Les Démonstrations 2016 – École de Danse de l’Opéra de Paris
Rendez-vous incontournable de la fin de l’année, les Petits rats de l’Opéra de Paris proposent au mois de décembre leurs Démonstrations. Chaque classe montre sur scène un peu de ses exercices quotidiens de danse classique ainsi que ses cours complémentaires. 2016 a été marqué par le décès de deux grandes ballerines : Violette Verdy et Yvette Chauviré. Plusieurs professeur.se.s leur ont ainsi rendu hommage à travers des exercices transmis par ces deux Étoiles ou des variations où elles se sont illustrées. Les saluts de chaque classe se sont aussi tous réalisés sur la Polonaise du Lac des cygnes, restant ainsi en lien avec la programmation de la compagnie.
6e division garçons – Professeur Yann Saïz, pianiste Tristan Lofficial
Premières Démonstrations pour Yann Saïz, qui est devenu professeur à l’École de Danse il y a un an. L’ancien danseur est plutôt détendu, marchant en baskets parmi ses tous jeunes élèves (qui sont seulement quatre pour cette matinée). Les exercices choisis sont très simples, sans fioritures, mais ils doivent être réalisés au plus juste. Les jeunes garçons démarrent par des dégagés, ils travaillent ensuite les pirouettes par quart de tour. Place ensuite à des sauts, là encore simples, composés de soubresauts et d’échappés. Et certaines sont de profil, « pour que le public puisse juger du résultat« , lance avec malice Yann Saïz. La classe termine par des tours en l’air inspirés d’un passage de Raymonda.
6e division filles – Professeure Géraldine Wiart, pianiste Louis Lancien
Les Démonstrations se suivent et se ressemblent : filles et garçons ont le même âge, mais les filles dans cette classe paraissent tout de suite plus assurées que les garçons, Elles sont sept aujourd’hui, tout en vert, et dansent déjà avec ce souci d’être ensemble et de former un corps de ballet. Là encore, la professeure a choisi des exercices très simples, véritablement de débutant, mais qui doivent être exécutés au plus juste. C’est tout le principe de l’École de Danse : même les élèves qui ont déjà pas mal dansé reprennent toutes les bases en arrivant à Nanterre. Les filles démarrent par un port de bras, « chaque position est importante« , souligne Géraldine Wiart. Place aux pirouettes, d’abord en retiré puis en tournant, « et soyez musicales !« . Les élèves réalisent ensuite un exercice d’échappés qui les préparent aux pointes, puis de sauts avec des ballonés et des ballotés. « Petits pieds, petits pieds, petits pieds« , lance Géraldine Wiart, à l’image de Christiane Vaussard.
5e division garçons – Professeur Marc du Bouaÿs, pianiste Tadeusz Gieysztor
Dix garçons sont en scène, de taille assez disparates comme souvent dans cette division. Le niveau monte d’un coup et les exercices sont clairement plus complexes. Les élèves démarrent par des dégagés qui préparent aux tours, avant de se lancer dans les pirouettes, et des petits sauts qui doivent être en mesure : « On reprend sur la musique« , rappelle le professeur. Les choses se complexifient ensuite avec le travail des entrechats et des grands sauts, ainsi qu’un mélange de grands battements et de tours en l’air. « Ne bougez pas les talons avant de partir« , conseille Marc du Bouaÿs, recherchant là encore le souci de la propreté.
5e division filles – Professeure Muriel Hallé, pianiste Yuko Tsuchiya
Avec 13 demoiselles en rose, le niveau monte aussi chez les filles. Elles démarrent par un port de bras et des temps liés, « avec des enchaînements propres à notre répertoire« , explique au public Muriel Hallé. L’exercice comprend en effet beaucoup d’épaulements et de changements de direction, le tout est assez complexe. Toujours sur demi-pointes, les filles commencent à travailler les diagonales : celle du jour mélange retirés, piqués tours et déboulés. La professeure les fait danser avec une grande valse, avant de faire travailler la petite batterie « sans forcer sur les bras » et de finir par des grands battements. De façon générale, les exercices n’ont pas l’air simples dans leurs enchaînements, mais toutes les élèves semblent plutôt à l’aise. C’est une belle classe, avec un gros travail sur la musicalité et la présence artistique, très agréable à regarder.
4e division garçon – Professeur Christophe Duquenne, pianiste Michèle Myron Mytrowytch
Sept garçons pour cette classe, qui semblent déjà avoir bien grandi. Christophe Duquenne a choisi de présenter des exercices qui ne sont pas encore complètement maîtrisés, mais qui montrent une vraie différence avec la division d’en dessous. Après des dégagés et pas de bourrés, place ainsi à un exercice de tours qui mélangent pirouettes en 5e, en 4 et en attitude. « Je veux une bonne poussée dans le sol« , insiste le professeur. Le reste du cours est destiné aux sauts : assemblée et sissone en tournant, petite batterie « pour la dextérité des jambes« , et un grand saut, « même s’ils n’ont pas encore la force musculaire« . Les doubles tours en l’air sont même tentés, et avec succès.
4e division filles – Professeure Marie-José Redont, pianiste Isabelle van Brabant
La classe coup de cœur du matin ! Voici 12 filles en bleu, visiblement épanouies et heureuses de danser, musiciennes et déjà artistes en scène. Marie-José Redont a de plus concocté sa classe comme un petit spectacle de corps de ballet, proposant 20 minutes d’une danse précise et très agréable à regarder. Tout commence d’ailleurs par l’adage « pour le travail musical« , à la barre et sur pointes, suivi d’un exercice pour renforcer les chevilles. Puis place au milieu, avec un très joli exercice de pas de bourrés utilisant un langage varié et travaillant beaucoup l’épaulement. Après les petits sauts, Marie-José Redont évoque d’une voix émue Yvette Chauviré, qui a visiblement beaucoup compté pour elle. Ses élèves proposent ainsi pour finir un travail sur la variation de la gitane des Deux pigeons, qu’a beaucoup dansé Yvette Chauviré.
Cours complémentaires du matin
Les 6es divisions démarrent avec la danse folklorique, qui fait travailler le déplacement en groupe, le travail avec le partenaire et déjà un petit porté. Les 5es divisions prennent la suite avec la danse baroque, toujours un beau moment. Ils interprètent un petit ballet qui, comme le veut la danse baroque, réalise un dessin dans l’espace. Le travail des ensembles est complexe, mais très joliment exécuté. Place ensuite aux plus grands, les 2es divisions, pour la danse contemporaine. Claire Baulieu travaille sur l’improvisation cette année, qui est « une relation à soi, aux autres et à la musique« .
Les 5es divisions reviennent sur le mime et un travail spécifique sur l’ondulation (eh oui, l’on sait d’où vient le hip hop !). Les 4es divisions montrent leur travail en danse de caractère, basé ce trimestre sur la tarentelle. Après quelques exercices techniques, ils se lancent dans celle du Lac des cygnes, adaptée pour l’occasion. Pas facile question déplacements, mais très joliment dansée par le groupe, plutôt à l’aise. Les 6es et 5es divisions terminent avec l’incontournable cours d’expression musicale. Les élèves chantent, improvisent, jouent la comédie, sont artistes ! Ils terminent par un joyeux Jingle Bells de saison, et sont rejoints pour le final par les autres divisions, dont un ado qui s’est saisi de son ukulélé pour accompagner ses camarades. On est Petit rat, mais on reste de son époque.
3e division garçons – Professeur Wilfried Romoli, pianiste Masako Shimura
Les dix garçons ouvrent les Démonstrations de l’après-midi. Et le maître-mot de Wilfried Romoli : « La virtuosité dans la musicalité« . Les élèves présentent un adage qui est aussi une préparation aux grands sauts avec des fouettés arabesque. Ils ont déjà de l’allure, tout en ayant des coupes de cheveux bien de leur époque. Ils travaillent les pirouettes (« Calme les garçons« , conseille le professeur) et les tours attitude. Ils enchaînent sur des petits sauts et un travail sur les brisés volés. Pour le grand saut, « il s’agit plutôt d’une petite variation » pour tester ce que cela donne en scène. Au final, voilà une belle classe en confiance.
3e division filles – Professeure Fanny Gaïda, pianiste Richard Davis
Le niveau monte pour ces 8 filles en rose. Comme pour certaines classes, le choix des exercices s’est fait sur des choses en apprentissage, qui marquent une différence avec les divisions du dessous même si tout est encore en travail. Les élèves proposent un adage (« Les bras souples« ), avec un travail spécifique pour travailler les grands ronds de jambe sur pointes. L’ensemble est très féminin, assez stylisé. Les filles enchaînent avec des pirouettes en-dehors et en-dedans, « et avec le sourire« , et des pas de bourrés pour la rapidité du bas de jambe, avant de terminer sur des diagonales de piqués.
2e division garçons – Professeur Éric Camillo, pianiste Ellina Akimova
Les six élèves d’Éric Camillo montent aussi le niveau technique, avec des exercices abordant plusieurs difficultés. Les tours se finissent en attitude et en arabesques « pour préparer aux tours en l’air« , explique le professeur. Puis place à la petite batterie, « sans bruit« , les brisés volés en tournant et les brisés Taglioni. Pour les grands sauts, les élèves ont droit à des cabrioles, des coupés-jetés, des jetés à l’italienne, avec un souci apporté à la coordination. Ils se lancent ensuite dans des tours en l’air qui résonnent – comme chez la 6e division – comme une évocation de Raymonda.
2e division filles – Professeure Fabienne Cerutti, pianiste Claire Djourado
Ces sept filles en fuchsia sont impressionnantes. Les exercices sont difficiles, mais dansés avec aisance, précision, musicalité et élégance. Les élèves se lancent dans des dégagés avec des changements de direction et d’épaulement, puis un adage basé sur le travail du piétiné, « avec beaucoup de lyrisme et de liberté dans le haut du corps« , conseille la professeur. Les filles enchaînent avec des pirouettes, puis un exercice de pointes transmis par Violette Verdy dans les années 1990. « Pétillement, musicalité, rendez-lui hommage !« , lance Fabienne Cerutti. Elles enchaînent avec une valse (« Voyagez beaucoup, prenez tout le plateau« ), un début d’entrechats 6 et de multiples diagonales en guise de coda. Voilà une belle classe, avec une danse qui n’est déjà plus scolaire pour certaines d’entre elles.
1ère division filles – Professeure Carole Arbo, pianiste Laurent Choukroun
Sept jeunes filles tout en blanc entrent en scène et démarrent par un bel adage néo-classique. Leur danse est mature, déjà professionnelle. L’expérience se sent aussi. Les élèves proposent un exercice venant de Christiane Vaussard, avant de présenter à plusieurs la variation de la Gitane des Deux Pigeons, en hommage à Yvette Chauviré. Puis place à un grand pas, des diagonales de piqués dans tous les sens et les indispensables séries de fouettés. Une élève, bien mise en avant, se distingue très clairement : Bianca Scudamore, finaliste du Prix de Lausanne 2015. Elle enchaîne seule une diagonale de triples pirouettes piqué arabesque, avec grâce et musicalité, et n’est pas loin des 32 fouettés dans la coda. Danseuse technicienne, elle possède aussi un véritable charisme et un charme certain qui ressemble à celui de Léonore Baulac. Si elle domine sa classe, d’autres filles montrent aussi de belles choses, comme Philippine Flahault qui propose un beau travail du haut du corps.
1ère division garçons – Professeur Jacques Namont, pianiste Gaëlle Sadaune
Dernières Démonstrations pour Jacques Namont ! Le professeur a toujours cherché à mettre en avant chacun de ses élèves, les faisant danser en solo, les poussant à briller, à prendre des risques. 2016 n’a pas failli à la règle. Les élèves proposent un exercice de pirouettes, puis de petite batterie composé de brisés et de petites cabrioles. « Joyeuses, la petite batterie« , lance le professeur. Place ensuite à un hommage à Violette Verdy, avec deux extraits d’un ballet qu’elle avait créé en 1979 et dansé à l’époque par Patrice Bart et Patrick Dupond. Les élèves enchaînent enfin avec un grand saut et un final brillant, entre entrechats 6 et grands jetés. « Comme ils disent, ils s’éclatent maintenant« , commente avec un sourire Jacques Namont. La classe est homogène et agréable à regarder, même si les élèves semblent un peu moins mûrs que les filles.
Cours complémentaires de l’après-midi
Les 3es divisions reviennent pour la danse de caractère, sur le thème de Raymonda. « L’oeil révolver, c’est l’Espagne« , lance la professeur Roxana Barbacaru. Les élèves présentent notamment un adage travaillant sur le haut du corps et l’équilibre, et un beau final mettant en avant « l’intelligence des pieds« , comme dit la professeure. Les 1ères divisions reprennent possession de la scène sous le regard de Wilfried Romoli pour le cours d’adage. Les élèves présentent quatre pas de deux académiques, puis un pas de deux sur les petits sauts où le garçon dansent en même temps que les filles, ce qui est assez complexe. Les jeunes danseurs et danseuses reprennent un adage de Variations de Violette Verdy, en hommage à la pédagogue, avant de finir par un final et des portés avec élan. Une belle classe dans son ensemble, où les filles semblent une fois de plus très à l’aise et musiciennes. Pour certaines, ces Démonstrations sont les dernières avant de se lancer dans la vie professionnelle la saison prochaine.
Elisabeth
On prépare le spectacle avec Raymonda!
Elisabeth
On prepare le spectacle avec Raymonda.