Programme Cherkaoui/Goecke/Lidberg par le Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène
Après les vacances hivernales, le Ballet de l’Opéra de Paris est de retour en scène du 5 février au 2 mars au Palais Garnier, avec un programme de danse contemporaine. À l’affiche : la reprise du très beau Faun de Sidi Larbi Cherkaoui et les créations Dogs Sleep de Marco Goecke et Les Noces de Pontus Lidberg. Le point sur les deux distributions qui vont se relayer en scène pendant toute la série.
Faun de Sidi Larbi Cherkaoui
Marc Moreau et Juliette Hilaire : les 5, 8, 11, 13, 16, 18, 21, 25 et 27 février, les 1 et 2 mars
Simon Le Borgne et Clémence Gross : les 7, 10, 15, 19, 22, 26 et 28 février
Faun est un magnifique duo, magnétique et animal, avec une danse toute en spirales comme Sidi Larbi Cherkaoui aime le faire. Il est en fait étonnant que des Étoiles ne soient pas dessus, mais l’on a un peu arrêté de chercher une logique dans les distributions d’Aurélie Dupont. Du côté des hommes, Sidi Larbi Cherkaoui a de fait choisi deux très beaux interprètes que l’on imagine parfaitement se fondre dans sa danse. Marc Moreau a de quoi imposer son nouveau statut de Premier danseur et Simon Le Borgne, oublié dans le corps de ballet, a une chance de montrer ses formidables qualités théâtrales. Les danseuses semblent un peu plus en retrait, même si elles ont toutes les deux de fines qualités d’interprètes. Juliette Hilaire commence à avoir une sérieuse expérience dans la danse contemporaine, tandis que Clémence Gross est une danseuse étonnante. Voilà en tout cas deux duos qui devraient imprimer leur personnalité.
Dogs Sleep de Marco Goecke
Ludmila Pagliero, Muriel Zusperreguy, Marion Barbeau, Mathieu Ganio, Stéphane Bullion, Marc Moreau et Arthus Raveau : les 5, 7, 8, 10, 11, 15, 16 et 25 février, les 1er et 2 mars. Avec Héloïse Bourbons à la place de Muriel Zusperreguy : le 26 février.
Émilie Cozette, Héloïse Bourdon, Sae Eun Park, Mathieu Ganio, Florian Magnenet, Arthus Raveau et Paul Marque : les 13, 18, 22, 27 et 28 février. Avec Marion Barbeau à la place de Sae Eun Park : les 19 et 21 février.
Avec sa danse néo-classique/contemporaine très efficace, et qui va plutôt bien aux danseurs et danseuses de formation classique, Marco Goecke est demandé un peu partout dans le monde. Pour sa première à l’Opéra de Paris, il propose une création sur le rêve. « Il y a un gros nuage au-dessus, en-dessous de nous, comme un lit et une tombe. Il y a un nuage dans ma tête et je me demande ce qui se passe dans le cerveau. Pourquoi rêve-ton ? Pourquoi se rencontre-t-on ? Je cherche un peu de repos sur ce nuage, mais d’inquiétants coups de feu effraient et dispersent mes pensées et les oiseaux. Des idées, des oiseaux,
des pas, des danses, fugitifs. Aucune trace de pas dans le brouillard, mais une rencontre certes fragile, mais pleine d’espoir« , explique le chorégraphe en parlant de cette nouvelle pièce.
Côté distribution, Marco Goecke a demandé à ne travailler qu’avec des solistes. Certains sont ainsi en même temps sur Le Lac des cygnes et l’on espère d’avance que cela ne causera pas de blessure (Paul Marque aurait tout de même eu le droit de se concentrer sur sa prise de rôle de Siegfried). Le chorégraphe a en tout cas constitué deux groupes plutôt intéressants. Le premier est plus expérimenté dans la gestuelle contemporaine, tandis que le second propose plutôt des interprètes plus classiques. Il y a en tout cas à chaque fois de fortes individualités. À voir ensuite comment cette nouvelle pièce permet l’osmose entre chacun et chacune.
Les Noces de Pontus Lidberg
Eve Grinsztajn, Caroline Bance, Aurélia Bellet, Caroline Robert, Silvia Saint-Martin, Roxane Stojanov, Lydie Vareilhes, Séverine Westermann, Letizia Galloni, Katherine Higgins, Juliette Hilaire, Sophie Mayoux, Charlotte Ranson, Victoire Anquetil, Clémence Gross, Awa Joannais, Ninon Raux, Sofia Rosolini, Sébastien Bertaud, Aurélien Houette, Fabien Revillion, Daniel Stoke, Adrien Couvez, Yvon Demol, Antoine Kirscher, Simon Le Borgne, Alexandre Carniato, Takeru Coste, Giorgio Fourès, Julien Guillard, Chun Wing Lam, Isaac Lopes Gomes, Andréa Sarri et Nikolaus Tudorin : les 5, 7, 8, 10, 11, 13, 15, 16, 18, 19, 21, 22, 25 26, 27 et 28 février, les 1 et 2 mars.
Chorégraphe à la gestuelle contemporaine, qui aime mélanger la danse et la vidéo, Pontus Lidberg vient pour la première fois à l’Opéra de Paris, après avoir réalisé une vidéo-danse avec Aurélie Dupont il y a quelques années. Le chorégraphe se penche pour sa part sur le mariage, sur la musique de Stravinsky : « S’il m’apparaît, dans un sens, comme quelque peu démodé et hétéro-normatif, il a considérablement évolué sur des bases sensiblement différentes, du point de vue de la relation amoureuse tant hétérosexuelle qu’homosexuelle« . Mais c’est un groupe important qu’il met en scène. On y trouve la plupart des artistes de la compagnie plutôt centrés sur le contemporaine, comme Aurélia Bellet, Lydie Vareilhes, Aurélien Houette, Takeru Coste, etc. D’autres y sont moins habitués, et à vrai dire on aurait préféré les voir dans Le Lac des cygnes, seul ballet académique de la saison (Roxane Stojanov, Chun Wing Lam, Andréa Sarri and co, y auraient sûrement plus appris). L’enjeu est ici de savoir comment manier un si gros groupe tout en permettant à chacun et chacune d’exister en scène, comme a su si bien le faire Crystal Pite dans The season’s Canon. À découvrir, donc.
Cyril
Retour sur la première.
Première pièce, pourquoi pas. Mais franchement, quelques mois avec le Faun de Robbins, c’est difficile de tenir la comparaison.
Deux autres pièces, comme souvent pour ces soirées mixtes contemporaines, totalement dispensables. Ennuyeux…
Regine18
Pour ma part, Faun m’a plu. On y retrouve sensualité et attractivité. Marc Moreau a une belle personnalité et le couple avec Juliette Hilaire fonctionne. Les deux autres pièces sont effectivement bien ennuyeuses, et les danseurs n’y sont pas mis en valeur. Heureusement que la musique sauve un peu la mise.
Nanae
Pour les interprètes, superbes sur les 3 œuvres, j’aime toujours autant voir tout ce que cette compagnie peut faire quel que soit le genre.
Après en terme de pièces, c’est Dogs Sleep qui m’a vraiment plu. Je ressors avec un vrai coup de cœur, mais je comprends qu’on puisse passer à côté de ce qu’a fait Goecke et de son univers (littéralement) sombre, comparé au monde vif et coloré de Lidberg, ou à la sensualité de Faun de Cherkaoui. Faun était très beau, mais j’ai eu un peu de mal avec les changements de musique. Je n’ai pas du tout accroché avec les Noces, rien de spécial à redire, c’est juste une question de goût personnel.