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Prix de Lausanne 2017 – La finale

La finale du 45e Prix de Lausanne a eu lieu le samedi 4 février. 20 candidats et candidates ont été chois.e.s par le jury après une épreuve des sélections où concourraient 68 jeunes danseurs et danseuses.

Les finalistes du 45e Prix de Lausanne

Lauréat du Prix de Lausanne 2017, Prix contemporaine, Prix du meilleur Suisse : Michele Esposito, 17 ans, Italie, Académie de Zurich.

La finale était très relevée et aucun.e ne sortait outrageusement du lot : plusieurs personnes auraient pu gagner. Michele Esposito en faisait partie. En variation classique, son Solor était extra, brillant et charismatique, même si dans la même variation j’ai préféré celle de Riku Ota. Mais le jeune italien brillé dans sa variation contemporaine avec une formidable interprétation de Nijinsky, variation pas évidente et qu’il s’est totalement appropriée. Un Prix qui récompense une belle semaine (ce danseur est vraiment monté en puissance) et un artiste polyvalent. À suivre de près.   

 

Deuxième bourse et Prix du public : Marina da Costa DuarteFernandes, 17 ans, Brésil, Académie Princesse Grace.

Marina Fernandes da Costa Duarte aurait pu prétendre à gagner elle-aussi. Pétillante, truculente, brillante, à la danse travaillée dans le détail, sa Kitri était tout simplement irrésistible. Et complètement libérée par rapport aux sélections où elle est apparue un peu stressée. Pendant la semaine, elle faisait indéniablement partie des candidates qui se faisaient repérer. Sa variation contemporaine, Préludes CV, faisait peut-être moins d’effet, était plus difficile à mener. 

Marina da Costa DuarteFernandes – Prix d Lausanne 2017

Troisième bourse : Taisuke Nakao, 17 ans, Japon, Académie des Tanzes Mannheim

Un beau parcours équilibré pour Taisuke Nakao. Son Siegfried était superbe, avec une danse ample et généreuse. Son Vaslaw en contemporain montrait de belles qualités musicales. Je ne l’aurais pas mis aussi haut pour ma part, mais il n’a pas démérité.

 

Quatrième bourse (jeune espoir) : Koyo Yamamoto, 15 ans, Japon, Aci Horimoto Ballet Academy

Un danseur pas encore fini (le plus jeune chez les garçons), mais un vrai talent à suivre. Dès les sélections, il avait dominé la compétition, avec un danse généreuse, propre, et un charisme très attachant en scène. Son Yondering était dansé avec beaucoup de poésie et le mettait bien en valeur, un choix intelligent. Un jeune danseur qu’il a été agréable de suivre pendant toute la semaine.   

 

Cinquième bourse : Lauren Hunter, 15 ans, États-Unis, Peninsula School of Performing Arts

Voilà une bourse qui récompense une véritable montée en puissance. Timide au début de la semaine, Lauren Hunter a pris de plus en plus d’assurance dans les cours et les coachings. Et la différence entre l’épreuve des sélections et de la finale était impressionnante. À la danse propre mais encore un peu sur la réserve vendredi (je ne l’aurais personnellement pas sélectionnée), elle a proposé pour la finale une véritable assurance en scène, et un joli charisme en train de naître. Son Odalisque était adorable, et son Bach Suite II très habité et musical (c’est peut-être dans cette variation qu’elle m’a faite la plus forte impression). 

 

Sixième bourse : Stanislaw Wegrzyn, 18 ans, Pologne, Académie de danse de Munich

Un beau parcours pour ce danseur qui faisait clairement partie des têtes pour cette finale. Son Albrecht était un peu moins brillant que d’autres, mais il était plus habité, plus investi dans son personnage. En contemporaine, Vaslaw était mené avec beaucoup d’intelligence et de maturité. Un candidat, là encore, très intéressant à suivre tout au long de la semaine.

Stanislaw Wegrzyn – Prix de Lausanne 2017

Septième bourse : Diana Georgia Ionescu, 16 ans, Roumanie, Académie de Zurich

Pendant les classes et les coaching, Diana Georgia Ionescu se distinguait assez nettement dans un groupe des filles A, qui il faut le dire comprenait beaucoup de candidates à la danse assez similaire (propre mais sans la petite touche en plus). Son délicat travail de bras et son engagement faisait la différence. Sur scène, c’était un peu moins marquant, notamment dans sa variation classique avec Paquita, bien menée mais un peu timide et sur la réserve. Sa variation contemporain, Nocturnes, était par contre formidable, dansée avec beaucoup de personnalité et de maturité. 

 

Huitième bourse : Sunu Lim, 17 ans, Corée du Sud, Seoul Arts High School 

Parcours équilibré pour ce danseur, avec un Albrecht très propre et un Wrong Note Rag bien dosé (où il est pourtant si facile d’en faire des caisses). Pour ma part, ce n’est pourtant pas lui que j’aurais récompensé, même s’il avait toute sa place en finale. 

 

Bourse Fondation Rudolf Noureev : Denilson Almeida, 16 ans, Brésil, Petite Danse School of Dance

Un jeun danseur en devenir, qui a montré beaucoup de qualités prometteuses, que ce soit dans Coppélia ou Vaslaw. Cette récompense aurait pu revenir à quelqu’un autre, sans que l’on puisse dire qu’il ait volé sa place.

Denilson Almeida – Prix de Lausanne 2017

 

La finale en quelques mots

Cette finale de ce 45e Prix de Lausanne était très relevée. Personne n’était sur scène par hasard, personne ne paraissait en-dessous. Tout le monde a montré beaucoup d’engagement, de brio et de personnalité en scène, et ces deux heures de variations (tout de même) sont passées sans temps mort et très agréablement. 

Pour le palmarès, l’on peut chipoter sur le classement, plusieurs auraient pu gagner, mais il est à l’image globalement de ce qui ressortait de cette finale et de cette semaine. Le seul oubli notable est celui de la chinoise Fang qi Li. Dès le premier cours de danse, cette jeune ballerine sortait du lot par sa grande maturité et son travail de bras formidable, musical et déjà affiné. Sa variation de Paquita brillait un peu moins que les autres, mais elle était tout de même menée avec une grande classe, digne d’une soliste. Idem pour sa variation contemporaine, Nocturnes, dansée là encore avec beaucoup de maturité et de personnalité. Peut-être que le jury a préféré souligner des artistes en devenir plutôt que déjà prêts. Fang qi Li a clairement sa place chez les professionnel.le.s, son oubli sonne tout de même de façon un peu injuste.

Fang qi Li – Prix de Lausanne 2017

Des talents finalistes mais non-récompensés sont aussi à suivre. La jeune Jessi Seymour ne pouvait être récompensée, sa variation de Cupidon était un peu trop simple par rapport aux autres. Mais sa danse construite dans le détail et déjà personnelle (elle proposait beaucoup de maturité dans Requiem, l’une des plus belles variations contemporaines du concours) lui apportera sans aucun doute quelques très belles propositions d’école. Idem pour Alessandro Frola, qui en a toujours fait des caisses dans Harlequinade, un pu brouillon, un peu too much, mais qui se démarque très clairement en scène. Et bien sûr un grand bravo à tous les candidat.e.s ! 

Entre la finale et les résultats avait lieu l’intermède, assuré cette année par le National Youth Ballet of Germany de John Neumeier d’une part, et de Lauren Cuthbertson (Étoile du Royal Ballet de Londres) et Alexander Jones (soliste au Ballet de Zurich) d’autre part. La première a proposé la création John’s Dream de John Neumeier, reprenant cinq pièces courtes de différents chorégraphes. Un sommet de gnangnantise qu’il est bon de passer sous silence. Lauren Cuthbertson et Alexander Jones ont pour leur part assuré le spectacle avec le classique, irrésistible et parodique Grand pas de deux Christian Spuck.

 

Comments (2)

  • Aventure

    Une très belle finale, j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder ! J’ai vraiment beaucoup aimé Michele Esposito, le prix me paraît tout à fait mérité. Chez les garçons j’ai surtout en mémoire Denilson Almeida, Stanislaw Wegrzyn et Sunu Lim. (Je préfère d’ailleurs le Polonais en Albrecht, je lui trouve beaucoup d’élégance et de charisme). Chez les filles, j’ai bizarrement été moins touchée par Marina da Costa Duarte Fernandes. J’ai eu un coup de coeur pour Diana Georgia Ionescu, charmante en classique, et sa variation contemporaine était une des plus réussies pour moi, elle m’a beaucoup émue. J’ai également remarqué la Chinoise que j’ai trouvé effectivement déjà très professionnelle, (quelle classe !) dommage qu’elle n’ait pas eu de prix. La variation contemporaine de Jessi Seymour était superbe et très touchante, pleine de poésie. J’ai aussi beaucoup aimé l’adorable japonaise Yuika Fujimoto, pleine d’énergie et pétillante, un plaisir de la voir danser ! J’ai trouvé les variations contemporaines très belles et intéressantes cette année, d’habitude je m’ennuie un peu mais là j’ai été happée du début à la fin, j’y ai trouvé plus d’intensité.

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  • Sophie

    Merci Amélie Bertrand, pour ce magnifique reportage sur le Prix de Lausanne que j’ai, grâce à vous, pu suivre presque comme j’y étais. Et je profite de ce commentaire pour vous féliciter ainsi que votre équipe, pour tous vos articles. Je suis fan!!!

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