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Gala de l’Académie Princesse Grace – Pas d’adieux et Danses hongroises

On ne présente plus désormais l’Académie de Danse Princesse Grace, école de danse nichée à Monaco, prise sous l’aile des Ballets de Monte-Carlo il y a quelques années et devenue depuis l’une des meilleures écoles de danse professionnelles d’Europe. Pour clôturer leur année scolaire, tous les élèves montent sur scène pour le traditionnel Gala de l’Académie. Le spectacle était composé cette année d’un Pas d’adieux, permettant à tous les diplômé.e.s de présenter une variation du répertoire, et de variations autour des Danses hongroises de Brahms, mettant en scène tous les élèves dans des compositions classiques ou contemporaines. Un ensemble stimulant, mettant en valeur la belle santé de cette école de danse et des multiples talents qui la composent.

Danses hongroises – Académie Princesse Grace

Toute l’année, nous avons suivi la classe des diplômé.e.s de l’Académie Princesse Grace, et c’est un plaisir de les retrouver en scène en tant que soliste. Mise à part Minji Nam, danseuse brillante repérée au Prix de Lausanne mais blessée pour cette fin d’année, chaque élève a pu présenter sur la belle scène de l’Opéra Garnier de Monte-Carlo une variation du répertoire, dans le Pas d’adieux qui a ouvert le spectacle. Un exercice qui sonne un peu comme la finale d’un concours international, mais qui permet d’apprécier la progression et le talent de ces jeunes artistes, se présentant en scène comme des professionnel.le.s qu’ils et elles seront dans quelques semaines. Et qui, vu le niveau proposé, se savoure sans restriction. Tous les élèves sont dotés, outre d’une technique assurée, d’une personnalité et d’une maturité scénique déjà impressionnantes, alors que l’Académie Princesse Grace se produit finalement peu en scène chaque année. 

L’exercice de style du Pas d’adieux commence avec Yuria Isaka, petite bombe technique et énergique séduisante comme tout en Kitri. Sa compatriote Yuka Matsumoto apparaît un peu plus timide en Demoiselle d’honneur, même si elle propose une danse très propre. Les deux jeunes filles se retrouveront l’année prochaine au Staatsballett Berlin. L’italien Martino Semenzato enchaîne avec une très belle variation de James, une variation qui met en valeur ses belles lignes comme ses qualités de sauts et sa sensibilité artistique qui s’exprime facilement en scène. Il part au Ballet de Stuttgart en compagnie de Minji Nam. Moins technique que ses camarades, Natatia Warzabluk propose la variation de Nikiya. Cette fille n’a pas les lignes de ses consœurs, mais cette danseuse marque indéniablement la scène, arrivant à imprimer son personnage et à créer une ambiance en quelques secondes. Elle est seule sur le plateau, mais l’on devine pourtant où est son Solor, le regard qu’il détourne, le nœud qui se crée. Le jeune danseuse part au Ballet Junior de Zurich et devrait séduire par ses qualités de comédienne. YoungSeo Ko, qui part pour l’éclectique Ballet de Norvège, a choisi une variation on ne peut plus classique : celle de l’Étoile de Paquita. Qu’elle danse avec grande classe, excellence technique et musicalité, avec un tempérament de soliste qui se voit déjà. 

Pas d’adieux –  Ivana Bueno Garces

Ce Pas d’adieux se termine avec les deux têtes de file de cette promotion. D’abord Shale Wagman, lauréat du Prix de Lausanne et déjà star des réseaux sociaux. Il propose d’ailleurs la variation qui lui a valu la médaille d’or, celle de Basilio. Ce jeune danseur a tout, d’époustouflantes facilités techniques et une immense générosité en scène, captant le regard immédiatement. Et un peu plus de cadrage depuis février, une danse non pas plus lisse, mais plus polie, moins brut de décoffrage, moins éparpillée. Si l’on connaissait déjà Shale Wagman, Ivana Bueno Garces est la découverte de cette soirée. Voilà une danseuse déjà soliste dans sa tête, envoyant crânement sa variation d’Esmeralda avec une technique brillante et un charisme indéniable. Ces deux jeunes talents sont à l’English National Ballet la saison prochaine, à suivre de très près. 

La deuxième partie du spectacle était composée de Danses hongroises, des variations de plusieurs chorégraphes autour des Danses hongroises de Brahms. Cela allait du pur exercice d’école autour du pas de deux ou de danses de caractère que de compositions chorégraphiques. Malgré la diversité des chorégraphes proposés, le style était toutefois un peu redondant pour ces dernières, tombant souvent dans la danse contemporaine à la Wayne McGregor, parfois un peu trop gymnique et caricatural du genre. Quelque chose qui semblait parfois presque dangereux pour des danseurs et danseuses encore en apprentissage, et qui poussait un peu trop le défaut qu’ont souvent les adolescent.e.s : en faire trop. Ils apparaissaient d’ailleurs bien plus cadrés de ce point de vue là dans les pièces plus classiques. La composition de Jeroen Verbruggen se détachait assez nettement, permettant aux élèves d’incarner une vraie tension dramatique et sachant habilement jouer des solos face au groupe. Le chorégraphe a décidément une marque à lui, avec un petit grain de folie qui plaît bien aux jeunes talents. Remarquée aussi, même si l’on en est encore qu’aux balbutiements, les deux compositions de YoungSeo Ko, une élève de dernière année. Utilisant la technique classique, elle a proposé deux pièces néo-balanchiniennes bien ficelées, avec beaucoup d’humour et montrant déjà un vrai talent pour instaurer une ambiance comme pour diriger ses interprètes. En espérant qu’elle puisse creuser cette recherche dans sa vie professionnelle. 

Danses hongroises – Académie Princesse Grace

Si tous les élèves de l’Académie dansent dans ces Danses hongroises, certains ont toutefois plus de places que d’autres. Aucune consigne de distribution n’a été donnée aux chorégraphes, qui se sont souvent naturellement tournés vers les plus âgées. Ivana Bueno Garces est ainsi apparu comme la véritable cheffe de sa promotion – aussi bien par le nombre de pièces dans lesquelles elle dansait que dans son autorité en scène et sa façon d’apparaître comme la leadeuse du groupe. Shale Wagman, évidemment, a séduit aussi par sa facilité à passer d’un style à l’autre. Sa malléabilité est là encore étonnante, aussi à l’aise dans la grande virtuosité classique que dans le langage contemporain. C’est d’ailleurs quelque chose que l’on retrouvait (à une échelle forcément moins aboutie) chez tous les élèves. Si dans certaines écoles on sent une certaine tension avec la grande technique classique, et plus de relâché dans le contemporain, les étudiant.e.s de l’Académie Princesse Grace s’éclatent visiblement dans les deux virtuosités, savourant aussi bien les grands manèges qu’une gestuelle plus abrupte. Les filles des premières années ont eu assez peu de choses à danser néanmoins, contrairement aux garçons d’où perçaient déjà de fortes personnalités, à suivre lors des prochaines années. Tout le monde s’est néanmoins retrouvés en scène pour un final brillant, dans la pure tradition classique. L’Académie Princesse Grace a encore de belles promotions devant elle. 

Danses hongroises, le final – Académie Princesse Grace

 

 Gala de l’Académie Princesse Grace à l’Opéra de Monte-Carlo.

Pas d’adieux, avec Yuria Isaka (variation de Kitri, extrait de Don Quichotte de Marius Petipa), Yuka Matsumoto (variation de la Demoiselle d’honneur, extrait de Don Quichotte de Marius Petipa), Martino Semenzato (variation de James, extrait de La Sylphide d’Auguste Bournonville), Natatia Warzabluk (variation de Nikiya, extrait de La Bayadère de Marius Petipa), YoungSeo Ko (variation de l’Étoile, extrait de Paquita de Marius Petipa), Ivana Bueno Garces (variation d’Esmeralda, extrait d’Esmeralda de Marius Petipa) et Shale Wagman (variation de Basilio, extrait de Don Quichotte) de Marius Petipa).

Danses hongroises – Danse n°6 de YoungSeo Ko, avec Kotomi Yamada, Anri Sugiura, Yuria Isaka, Keigo Muto et Luca Ferro ; Danse n°7 de Grigory Chicherin, avec Jun Masuda et Marco Pio Masciari ; Danse n°16 de Michel Rahn, avec Bruno Serraclara, Luca Ferro, Keigo Muto, Yuria Isaka, Kotomi Yamada et Ivana Bueno Garces ; Danse n°1 de Marco Goecke, avec Shale Wagman et Jun Masuda ; Danse n°7 d’Eugenio Buratti, avec Juliette Klein, Mackenzie Brown et Anna Cecilia Meyer ; Danses n°11 et 14 de Jeroen Verbruggen, avec Yuria Isaka, Ivana Bueno Garces, Luca Ferro, Giovanni d’Agati, Jun Masuda, Martino Semenzato, Andrei Fabian Raschitor, Thiago Pereira da Silva et Luca Righi ; Danses n°20, 17 et 4 de Francesco Nappa, avec Marco Pio Masciari, Shale Wagman, Mackenzie Brown, Taylor Yanke, Juliette Klein, Giulia Gemma Manfrotto, YoungSeo Ko, Jun Masuda et Andrei Fabian Raschitor ; Danse n°3 d’Eugenio Buratti, avec Shale Wagman, Marco Pio Masciari et Keigo Muto ; Danse n°9 de YoungSeo Ko, avec YoungSeo Ko et Jun Masuda ; Danse n°5 de Sara Lourenco, avec Martino Semenzato, Shale Wagman, Giovanni d’Agati, Marco Pio Masciari, Mackenzie Brown, Natatia Warzabluk, Anna Cecilia Meyer et Yuria Isaka ; Danse n°13 d’Eugenio Buratti, avec Ivana Bueno Garces, Silvia Insalata et Kotomi Yamada ; Danses n°19, 15, 21 et 10 de Michel Rahn avec tous les élèves de l’Académie.

Samedi 23 juin 2018. 

 

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