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Spectacle 2016 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – Conservatoire, Les Forains et Piège de lumière

Élisabeth Platel, la directrice de l’École de Danse de l’Opéra de Paris, a voulu placer le spectacle 2016 sous le signe des allers-retours. Avec Conservatoire d’August Bournonville d’abord, le souvenir du chorégraphe danois d’une classe parisienne en 1820. Avec Les Forains de Roland Petit ensuite, pièce créée pour le Ballet de l’Opéra de Paris et qui a marqué le retour du chorégraphe dans l’institution qui l’avait formé. Avec Piège de Lumière de John Taras enfin, chorégraphe qui fut un temps maître de ballet de la compagnie, qui voulait lui donner cette pièce mais manqua de temps, le ballet n’arrivant que 40 ans plus tard, et par l’École de Danse. Au final, voilà un programme riche et bien fait, qui monte en puissance et met en valeur bons nombres d’élèves, aussi bien par le challenge technique que par la faculté à créer un personnage.

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Conservatoire d’August Bournonville

Conservatoire d’August Bournonville est inspirée d’une classe de danse du XIXe siècle. Les décors – et surtout costumes – jouent le jeu en donnant l’impression de tomber au coeur d’un tableau de Degas. Sur scène, la chorégraphie pastiche un cours de danse. Cela commence donc inévitablement par un grand plié, avant d’enchaîner sur les battements, les adages, la virtuosité des pas montant en puissance au fur et à mesure. Les élèves se sortent tous et toutes sans accros de ces difficultés techniques. Mais le trac se fait sentir par des expressions très sérieuses sur le visage des élèves. Ce genre de ballet académique donne toute sa saveur quand ses interprètes savent se dégager de la pure virtuosité pour un léger second degré et de l’amusement, ce que les élèves n’ont pas forcément pu montrer lors de cette première. Reste toutefois de très jolis ensembles (quel professionnalisme tout de même !), une belle technique et un moment absolument choupinet quand huit jeunes élèves (10 ans ? 11 ans ?), se livrent à un joli exercice de dégagés. Ces touts Petits Rats affichaient un sourire radieux et un plaisir évident d’être sur scène.

Conservatoire d'August Bournonville

Conservatoire d’August Bournonville

Les Forains de Roland Petit propose un tout autre visage. Ballet court et narratif, il s’agit de faire vivre des personnages de cirque, faisant tout pour faire passer un bon moment au public, mais n’arrivant pas à gagner le sou. Roland Petit fait partie intégrante du répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris. Et les élèves, même s’ils abordent ce chorégraphe pour la première fois, l’ont déjà dans la tête et les jambes. L’ensemble est admirablement bien remonté par Jacques Namont et Yann Saïz, le ballet est vivant, tout en assumant son appartenance aux années 1950.

Chaque élève se distingue, crée son personnage, le fait vivre. Gaétan Vermeulen apparaît comme le leader du groupe en prestidigitateur, ce qui était déjà visible aux Démonstrations. Adèle Belem est une Belle endormie piquante, Kelly Riffaud-Laneurit une Loïs Fuller inspirée, Alexandre Boccara un clown vraiment drôle avec une jolie présence en scène. La Petite fille, Gloria Poubleau, épate. Elève en 5e division (donc en première année de pointes), elle affiche déjà une véritable assurance en scène, une présence radieuse, une façon d’être déjà professionnelle. Chacun.e vit l’histoire, même ceux et celles ne jouant que le public, chacun.e est investi.e dans ce qu’il.elle a à raconter.

Les Forains de Roland Petit

Les Forains de Roland Petit

Piège de Lumière de John Taras finit le spectacle en beauté. Des bagnards se retrouvent dans la jungle pour vivre entre eux. Ils créent des pièges de lumière ou attirer papillons et autres insectes… Piège de Lumière apparaît comme un ballet d’un autre temps, au charme délicieusement suranné. Mais jamais il ne donne l’impression d’être coincé dans un musée : au contraire, il y a l’envie de le revoir par la compagnie.

Spectacle total, Piège de Lumière est à la fois un challenge technique pour les élèves (aussi bien pour le corps de ballet que les solistes) et un challenge artistique avec des personnages à faire vivre et une ambiance fantastique à créer. Les décors plongent dans une forêt surnaturelle, les magnifiques costumes dévoilent des papillons humains. Là encore, chaque élève est sur scène totalement investi pour faire revivre ce ballet. Déjà remarquée l’année dernière, Célia Drouy montre toute sa présence et son charisme dans le rôle de la Reine des Morphides, même si le pas de deux semble un peu difficile aux élèves. En jeune bagnard, Andrea Sarri est la révélation du spectacle : voilà un danseur bondissant, avec déjà une vraie intelligence scénique et ce petit quelque chose en plus qui attire les regards. Les élèves du corps de ballet forment un ensemble soudé et très beau. Voilà une jolie découverte que ce ballet, qui termine sur une note fantaisiste un spectacle 2016 de grande qualité.

Piège de Lumière de John Taras

Piège de Lumière de John Taras

 

Spectacle 2016 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris au Palais Garnier. Conservatoire d’August Bournonville, avec Bleuenn Battistoni (Eliza), Nine Seropian (Victorine), Lien Geslin-Vinck (le Maître à danser), Florian Astraudo, Samuel Bray, Giorgio Fourès et Zino Merckx (quatre danseurs) et Luka Do Vale Tinoco (le violoniste) ; Les Forains de Roland Petit, avec Adèle Belem (la Belle endormie), Gaétan Vermeulen (le Prestidigitateur), Alexandre Boccara (le Clown), Kelly Riffaud-Laneurit (Visions d’art Loïe Fuller), Philippine Flahault et Charlotte Meier (les Siamoises), Gloria Poubeau (la Petite fille), Yoann Jolly (le machiniste), Daniel Lozano Martin (l’acrobate) et Clémence Freyther (la Femme-tronc) ; Piège de lumière de John Taras, avec Célia Drouy (la Reine des Morphides), Andrea Sarri (un Jeune bagnard), Léo de Busserolles (un Iphias), Giorgio Fourès (le Chef des bagnards), Aurélien Gay (le Vigile), Milo Avêque et Grégoire Duchevet (le papillon double). Jeudi 14 avril 2016. À voir jusqu’au 18 avril.

 

Comments (1)

  • lmp

    Bonjour,
    Quel dommage de ne pas préciser les compositeurs… cela rafraîchit la mémoire pour certains , et pour d’autres cela participe à leur culture…

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