Prix de Lausanne 2018 – Jour 3
La compétition s’intensifie au Prix de Lausanne 2018. Mercredi, troisième jour, place au coaching des variations classiques, toujours sur une scène en pente, et des variations contemporaines parfois devant le jury. Certains candidat.e.s brillants en cours paraissent hésitants une fois sur scène. D’autres, au contraire, se révèlent dans des variations bien choisies. Et certains, déjà remarqués en cours, éclatent dans leur prestation individuelle. Hasard du planning, DALP s’est surtout concentré sur les garçons aujourd’hui.
Des vidéos et photos en coulisse, des interviews des candidat.e.s et bien d’autres choses sur ce Prix de Lausanne 2018 sont à retrouver sur le compte Instagram de DALP.
Variations classiques
Alors que les filles prennent toutes ensemble un cours de danse dans le grand studio 1, les garçons de 14-16 ans sont sur scène, pour leur tout premier coaching des variations classiques avec Patrick Armand. Le japonais Takayuki Moriwaki (203), déjà remarqué en cours, propose d’office un très bel Albrecht, propre et brillant, avec le souci du détail dans le placement de la tête et des bras. Le tout jeune Gabriel Norum Gudim (204) venu de Norvège est encore brouillon, mais il propose quelque chose qui se remarque dans Coppélia, un plaisir évident d’être sur scène. Le sud-coréen Shi-Jean Kim (208), qui propose La Sylphide, se démarque lui aussi par une certaine présence. Patrick Armand revoie avec lui le passage de petite batterie, « Et en haut, rien ne bouge !« . Même variation pour le chinois Keyu Zhu (209), mais corrections différentes, plus sur le jeté et les épaulements, « Ce n’est pas parce que les bras ne bougent pas que tout doit être figé« . De façon globale, si cette classe était séduisante en cours, l’inexpérience et la jeunesse ne sentent un peu plus en scène, même si tous les garçons proposent des performances honorables.
Chez les garçons de 17-18 ans, pas de doute décidément : le canadien Shale Wagman (407) est au-dessus, avec un Basilio non seulement brillant, mais aussi rempli de ces petits détails de tête, d’épaulement et de placement qui font tout le sel de cette variation, et la rendent tout sauf scolaire. Il y a bien sûr toujours des choses à corriger, comme la préparation des pirouettes ou quelques accents pour poser le personnage. Le aussi déjà remarqué en cours Shuai Zeng (401) a démarré la séance avec un Albrecht brillant, se plaçant lui aussi comme un potentiel finaliste. Dans le Grand pas classique, l’italien Davide Loricchio (413) se remarque plus qu’en classe. Timide au début, il prend de l’assurance au fur et à mesure de sa variation. Même remarque pour un autre italien, Francesco Mazza (405), plutôt séduisant dans sa variation de Casse-Noisette, « Allez plus vite les tours en l’air !« , l’encourage Partrick Armand.
Plusieurs garçons enchaînent ensuite avec la variation de Paquita, très choisie chez les 17-18 ans cette année. Le chinois Zhou Xu (406) apparaît plus limité techniquement malgré un beau ballon, alors que le sud-coréen Jae Woon Lim (408) propose un joli travail très en place. Les différentes écoles se remarquent également. Le russe Ervin Zagidullin (409) est ainsi tellement… russe ! L’élève de l’Académie Vaganova, plus massif que ses camarades, affiche une danse volontairement conquérante, avec des sauts magnifiques et s’amusant à truffer la chorégraphie de quelques virtuosités dont son école a le secret. À l’inverse, le français Théodore Poubeau (414) est très… école française, avec une danse élégante (qui convient mieux au personnage dira mon côté chauvin) et très propre, porté par un très beau travail sur la petite batterie. Place ensuite au Lac des cygnes, avec l’italien Daniele Arrivabene (417) qui propose un travail plutôt intéressant, mais pas assez à l’écoute de la musique pour Patrick Armand, qui insiste beaucoup sur le bon placement musical lors de ses corrections. Le japonais Mikiya Kakehashi (415) montre un Corsaire plutôt bien envoyé, le belge Lukas Bareman (416) danse Solor avec de belles qualités de sauts malgré un stress un peu trop visible. Le portugais Márcio Mota (402) termine la séance avec une variation de Désiré plutôt bien choisies pour ses lignes et ses qualités, proposant un travail intéressant.
Variations contemporaines
L’après-midi, place au coaching des variations contemporaines pour les garçons des deux groupes, toujours sur la scène. ici, chaque coach a sa méthode : certaines restent traditionnelles et font passer élève après élève, d’autres font leurs corrections en groupe avant de faire passer les candidats un par un. Out of Breath de Louise Deleur, une très belle variation, a inspiré les garçons cette année qui l’ont souvent choisie. Shuai Zeng (401) y montre encore une fois beaucoup de présence, tandis que le sud-coréen Yungu Kang (403) est visiblement peu habitué à la danse contemporaine. Ervin Zagidullin (409) s’y montre plutôt à l’aise, alors que sa silhouette massive ne le laissait pas forcément deviner. « Continuez à danser libérer malgré le stress« , conclut la chorégraphe Louise Deleur, venue coacher les candidats.
La musique nous avait manqué (ou pas) : la variation A Solo for Diego de Richard Wherlock fait son retour au Prix de Lausanne, et reste une nouvelle choisie en masse par les garçons. À l’inverse, seul Lukas Bareman (416) a choisi la belle – mais difficile – variation Becomings de Wayne McGregor. Le candidat se montre beaucoup plus à l’aise dans le contemporain, avec un travail tout en profondeur et en nuances, mettant bien en valeur tous les détails de la variation. L’énergie qu’il dégage en scène est intéressante, différente des autres. Chroma du même chorégraphe n’a été choisie que deux fois, et l’on comprend pourquoi car la variation est non seulement difficile, mais pourrait s’avérer dangereuse pour des danseurs pas encore bien en place. Shale Wagman (407) est décidément aussi à l’aise en classique qu’en contemporain, proposant une danse magnétique qui va bien à ses lignes. Daniele Arrivabene (417) y est aussi plutôt à l’aise, propose une danse mature. Plan to B de Jorma Elo, une variation très rapide qui termine la séance, a aussi été choisie par de nombreux candidats. Márcio Mota (402) s’y montre moins à l’aise que dans La Belle au bois dormant, mais il reste très réactif aux corrections. Pour tous les garçons, la coach travaille beaucoup sur la course qui ouvre la variation, qui démarre avant la musique et se termine par un saut. « Je ne dois pas voir votre cerveau se dire ‘Je dois sauter’, cela doit rester spontanée« , insiste la professeure.
Du studio 1 retentit une tout autre musique, celle des Ombres de La Bayadère pour le coaching classique des filles. Ce sera pour jeudi !