Le New York City Ballet aux Étés de la Danse – Qui voir danser sur scène
Le New York City Ballet arrive à Paris le 28 juin pour trois semaines de spectacles au Théâtre du Châtelet, dans le cadre des Étés de la Danse. L’occasion de découvrir une nouvelle génération d’Étoiles brillantes. Quelles sont les « Principals » (équivalent d’Étoile) incontournables du New York City Ballet ? Dans quel ballet les voir danser ? Présentation des talents de la compagnie.
Une nouvelle génération
Il y a différentes séquences dans la vie d’une compagnie et certaines sont évidemment meilleures que d’autres. Celle que vit en ce moment le New York City Ballet est florissante. La troupe a retrouvé un niveau d’excellence qu’elle n’avait pas vraiment perdu mais qui parfois était un peu dissous. Cela tient parfois à peu de choses : un répertoire qui convient moins à certain.e.s danseur.se.s, des choix chorégraphiques malheureux ou tout simplement la perte de ce désir d’émulation, nécessaire pour conserver à la fois la cohésion de la compagnie, et avoir aussi l’envie de se mesurer aux autres.
À quoi tient ce moment de grâce du NYCB ? En premier lieu peut-être à sa jeunesse : les ancien.ne.s sont tou.te.s parti.e.s, plus aucun danseur-euse n’a connu les fondateurs de la compagnie. Si l’héritage de George Balanchine et Jerome Robbins est vivant, c’est à travers une approche tout à fait renouvelée. Le cordon ombilical a été rompu. Il y aussi la nomination du Soliste Justin Peck au poste de chorégraphe en résidence. Son talent, son énergie, sa connaissance de la troupe dans laquelle il a grandi ont suscité un renouveau indéniable et instillé dans la troupe cette envie de nouveauté. Autant dire donc qu’il n’y a dans cette tournée parisienne aucune distribution à éviter. Toutes ont de grandes qualités. Et comme le NYCB ne danse pas de grands ballets académiques mais des pièces courtes, on peut presque voir tous les danseur-ses-s de la compagnie en deux ou trois soirées. Certains Principals et Solistes sont parfois distribués dans deux pièces différentes lors d’un même programme.
Les danseuses Principals
Ce préambule était nécessaire avant de dire que tout est affaire de goût et que ce que j’écris là n’est qu’une question de préférences personnelles. Mais si vous ne deviez voir qu’une seule danseuse, ce serait à mon sens Sara Mearns. Totalement atypique. Elle est à la fois emblématique du New York City Ballet aujourd’hui car elle danse tous les grands classiques de George Balanchine et Jerome Robbins ou les créations d’Alexeï Ratmansky ou Justin Peck. Sara Mearns est en même temps, dotée d’une personnalité artistique singulière : il y a chez elle un lyrisme débridé, une volonté constante de chercher les émotions même dans les passages les plus abstraits. Elle dansera beaucoup lors de cette tournée mais il ne faut pas la manquer dans Symphony in C ou Walpurgisnacht Ballet, deux classiques de George Balanchine dans lesquels elle développe sa musicalité hors pair.
Tyler Peck est un petit miracle du NYCB et l’incarnation absolue des qualités de cette compagnie : l’énergie, la vitesse, la précision technique. Elle possède tout ça et aussi ce grain de folie qui lui fait prendre tous les risques, quitte à tomber mais à se relever avec grâce. C’est aussi dans George Balanchine qu’il fait la voir : Symphony in three Movements et Tarantella où tout son savoir-faire explose.
Sterling Hyltin est une autre pépite de la compagnie. Avec ses lignes purement classiques, la voir sur scène est un bonheur. Délicate, musicale à l’extrême évidemment, technicienne accomplie comme il se doit, elle semble toujours donner le maximum d’elle-même. Elle est inégalée dans Symphony in three Movements sur la musique d’Igor Stravinsky. C’est à mon sens, de façon plus générale, un ballet de George Balanchine à ne pas manquer lors de cette tournée. Le pas de deux que Sterling Hyltin devrait danser avec Amar Ramasar est un moment suspendu. On peut aussi la voir dans Mozartiana de… George Balanchine.
Il faut ajouter à ce trio Teresa Reichlen. Impossible de la manquer sur scène car elle est toujours la plus grande du groupe. C’est sans doute aussi la plus élégante des danseuses du NYCB. Il y a chez Teresa Reichlen un raffinement qui fait merveille dans Symphony in C mais tout autant dans Western Symphony, autre ballet de George Balanchine qu’il faut retenir dans cette tournée parisienne car il montre un aspect méconnu de son univers. Teresa Reichlen y est impeccable avec son partenaire Andrew Veyette.
Les danseurs Principals
Du côté des danseurs, le choix est tout aussi difficile. Tyler Angle est devenu l’un des piliers de la compagnie car son répertoire est vaste : il peut tout danser ! Dans George Balanchine, son élégance naturelle sied parfaitement à Symphony in C. Mais là où il surprend davantage encore, c’est dans Pictures at an exhibition, chef-d’œuvre d’Alexeï Ratmansky. Ce ballet fait appel à la légèreté des danseurs et Tyler Angle montre sur scène cette face de l’enfance.
Amar Ramasar s’est aussi imposé grâce à un charisme exceptionnel qui explose sur scène. Il est à tout à son aise dans Everywhere We Go de Justin Peck mais aussi en mauvais garçon dans West Side Story Suite de Jerome Robbins.
Andrew Veyette est presque un vétéran de la compagnie mais il affiche toujours une forme excellente. Danseur athlétique et technicien hors-normes, il est l’un des danseurs favoris de Justin Peck, mais ses interprétations de George Balanchine sont d’une très grande tenue. On peut s’en rendre compte dans Symphony in C même s’il reste un must dans West Side Story Suite.
Et puis il y a évidemment Taylor Stanley, tout juste nommé Principal ce qui n’étonna personne tant il est l’un des tout premiers danseurs de la compagnie. Pour voir deux aspects de sa personnalité, Western Symphony et Symphony in C s’imposent. Taylor Stanley a sans doute la plus grande versatilité parmi les danseurs de la compagnie. Il sait absolument tout danser… et bien. Et son bonheur d’être en scène est communicatif.
Enfin, comment ne pas voir encore une fois Daniel Ulbricht dans ce petit bijou qu’est Tarantella de George Balanchine ? Le plus virtuose des danseurs du NYCB est toujours le meilleur dans ce ballet qu’il ne danse plus qu’en tournée. Raison de plus pour s’y précipiter. Sa danse gavée d’énergie et ses sauts légendaires sont aussi à la fête dans Symphony in three Movements.
Un mot encore pour celui qui est devenu une star sur Broadway et qui va retrouver le théâtre où avait commencé l’aventure d’Un Américain à Paris : Robert Fairchild. Dès le printemps prochain, il sera pour plusieurs semaines à Londres où est reprise la comédie musicale de Christopher Wheeldon. Il vient toutefois à Paris avec le NYCB pour interpréter les grands classiques de son répertoire : West Side Story Suite ou The Four Temperaments. C’est dans ce ballet majuscule de George Balanchine qu’il faut le voir.
Les talents à ne pas oublier
Au chapitre des curiosités (mais pas seulement…), on peut aussi constater que Justin Peck, non content d’être un chorégraphe que le monde s’arrache, est aussi un magnifique danseur. Ce qui se vérifie aussi bien dans The four Temperaments que dans West Side Story Suite. Heureusement, Bastille-Châtelet, c’est direct par la ligne 1, ce qui lui permettra de répéter son nouveau ballet pour l’Opéra de Paris la journée et de danser le soir !
Et puis ll y a les absents… ou plutôt une absente. Ashley Bouder, l’une des stars de la troupe, a repris la classe très vite après la naissance de son premier enfant. Mais c’est encore trop frais pour se produire à Paris. Dommage ! Même si au fond, voilà une autre raison de faire le voyage à New York et voir sur scène l’une des danseuses les plus attachantes de la compagnie.