Paul Marque nommé Danseur Étoile – Retour sur son début de carrière
Paul Marque a été nommé Danseur Étoile de l’Opéra de Paris le 13 décembre lors de l’unique représentation de La Bayadère de la saison, dans une salle vide mais devant 10.000 personnes devant leur écran. Pur produit de l’École de Danse de l’Opéra de Paris, Paul Marque a démarré sa carrière de façon fulgurante, nommé à seulement 23 ans. DALP a fouillé dans ses archives pour retracer son beau début de parcours.
Né à Dax en 1997, Paul Marque découvre la danse très jeune, vers 4 ans, grâce à sa grande sœur qui prenait des cours. D’abord passé par une école privée, il entre au Conservatoire de Dax avant de participer au stage de danse de Biarritz, qui réunit de nombreux professeur.e.s de l’Opéra de Paris. Il y rencontre notamment Nicole Cavallin qui lui parle de l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Paul Marque décide finalement de s’y présenter à l’âge de 10 ans, est reçu du premier coup et y rencontre en tant que Petit stagiaire en 2008, en tant qu’interne. Il passe toutes ses divisions sans encombre et arrive en première division en 2014, où il danse notamment dans Napoli-Pas de six d’Auguste Bournonville. Quelques mois plus tard, il réussit le concours d’entrée du Ballet de l’Opéra de Paris, en même temps qu’Eugénie Drion, Marion Gautier de Charnacé, Héloïse Jocqueviel, Awa Joannais, Axel Magliano, Julien Guillemard et Isaac Lopes-Gomes, la première génération recrutée par Benjamin Millepied.
Et Paul Marque a droit à son premier rôle d’importance deux mois après sa rentrée, pour les adieux de Brigitte Lefèvre, où il danse Aunis de Jacques Garnier avec Pablo Legasa et Julien Guillemard, un trio qui enthousiasme. Le danseur fait ses armes dans le corps de ballet, gagne l’expérience de la scène avec le groupe 3e Étage. Et se démarque dès son premier Concours de promotion, en novembre 2015, où il est promu Coryphée avec une très belle variation lente de Siegfried. « La première place de Paul Marque, et à l’unanimité, est une évidence. Ce jeune danseur a non seulement une belle technique, mais aussi, déjà, une âme d’artiste qui se voit« , écrivait DALP à l’époque. Un succès qui fait mouche auprès de Benjamin Millepied, qui lui confie quelques mois plus tard un solo dans Les Variations Goldberg de Jerome Robbins – « Le tout jeune Paul Marque est une révélation. Pour son premier solo, il semble avoir fait ça toute sa vie, avec une aisance en scène et déjà une intelligence du mouvement qui séduit« .
L’arrivée d’Aurélie Dupont ne modifie pas la belle trajectoire de Paul Marque. En juin 2016, il participe à la création Blake Works I de William Forsythe, avant de remporter durant l’été la médaille d’or du prestigieux Prix de Varna. En octobre de cette même année, il monte Sujet en choisissant une variation typique de l’école française qu’il affectionne, Marco Spada de Pierre Lacotte. Il fait ses armes dans des pas de deux et pas de trois, avec le groupe Les Italiens de l’Opéra de Paris en dehors du Palais Garnier. Il affirme sa technique brillante et virtuose, qui ne se départit jamais de l’élégance de l’école française. En décembre 2017, place ainsi à son premier grand rôle, et non des moindres : Basilio dans Don Quichotte. S’il semble encore un peu dépassé par l’enjeu, « il n’a nullement démérité même si sa danse ne fut pas toujours très propre […] Et il sembla de plus en plus à l’aise au fil du spectacle pour être un partenaire efficace pour le Grand Pas final« , la direction lui renouvelle toutefois sa confiance en le nommant quelques mois plus tard Premier danseur, avec la variation de Jean de Brienne. Il remporte cette même année le Prix de l’AROP aux côtés de Letizia Galloni.
C’est vraiment en 2018 que Paul Marque évolue artistiquement, montrant son talent d’interprète dans des rôles très différents, avec toujours beaucoup d’implication et de présence en scène, grandissant au fur et à mesure des représentations. Il propose ainsi un très poétique Lenski dans Onéguine de John Cranko, avant de danser un joyeux et juvénile Colas dans La Fille mal gardée de Frederick Ashton. Il s’empare de l’humour de Fancy Free de Jerome Robbins, montrant une belle évolution dans le partenariat, et n’a pas peur de s’attaquer à A Suite of dances : « S’il n’a pas encore la personnalité dessinée de Mathias Heymann, on sent l’emprise qu’il porte peu à peu sur scène. La beauté de sa danse fait le reste. C’est en tout cas un plaisir de voir sa progression au fur et à mesure de ses prises de rôle, le jeune Premier danseur n’a pas fini de nous étonner« . En décembre, il étonne dans le personnage de Gaston Rieux dans La Dame aux camélias de John Neumeier – « Vulgaire comme il faut et vraiment drôle » – et brille avec le Professeur de danse dans Cendrillon de Rudolf Noureev – « À la fois brillant techniquement et présent dans le jeu, sachant jouer sur l’humour et dessinant les traits d’un personnage amusant« .
Le titre de Danseur Étoile lui semble décidément promis quand démarre 2019, même si la programmation plus contemporaine lui offre moins de rôles. Paul Marque réalise toutefois son rêve en s’emparant du rôle de Siegfried dans Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, un rôle et une version qu’il affectionne plus particulièrement. En décembre 2019, pour la reprise tant attendue de Raymonda, il danse avec panache le rôle de Bernard. Le premier rôle de Jean de Brienne l’attend pour la fin de la série, laissant présager la nomination tant attendue. Mais les grèves en décident autrement et le reste des représentations sont finalement annulées. Alors qu’on l’attendait par la suite dans Giselle, il est distribué dans la belle soirée Balanchine, où il brille dans Les Quatre Tempéraments. Puis le confinement fait le reste et Paul Marque est comme tous les danseurs et danseuses du monde : confiné.
La reprise en octobre le retrouve fébrile, dans l’alambiqué pas de deux de Casse-Noisette de Rudolf Noureev sur l’avant-scène du Palais Garnier. Mais le talent et la progression sont toujours là. Pour la série de Noël de La Bayadère de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, il a de nombreuses dates sur l’Idole dorée et reste remplaçant en Solor… Une nomination qui là encore lui tend les bras. Mais les théâtres doivent finalement rester fermés. Paul Marque devra-t-il attendre encore un peu plus ? Non ! La direction décide finalement de le nommer Danseur Étoile le 13 décembre, alors qu’il danse l’Idole dorée, lors de l’unique représentation de La Bayadère sans public mais en streaming. Une nomination qui récompense à la fois un talent très prometteur, mais aussi un danseur qui a su évoluer et progresser en peu de temps, montrant une marge de progression qui laisse rêveur-se. À seulement 23 ans, Paul Marque voit ainsi une très belle carrière s’ouvrir devant lui. Pour la suite, si la situation sanitaire le permet, on l’imagine déjà avec plaisir s’emparer du rôle de Roméo. En espérant ensuite que les saisons suivantes soient un peu plus tournées vers le classique, genre où il excelle, que ce soit le répertoire ou les oeuvres du XXIe siècle.
Irina
Félicitations à ce brillant jeune danseur. Bientôt une interview dans DALP?