Les mystères du théâtre – La couleur verte
Lorsque le trac se fait sentir aussi perçant que le regard du public, chacun resserre au creux de sa main espoir et confiance. Parfois objet ou pensée, un porte-bonheur synonyme de dévotion peut paraître insignifiant ou inutile. Sur scène, il existe pourtant de petits secrets pour contrer les démons qui parfois deviennent de véritables codes scéniques. Après le fameux « Merde » censé porter chance, Les mystères du théâtre vous dévoilent cette fois-ci le malheur du vert.
La couleur
« Vert est l’arbre de vie« , disait Goethe. Couleur de la nature et de l’espoir, le vert symbolise la vacuité des choses. Tout naît pour disparaître. Nous avons là les ingrédients qui font un grand artiste quand celui-ci se libère de sa hantise de marquer son temps. En Occident, le vert est synonyme de fantastique et d’artifices : petits hommes verts, les elfes, Judas etc…
Molière
Molière resta très lié à cette couleur. Pendant Le Malade imaginaire, Molière était très malade, ce qui ne l’empêcha pas de jouer et de maintenir les représentations. C’est à la tombée de rideau qu’il succomba, vêtu de verts chatoyants, d’un velours de couleur amarante doublé d’un tissu de coloration ratine grise et d’une fourrure dite de teinte « petit gris ».
Très superstitieux et les faits se répandant comme de la poudre, les artistes de théâtres puis du spectacle en général bannissent le vert de la scène.
Le costume
Dans l’histoire du costume, le vert existait en palette de référence pour qu’une fois sélectionné le tissu puisse être teinté de la couleur choisie. Seulement, le vert déteignait, ce qui le rend incertain. Pour résoudre ce problème, les costumiers enduisaient le tissu d’un vert-de-gris. Pour obtenir cette teinture, des lamelles de cuivre ou du cyanure étaient oxydés avec du vinaigre, du citron ou encore de l’urine. Ce poison imbibait le tissu, les autres teintes du costume et pouvait se répandre sur la peau.
Le vert est donc devenu un ennemi de taille pour les artistes et le restera dans la conscience collective.
La lumière
Mais le vert qui imprègne aussi le faisceau des éclairages peut être un début de porte-bonheur. Les chandelles rendaient le vert étincelant. Puis le gaz est apparu avec une légère dominante de vert au XIXe pour apporter de la chaleur. Aujourd’hui, on ne s’en passe plus, le cinéma en fait même sa référence concernant la teinte des décors pour mieux sublimer l’acteur et l’actrice.
Et ailleurs ?
Si cette couleur est malvenue dans la culture artistique française, les techniques modernes aujourd’hui ont pallié les problèmes de l’époque. Cependant, il existe toujours un code scénique sur lequel certains metteurs en scène ou artistes n’hésitent pas à rappeler par simple nostalgie, dévotion au passé ou bien par superstition, voire les trois à la fois. Ailleurs, nos amis anglais évitent les bleus, les Italiens le violet et les Espagnols le jaune… Si les couleurs changent selon les frontières, les signes de superstition existent sur toutes les scènes du monde.
MD
Très intéressant ! Merci beaucoup pour cet article !
Amélie Bertrand
@ MD : Tout le plaisir est pour nous 🙂