Festival de Danse de Cannes, du 27 novembre au 12 décembre – Nos dix coups de coeur
Le Festival de Danse de Cannes, biennale chorégraphique créée en 1985, se tient du 27 novembre au 12 décembre. Une édition, placée sous la direction artistique de Brigitte Lefèvre, la troisième et dernière. Et la programmation de cette édition 2021 est à son image : éclectique, exigeante, surprenante. Pendant deux semaines, l’on navigue ainsi de l’académisme de La Sylphide à la radicalité de Jérôme Bel, de l’intemporelle Martha Graham au chorégraphe hip hop comorien Salim Mzé Hamadi Moissi, des incontournables compagnies françaises à quelques belles troupes internationales, un petit exploit en ces temps de pandémie. Bref, une affiche comme on les aime chez DALP. Parmi la quarantaine de spectacles et rencontres organisées, voici nos dix coups de cœur.
Week-end autour des femmes créatrices
Une programmation « Femmes chorégraphes » reste parfois un peu factice, plus soucieuse de coller aux tendances du moment. Ce n’est pas le cas ici, avec un riche week-end d’ouverture autour des femmes chorégraphes, couvrant presque un siècle de création. D’abord la Martha Graham Dance Company, plutôt rare en France, avec quatre pièces de son répertoire : trois pièces fortes de l’incontournable chorégraphe américaine et une création de 2021, pour montrer aussi comment cette troupe mythique continue à évoluer et se construire, quarante ans après le décès de sa fondatrice. Puis place à Louise Lecavalier, une des icônes de la danse contemporaine, et de l’inclassable Kaori Ito à l’univers si surprenant. On en profitera pour visiter l’exposition autour de Rosella Hightower et assister à la conférence autour des femmes chorégraphes pionnières menées par Laura Cappelle. Les 27 et 28 novembre.
Planet [wanderer] de Damien Jalet et Kohei Nawa
Attention, chef-d’œuvre ! DALP avait été sonné par cette création vue en tout début de saison au Théâtre de Chaillot. Les deux artistes inventent un monde où la terre et l’être humain vivent dans une osmose unique, où les interprètes sont littéralement ancrés dans le sol comme une dérive poétique qui fait ressentir la planète – celle-ci ou une autre – d’une autre manière. À ne pas manquer ! Le 11 décembre. Lire la chronique du spectacle.
La Sylphide par le Ballet de l’Opéra de Bordeaux
Deux fois repoussée par la pandémie, cette reprise voit enfin le jour. En France, l’on connaît bien La Sylphide de Pierre Lacotte d’après Filippo Taglioni. L’on connaît peut-être moins celle d’Auguste Bournonville créée quatre ans plus tard, qu’a choisi de remonter le Ballet de l’Opéra de Bordeaux. Cette version a été montée à Copenhague, sur une tout autre musique et dans un autre état d’esprit chorégraphie, marquée bien sûr par l’école danoise, mais aussi par une narration plus marquée. À découvrir pour le ballet comme pour la troupe, toujours de grande qualité. Le 1er décembre.
Rocío Molina
La danseuse de flamenco, si moderne et percutante, a fait vibrer le Théâtre de Chaillot en novembre avec son spectacle Al fondo riela (Lo otro del Uno). Rocío Molina passe ensuite au Festival de Danse de Cannes avec cette même pièce, un dialogue avec les deux guitaristes virtuoses Eduardo Trassierra et Yerai Cortés. Le 30 novembre.
Salim Mzé Hamadi Moissi
On avait repéré Salim Mzé Hamadi Moissi, chorégraphe venu des Comores, en 2020 à Suresnes cités danse. Il passe par Cannes avec deux pièces : Massiwa, une belle pièce aboutie qui allie technique hip hop et danses traditionnelles, et sa dernière création autobiographique L’Expat. Le 8 décembre. Lire notre chronique de Massiwa.
Programme Stravinski par le Malandain Ballet Biarritz
Troupe incontournable de tout festival, la compagnie biarrote vient avec son dernier programme autour du compositeur Stravinsky : L’Oiseau de feu par Thierry Malandain et Le Sacre du printemps par Martin Harriague. L’on a beaucoup aimé ce programme vu en novembre, qui se replonge dans deux chefs-d’œuvre des Ballets russes avec inventivité et musicalité. Avec toujours en scène de magnifiques interprètes. Le 7 décembre. Lire notre chronique du spectacle.
Isadora Duncan par Jérôme Bel
Jérôme Bel, on aime ou on déteste, mais il ne laisse personne indifférent. Pour ce duo avec Élisabeth Schwartz et Chiara Gallerani, le chorégraphe a travaillé sur Isadora Duncan. Il y livre une sorte de portrait de cette danseuse et créatrice mythique, entre performances dansées, chorégraphies documentaires et moments parlés. En scène, l’on retrouve Élisabeth Schwartz, qui se consacre à la transmission de l’œuvre d’Isadora Duncan depuis 40 ans. Le 9 décembre.
Offrande de Mié Coquempot, Béatrice Massin et Bruno Bouché
Voilà une œuvre unique en son genre, composée à six mains par trois personnalités aux univers différents, entre danse contemporaine, classique et baroque. Chacun.e d’entre iels a disposé des mêmes interprètes, temps d’écriture et costumes, et surtout de la même musique : celle de l’Offrande musicale de Bach. Cette pièce est d’autant plus particulière que Mié Coquempot est décédée en 2019, avant la création. Le 12 décembre.
Table ronde – La pédagogie de la danse classique
Parmi les quelques rencontres et conférences, notons cette table ronde autour de la pédagogie de la danse classique, avec le grand pédagogue Gilbert Mayer qui a formé plusieurs générations d’Étoile, mais aussi Jean-Guillaume Bart (on se souvient de ses superbes classes au CNSMDP), la directrice de l’école Rosella Hightower Paola Cantalupo, l’une de ses professeures Joëlle Boulogne, Yannick Boquin et Brigitte Lefèvre. Le 5 décembre.
Projection des Indes galantes
Le film-documentaire de Philippe Béziat plonge au coeur d’un spectacle qui a marqué l’Opéra de Paris ces dernières années : Les Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau mis en scène par Clément Cogitore et chorégraphié par Bintou Dembélé. Une œuvre où dialoguent huit artistes lyriques (dont la grande Sabine Devieilhe) et 30 danseurs et danseuses hip hop. La caméra suit ce projet un peu fou, des répétitions à la scène, pour un documentaire qui accroche. Le 4 décembre.