Rencontres Danses avec la plume – Marie-Claude Pietragalla
Danses avec la plume a eu le plaisir de lancer le samedi 26 septembre les Rencontres Danses avec la plume. Le principe ? Un temps d’échange particulier et privilégié avec une personnalité du monde chorégraphique. La danseuse et chorégraphe Marie-Claude Pietragalla a été notre première invitée. Chaleureuse, généreuse, passionnée, elle a partagé pendant une après-midi sa vision de la danse avec le public, revenant sur sa carrière, ses projets, et ce qu’est la danse pour elle.
14h00, samedi 26 septembre, sous le Dôme d’Éléphant Paname à Paris. La salle est lumineuse mais encore silencieuse. Les chaises sont installées, le buffet est en place, la marque Merlet (partenaire exclusif de la rencontre) a installé son stand et ses affiches. Ne manquent plus que le public, et bien sûr Marie-Claude Pietragalla.
15h, ouverture des portes. Le public qui attend est déjà nombreux. On y retrouve des balletomanes habitués du Palais Garnier qui commencent à discuter, des admirateurs et admiratrices de Marie-Claude Pietragalla qui la suivent depuis plusieurs années. L’artiste arrive, coupe courte, look rock et sourire aux lèvres. Et plutôt que d’aller dans les loges, en attendant les derniers retardataires, « Pietra » préfère s’installer au premier rang et entame la conversation avec le public. Le ton est donné : convivialité, proximité, sincérité.
15h30, début de la rencontre, menée par Amélie Bertrand, fondatrice et responsable éditoriale de Danses avec la plume. Depuis 10 ans, Marie-Claude Pietragalla dirige avec Julien Derouault leur compagnie, le Théâtre du corps. Pourquoi ce nom ? « Notre travail tourne autour de l’improvisation, de l’échange, de l’humain, de l’imaginaire« , explique Marie-Claude Pietragalla. La personne, sa conscience, son inconscient est au centre de tout. Chaque artiste est différent, et c’est cette différence qui est intéressante. « Le plus important dans la danse, c’est l’humain« , assure Pietra.
Voilà 15 ans qu’elle et Julien Derouault travaillent ensemble. « Au Théâtre du corps, il y a un double regard sur la création, masculin féminin. Il n’y a pas de chasse gardée« . Chacun va apporter son regard, sa vision des choses. La danseuse insiste aussi sur le mélange des arts dans leur travail, ils aiment nourrir la danse avec le théâtre, les arts visuels, l’art numérique même dans leur dernière pièce M. & Mme Rêve. « Se nourrir de tous les arts pour enrichir l’imaginaire, c’est la base de travail au Théâtre du corps« .
Le mélange danse et théâtre est d’ailleurs au coeur de la nouvelle création de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, Je t’ai rencontré par hasard. Pièce intimiste, elle raconte l’histoire de deux êtres humains qui se rencontrent, s’apprivoisent, s’aiment. « Mais ce n’est pas l’histoire de notre couple« , précise Marie-Claude Pietragalla (ndlr : Julien Derouault est son compagnon). Je t’ai rencontré par hasard va tourner dans toute la France et passera du 9 au 21 février 2016 aux Folies Bergère à Paris. Un lieu qui n’a pas été choisi au hasard. Marie-Claude Pietragalla aime les théâtres qui ont une histoire, une ambiance, et le parfum Art Déco des Folies Bergère de Paris plaît à la chorégraphe. Le Théâtre du Corps aime investir des lieux où la danse n’a pas forcément sa place. Marie-Claude Pietragalla a ainsi été la première danseuse à se produire à l’Olympia il y a quelques années, dans un solo de Carolyn Carlson.
L’interview remonte ensuite le fil du temps. Marie-Claude Pietragalla a eu la chance de démarrer la danse avec un cours qui mélangeait les arts. Puis elle rentre à l’École de Danse de l’Opéra de Paris, quand Claude Bessy en prend la direction. « Claude Bessy a apporté une grande modernité à l’École de l’Opéra« , insiste Pietra. Elle évoque ses souvenirs de carrière au Palais Garnier, les grands noms de la danse avec : Rudolf Noureev, Mats Ek, William Forsythe, Patrick Dupond, Carolyn Carlson, Maurice Béjart… Pendant toute sa carrière, Marie-Claude Pietragalla a aussi bien dansé les grands classiques qu’aborder des créations.
Alors pourquoi en être partie en 1998, alors qu’elle était la star de l’Opéra de Paris, pour prendre la direction du Ballet de Marseille ? « J’ai toujours aimé la prise de risque« , glisse Pietra avec un sourire. Ces cinq années ont été compliquées et se sont mal terminées. Mais la danseuse y a appris à diriger une troupe : être chorégraphe, administratrice, gestionnaire, vérifier les costumes, les décors, la technique, les contrats. « J’ai appris mon métier, j’ai rencontré Julien Derouault, ma fille est née à Marseille…« . En créant le Théâtre du Corps, elle s’est rajoutée une nouvelle casquette, celle de productrice, puisque la troupe produit ses spectacles.
Les spectacles du Théâtre du Corps fonctionnent d’ailleurs très bien. M. & Mme Rêve a rempli les salles pendant un an. « La vocation première de l’artiste, c’est de toucher un maximum de monde. Et ça n’empêche pas la qualité« , insiste Pietra. « La base de travail au Théâtre du corps, c’est aussi cet échange privilégié avec le public, depuis toujours« . C’est aussi pour ça que Marie-Claude Pietragalla a accepté de participer à Danse avec les stars, émission de télévision ultra-populaire où elle est jurée. « Mon objectif dans cette émission est d’être un passeur d’émotions, de faire comprendre la danse« . Et donc de citer Maurice Béjart ou William Forsythe à l’antenne, considérant qu’il n’y a pas un public plus ou moins intelligent qu’un autre.
Pour la suite du Théâtre du Corps, il y a bien sûr Je t’ai rencontré par hasard en tournée en France et du 9 au 21 février aux Folies Bergère de Paris. Il y a aussi des projets en Asie, pourquoi pas un M. & Mme Rêve en Chine avec un grand chorégraphe chinois. Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault rêvent aussi un jour d’avoir un théâtre, et proposer des spectacles qui ont peu de visibilité.
Place ensuite aux questions du public, nombreuses et variées. On lui demande comment elle travaille, quel conseil elle donnerait au Ministre de la culture (« L’aide à la création, c’est bien, mais il faut aussi une aide à la diffusion« ), comment gère-t-elle un corps qui vieillit (elle continue à faire sa barre tous les matins), son regard sur les CCN, la difficile place des femmes en tant que chorégraphe (« Les femmes s’auto-censurent énormément« ) ou ses grandes rencontres (Rostropovitch ou Pavarotti). La danseuse n’hésite pas à se lever pour se rapprocher du public. Les 30 minutes prévues initialement pour ces questions deviennent 3/4 d’heure , pour laisser à chacun la possibilité de s’exprimer.
Tout le monde se retrouve ensuite autour d’un verre. Toujours le sourire aux lèvres, Pietra multiplie les autographes, photos-souvenirs, et échange quelques mots avec chaque personne présente. Convivialité, proximité, sincérité… Tout est dit !
L’équipe de Danses avec la plume remercie vivement la Maison Merlet, sponsor exclusif de cette rencontre et sans qui rien n’aurait été possible, ainsi que toute l’équipe d’Éléphant Paname pour leur accueil chaleureux et efficace.
Un grand merci à Isabelle Aubert pour les photos et à Jean-Baptiste Rony.
Un très grand merci à vous d’être venus… Et bien sûr un immense merci à Marie-Claude Pietragalla d’avoir participé à cette rencontre avec toute sa générosité !
Toutes les photos de la rencontre sont à retrouver sur la page Facebook de Danses avec la plume.