Saison 2019-2020 – La sélection danse classique et néo-classique
Devant les dizaines de spectacles à voir cette saison, votre coeur balance. Quelles compagnies privilégier ? Quelles créations à ne pas manquer ? Vous n’avez ni le temps ni le budget pour voir beaucoup de spectacles, alors vous voulez bien choisir. DALP vous donne un coup de main avec ses sélections thématiques : cinq-six spectacles incontournables sur toute la saison, puis une sélection par mois pour aller plus loin.
Place d’abord à la sélection des spectacles de danse classique et néo-classique. Le répertoire n’a plus beaucoup de place en France, mais cette saison propose de beaux retours de ballets incontournables, ainsi que des créations néo-classiques ambitieuses. Chaque compagnie française a ainsi son projet d’importance, montrant une belle vitalité cette saison. Quelques-unes des oeuvres sont en tournée en France durant toute cette saison.
Les six spectacles de danse classique et néo-classique à ne pas manquer cette saison
Raymonda de Rudolf Noureev par le Ballet de l’Opéra de Paris
Raymonda de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa restait absent depuis plus de dix ans du répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris. La production fait son grand retour cette saison, remise à neuf, et tant pis pour la trop grande scène de Bastille. Raymonda reste l’un des ballets emblématiques de la danse académique, avec ses six variations pour le personnage principal (considéré comme le rôle le plus dur du répertoire) ou son Grand Pas, chef-d’oeuvre de Marius Petipa. Plus que l’histoire (qui est d’ailleurs plutôt problématique à notre époque, puisque même si ce n’est qu’évoquée, Raymonda est enlevée et violée par Abderam) ou la philosophie bien mince des personnages, Raymonda tient par le grandiose de la danse académique ne souffrant d’aucune approximation. Dorothée Gilbert ou Ludmila Pagliero dans le rôle-titre, Hugo Marchand ou Mathias Heymann en Jean de Brienne et François Alu ou Stéphane Bullion en Abderam devrait y faire des merveilles, tout comme le corps de ballet.
Du 3 au 31 décembre 2019 à l’Opéra Bastille
Coppél-i.A. de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte-Carlo (création)
Attendue depuis déjà deux saisons, la relecture de Jean-Christophe Maillot de Coppélia est enfin à voir en scène cette saison. Et signe par la même occasion le grand retour du chorégraphe aux longs ballets narratifs. Le célèbre ballet est ici transposé au XXIe siècle, et l’univers des automates devient une réflexion sur l’intelligence artificielle. « Frantz et Swanhilda, découvrent l’amour charnel alors que leur société exige toujours plus de progrès, de sécurité et d’hygiène. Au moment où l’érotisme fait irruption dans leur vie, un être artificiel vient bousculer leurs certitudes et remettre en cause ce qu’ils croyaient savoir de l’amour« . L’on peut compter sur le talent de Jean-Christophe Maillot et l’excellence de la troupe monégasque pour proposer un ballet étonnant et donner corps à cette Coppél-i.A.
Du 27 décembre 2019 au 5 janvier 2020 au Grimaldi Forum de Monaco
Yours, Virginia de Gil Carlos Harush par le Ballet du Rhin (création)
Le chorégraphe israélien Gil Carlos Harush avait collaboré avec succès avec le Ballet du Rhin la saison dernière, avec sa pièce The Heart of my Heart. Il revient en Alsace pour un projet ambitieux : un ballet entier autour de l’écrivaine Virginia Woolf. Cette pièce hommage à celle qui a tant marqué la littérature du XXe siècle est montée pour toute la troupe, autour des musiques de Britten, Chostakovitch, Philip Glass, Arvo Pärt ou Ralph Vaughan Williams jouées par l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Une création alléchante.
Du 6 au 9 février 202 à la Filature de Mulhouse et du 18 au 21 février 2020 à l’Opéra de Strasbourg
Toulouse-Lautrec de Kader Belarbi par le Ballet du Capitole (création)
Après une saison consacrée aux reprises, Kader Belarbi reprend sa casquette de chorégraphe pour proposer un nouveau long ballet narratif pour la troupe qu’il dirige. Il a choisi cette pour cette création le peintre Toulouse-Lautrec. « Grâce à des yeux clairvoyants et un geste virtuose, il croque celle des gens et laisse le fabuleux témoignage de la crudité de la vie et de l’âme humaine« . L’on imagine sans peine une fresque autour du peintre et de ses oeuvres, porté par le beau Ballet du Capitole. Et une équipe artistique soignée : Bruno Coulais pour la musique et Olivier Bériot pour les costumes, qui avait réalisé ceux du Corsaire.
Roméo et Juliette de Benjamin Millepied par le LA.Dance Project (création)
Benjamin Millepied est plutôt adepte des ballets courts et abstraits. Il se lance ici dans un défi de taille : un ballet narratif long format, Roméo et Juliette qui plus est, sur la célèbre partition de Prokofiev. L’histoire est ici ancrée dans le Los Angeles d’aujourd’hui, où Roméo et Juliette (pouvant aussi être dansés par deux femmes ou deux hommes selon les distributions) sont « confrontés à des normes sociales rendant leur union impossible« . Le ballet mêle danse et vidéos, avec des danseurs et danseuses passant de la scène à l’écran, filmées en direct, et certains tableaux projetés un peu partout dans la salle. Le tout porté par les formidables interprètes de cette petite compagnie. Un projet surprenant et alléchant malgré la Seine musicale que l’on a toujours du mal à trouver adaptée à la danse.
Du 29 mai au 6 juin 2020 à la Seine musicale
Les Étés de la Danse
Après quelques saisons à la Seine musicale, les Étés de la Danse reprennent leur place au Théâtre du Châtelet, une scène qui lui convient mieux. Et pour son retour, le festival a concocté une belle double affiche avec deux des plus dynamiques troupes européennes. D’abord une semaine avec le formidable Het Nationale Ballet et l’efficace et très jolie Cendrillon de Christopher Wheeldon. Puis une semaine avec le tout aussi formidable English National Ballet et la superbe Giselle d’Akram Khan, l’une des grandes créations de ces dernières années. De quoi se régaler en fin de saison !
Du 2 au 18 juillet 2020 au Théâtre du Châtelet
Le choix d’octobre
Joyaux Français par le Ballet du Capitole
Le Ballet du Capitole a toujours à coeur de présenter et faire vivre le répertoire français. Preuve en est avec son ouverture de saison, autour de Serge Lifar. La troupe fait ainsi entrer à son répertoire Suite en blanc, chef d’oeuvre abstrait néo-classique du chorégraphe, mettant en avant aussi bien le corps de ballet que de nombreux solistes à travers des variations emblématiques, comme celle de la Cigarettes ou de la Flûte. Un défi technique et stylistique pour la troupe, qui a tout pour le relever. Le programme propose ensuite la reprise du plus narratif Les Mirages, dansé avec brio et poésie par la compagnie il y a quelques années.
Du 23 au 29 octobre 2019 au Théâtre du Capitole
Le choix de novembre
Crystal Pite par le Ballet de l’Opéra de Paris (création)
The Seasons’ Canon, la première et courte création de Crystal Pite pour le Ballet de l’Opéra de Paris, avait laissé un excellent souvenir. La chorégraphe avait su se servir de l’énergie propre de la compagnie, celle de son corps de ballet, tout en sachant distinguer de nombreuses personnalités. Côté interprètes comme côté public ou critique, cela avait été un succès. Il est donc réjouissant de voir la chorégraphe revenir pour une autre création, cette fois-ci plus conséquente d’1h20. La seule chose que l’on sait pour l’instant ? « Soixante minutes découpées en autant de séquences dansées« . Une des créations à ne pas manquer la saison prochaine.
Du 25 octobre au 23 novembre 2019 au Palais Garnier
Le choix de décembre
La Pastorale de Thierry Malandain par le Malandain Ballet Biarritz (création)
Chorégraphe d’une musicalité jamais prise à défaut, Thierry Malandain ne pouvait passer à côté du 250e anniversaire de sa naissance de Beethoven. Il s’est déjà par deux fois servi d’une des partitions du compositeur, dont Les Créatures de Prométhée, sur laquelle il a chorégraphié son ballet Les Créatures. Place pour cette création à la 6e Symphonie, la Cantate op. 112 et quelques extraits des Ruines d’Athènes pour une oeuvre mettant en scène les 22 interprètes de sa troupe. L’inventivité, la belle danse néo-classique et la musicalité de Thierry Malandain ne peuvent que bien se marier à ces partitions grandioses.
Du 13 au 19 décembre 2019 au Théâtre de Chaillot
Le choix de janvier
Casse-Noisette de Marius Petipa par le Yacobson Ballet
Au milieu de toutes ces troupes russes privées de bas niveau tournant en France, le Yacobson Ballet fait figure d’exception, offrant une très belle qualité dans sa façon de danser le répertoire classique. Après la réussie Belle au bois dormant revue par Jean-Guillaume Bart, la troupe propose cette année Casse-Noisette, dans une production de 2013 mais toujours fidèle à l’univers de Marius Petipa. L’on y retrouve tout ce qui fait les ingrédients de ce conte de Noël et le voyage de son héroïne Clara au pays de la Fée Dragée. Un vrai ballet classique.
Du 14 au 22 janvier 2020 à la Maison de la Danse de Lyon, en tournée en France
Le choix de février
Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot par le Ballet de l’Opéra de Paris
L’emblème du ballet de l’école française pourrait être donné tous les ans que l’on ne s’en lasserait pas. Au contraire, des reprises régulières de ce grand classique sont primordiales pour que le lien de la transmission ne se perde pas, tout comme pour que les Étoiles puissent prendre pleinement possession de ces personnages, ainsi que le corps de ballet. La dernière reprise avait laissé de magnifiques souvenirs avec Dorothée Gilbert ou Myriam Ould-Braham dans les rôles-titre. L’on attend là encore quelques prises de rôle de la jeune génération (Paul Marque a tout pour être un très bel Albrecht). Un classique du répertoire romantique dont on ne se lasse pas.
Du 31 janvier au 15 février 2020 au Palais Garnier
Le choix de mars
Béjart fête Maurice par le Béjart Ballet Lausanne
Le Béjart Ballet Lausanne a fêté en 2017 un double anniversaire : les 30 ans de la compagnie à Lausanne et les 10 ans de la mort de son fondateur, Maurice Béjart, avec le ballet Béjart fête Maurice. L’oeuvre regroupe des extraits de quelques pièces de Maurice Béjart. Pas de best-of en vue, mais toute une galerie de personnages et d’ambiance qui dresse un beau panorama de ce que peut être la danse de Maurice Béjart. Le tout est précédé par t’ M et variations de Gil Roman est un exercice de style béjartien, qui emporte par la formidable présence de ces artistes profondément modernes.
Le 22 mars 2020 à la Gare du Midi de Biarritz, en tournée en France
Le choix d’avril
Soirée Balanchine/Childs/Vu-An par le Ballet Nice Méditerranée
Malgré son peu de visibilité à l’échelle nationale, le Ballet Nice Méditerranée continue de faire vivre le répertoire français. À l’exemple de ce programme qui reprend Le Ballet de Faust dans la version d’Éric Vu-An. Le programme reprend le magnifique Allegro brillante de George Balanchine, chef-d’oeuvre néo-classique, ainsi que Oceana, création en 2011 pour la compagnie de la grande Lucinda Childs. Un programme éclectique et alléchant.
Du 17 au 26 avril 2019 à l’Opéra Nice Côte d’Azur
Le choix de mai
Mayerling de Kenneth MacMillan par le Ballet de l’Opéra de Paris
Créé pour le Royal Ballet de Londres en 1978, Mayerling de Kenneth MacMillan est vite devenu un grand classique de la compagnie londonienne, mettant en avant les qualités dramatiques et de jeu de l’école anglaise. L’oeuvre plonge dans les intrigues et les drames de la monarchie des Habsbourg, dans une mise en scène volontairement théâtrale. Ce ballet offre deux magnifiques rôles aux Étoiles, notamment pour le danseur masculin, et l’on pressent que Hugo Marchand ou François Alu pourraient y être impressionnants.
Du 12 au 30 mai 2020 au Palais Garnier
Le choix de juin
Le Gala de l’Académie Princesse Grace
Au fil des ans, le spectacle de fin d’année de l’Académie Princesse Grace s’est imposé comme l’un des rendez-vous immanquable de la saison de ballet classique. D’abord par l’excellence de ses élèves – l’institution est considérée comme l’une des meilleures écoles de danse d’Europe en ce moment. Surtout parce que l’on est loin finalement du spectacle d’école, avec des étudiant.e.s montrant une grande maturité scénique, et un programme intelligent, entre créations classiques ou pièces contemporaines bien choisies. Un spectacle qui ne déçoit jamais.
Du 26 au 28 juin à l’Opéra de Monte-Carlo
Le choix de juillet
La Sylphide d’August Bournonville par le Ballet de l’Opéra de Bordeaux
Emblème du répertoire romantique, La Sylphide se fait rare en France. Et d’autant plus dans la version danoise August Bournonville, l’Opéra de Paris préférant logiquement celle plus école française Pierre Lacotte. Ces deux visions sont à la fois semblables (même histoire et même esprit) et différent (par la musique notamment). Il est ainsi des plus intéressant de ne pas oublier – et même de voir régulièrement – La Sylphide de Copenhague. On ne peut donc que saluer cette entrée au répertoire pour le Ballet de l’Opéra de Bordeaux, qui a choisi un beau ballet classique, et donc rarement vu en France, pour terminer sa saison. Et l’on imagine sans difficulté les talents de la troupe se glisser dans la peau de la Sylphide et de James, ainsi que dans l’acte blanc faisant honneur au corps de ballet.
Du 1er au 10 juillet à l’Opéra de Bordeaux