ainsi revenir fréquemment dans les remarques de votre professeur.e de danse. Petit décryptage d’une expression qui se nourrit de l’histoire de la danse et à ne pas oublier avant de monter sur scène. 

Les mystères du prof de danse – « Ça se voit jusqu’au poulailler« 

Une petite histoire

Autrefois, le Palais Garnier était éclairé par les chandelles du grand lustre. Du fait des coulées de cire, le parterre que l’on connait si bien aujourd’hui ne pouvait se revêtir de sièges de velours par risque d’incendie. En comparaison avec les concerts de rock d’aujourd’hui, le placement debout au centre de la salle était donc les places de basse catégorie accueillant un public qui n’hésitait pas à clamer leur mécontentement ou tout bonnement à discuter à haute voix sans aucune discrétion pendant le spectacle. D’où le dénominatif méprisant de « poulaille » que les ducs, comtesses ou autres princes prenaient plaisir pour qualifier cette foule dispersée, bruyante et entassée.

Le savoir-faire a modifié ce grand lustre jusqu’à l’orner d’un collier de perles, éclairage qui entoure aujourd’hui celui du Palais Garnier. La noblesse qui occupait les loges devint alors envieuse de cet espace où les balletomanes vivaient la danse au cœur des polémiques. Un florilège de beaux fauteuils rouges vit alors e jour… à des coûts élevés. C’est donc au sommet du théâtre, désormais baptisé sans surprise le « poulailler », que les balletomanes furent alors relégués.

Cependant, cette vue plongeante sur la scène leur permirent de redécouvrir les artistes. Voir un corps bouger d’une vue en hauteur est peu commun et pourtant indispensable pour la compréhension du langage corporel.  Vous observerez ainsi souvent que les chorégraphes et metteurs en scène se placent toujours au fond d’une salle pour une meilleure lecture de l’ensemble. Enfin, le dernier gradin du théâtre fût aussi appelé « Paradis », peut être pour symboliser une plus grande proximité avec les étoiles.

Les mystères du prof de danse – « Ça se voit jusqu’au poulailler« 

Une dynamique

Avant d’arriver sur scène, votre professeur de danse utilise des anecdotes qui souvent impressionnent plutôt qu’elles ne rassurent. Avec le fameux « Ça se voit jusqu’au poulailler », il.elle veut vous dire que votre geste ou l’ensemble de votre danse doit atteindre l’ensemble du public, même celui tout en haut du théâtre. Quand nous répétons en studio, nous sommes bien trop souvent en autocorrection seule face au miroir et cela nous coupe de notre générosité si belle et créative.

Mais émouvoir le reflet d’un miroir s’avère très compliqué. Votre professeur de danse souhaite donc que votre geste touche artistiquement chaque spectateur et spectatrice, et de préférence les plus distants. Cela est une image qui doit vous aider à vous libérer, à guetter votre élan et votre spontanéité. Par exemple, pensez à balayer avec votre regard l’ensemble de la salle. Levez les yeux et regardez loin devant vous.

Les mystères du prof de danse – « Ça se voit jusqu’au poulailler« 

Vos mouvements doivent être destinés au public et non seulement être esthétiques pour vous. La particularité du public situé en hauteur est de voir les différents axes que proposent la danse favorisant la perception de l’auto-grandissement, de l’équilibre ou encore des positions croisées et effacées. Par exemple, si votre arabesque n’est pas assez croisée ou si votre ligne entre la main et le pied levé est mal assimilée, cela se verra de très loin. Pensez toujours que votre danse peut se révéler dans un champ d’optique qui vous est étranger. Etre sur scène reste une mise à nu. Votre danse doit atteindre et étreindre l’ensemble du public.

Enfin par curiosité pour le vocabulaire théâtrale, pensez à vous immerger dans l’oeuvre Les enfants du Paradis de Marcel Carné…

Les mystères du prof de danse – « Ça se voit jusqu’au poulailler« 

 

Commentaires (1)

  • Quercy

    Le joli article que voilà!

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