L’Opéra de Paris fermé jusqu’à l’automne – Une saison 2020-2021 qui démarre avec La Bayadère
La saison 2019-2020 du Ballet de l’Opéra de Paris a quasiment été une saison blanche, entre les grèves de l’hiver et la crise sanitaire. La saison 2020-2021 sera elle aussi amputée et ne démarrera pas avant La Bayadère (au mieux), avec le Palais Garnier et l’Opéra Bastille fermé cet automne. L’institution, accusant une dette de 45 millions d’euros, va se retrouver sans directeur pendant quelques mois : Stéphane Lissner a avancé son départ à janvier 2021, alors que son successeur Alexander Neef ne prendra pleinement ses fonctions qu’en juillet 2021.
Entre la distanciation sociale et la restriction du public dans les théâtres, la rentrée s’annonce compliquée pour les compagnies de danse en France, toute à l’arrêt des représentations même si les cours et répétitions commencent doucement à reprendre. Et la reprise sera spécialement lointaine pour le Ballet de l’Opéra de Paris, avec une saison 2020-2021 qui ne démarrera finalement que fin novembre. Face à l’incertitude sur les impératifs sanitaires attendus dans les théâtres en septembre, Stéphane Lissner avait dévoilé il y a quelques semaines son intention de décaler à cet automne des travaux au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille qui devaient à l’origine avoir lieu l’été prochain. La décision a été entérinée par le conseil d’administration de l’Opéra de Paris du 11 juin dernier : le Palais Garnier sera ainsi en travaux jusqu’à fin décembre, l’Opéra Bastille jusqu’à mi-novembre.
Par conséquent, les trois premiers programmes de la saison de ballet 2020-2021 – le gala d’ouverture de saison, une soirée de reprises Shechter/Robbins/Pite et une soirée de création Cherkaoui/Eyal – sont annulés. Idem pour le programme dédié Jiří Kylián, prévu pour les Fêtes au Palais Garnier. La saison du ballet reprendra en fait fin novembre avec La Bayadère de Rudolf Noureev. Mais des dates devraient être supprimées, le spectacle étant programmé en même temps que La Traviata et Carmen, l’un de ces deux opéras étant initialement prévus au Palais Garnier. Seules les Démonstrations de l’École de Danse devraient bien avoir lieu courant décembre. La reprise sur scène sera donc dans quelques mois pour les danseurs et danseuses de l’Opéra de Paris, qui feront enfin leur retour dans les studios pour les cours de danse dès le lundi 15 juin. Toutefois, une « saison alternative » serait en réflexion, avec des spectacles « dans les espaces disponibles« , notamment « devant le rideau de fer du Palais Garnier« , selon un communiqué de presse. L’on pourrait aussi imaginer – rêvons un peu – des spectacles sous forme de gala, en petit groupe, dans les théâtres de banlieue et en province. Pourquoi pas aussi des spectacles sans public mais retransmis en direct sur internet, comme cela commence à se faire chez certaines troupes européennes ?
Pour l’instant, le reste de la saison 2020-2021 est inchangé. Mais des programmes devront-ils être décalés ou changés face aux grandes difficultés économiques qui secouent l’Opéra de Paris. L’institution a en effet enchaîné les crises, entre les grosses grèves de l’hiver dernier et la longue fermeture suite à la pandémie de Covid-19. Et affiche aujourd’hui 45 millions d’euros de dettes, selon Stéphane Lissner dans une récente interview au Monde. Un entretien dans lequel il annonce également son départ plus tôt que prévu : il quittera en effet les rênes de l’Opéra de Paris à la fin de l’année 2020, au lieu de juillet 2021. Une interview dans laquelle Stéphane Lissner montre beaucoup de rancœur, notamment sur le fait de ne pas avoir eu un mandat supplémentaire, et une certaine désinvolture quand à la situation pour le moins compliqué du Ballet, en pleine crise de direction (dans tous les sens du terme) depuis déjà plusieurs saisons.
Face à de gros problèmes budgétaires, Stéphane Lissner ne veut pas prendre de décisions artistes et administratives pour les prochaines saisons alors qu’il ne sera plus en poste. « Ce n’est pas à moi, qui ne sera plus dans les murs, de supprimer des productions. Encore moins de désigner lesquelles doivent l’être« , déclare-t-il dans l’interview. Problème : son successeur Alexander Neef, toujours à la tête de l’Opéra de Toronto, ne compte pas pour l’instant mettre un terme à son mandat plus précocement, et n’arrivera donc pas à Paris à plein temps avant juillet 2021. Ce qui fait que l’Opéra de Paris devrait se trouver sans direction claire pendant six mois, alors qu’elle est dans une situation compliquée qui nécessitent d’importantes décisions. La décision de Stéphane Lissner de partir plus tôt ne fait toutefois qu’entériner une situation qui était déjà plus ou moins là, le dirigeant ayant entamé depuis juin dernier son nouveau poste, celui de directeur de l’Opéra de Naples, avec qui il a déjà annoncé une saison estivale.
Quant au Ballet de l’Opéra de Paris, sa directrice Aurélie Dupont ne n’est pour l’instant pas exprimé depuis le début de la crise sanitaire, alors que sa saison est amputée de façon sérieuse, et que des décisions pragmatiques sont à prendre. Quid ainsi du concours de recrutement qui devait avoir lieu en juillet, du Concours de promotion normalement en novembre, d’éventuels postes gelés ? Des décisions sont attendues, tout comme une programmation alternative pour permettre à ces danseurs et danseuses, privées de scène depuis mars, de ne pas avoir à attendre décembre pour retrouver le public.