José Martinez, nouveau Directeur du Ballet de l’Opéra de Paris
José Martinez a été nommé Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris. Il prendra ses fonctions le 5 décembre 2022. Il succède à la tête du Ballet de l’Opéra de Paris à Aurélie Dupont, partie en juin dernier. Le Danseur Étoile, âgé de 53 ans, avait dirigé avec succès la Compagnie nationale de danse d’Espagne, de 2011 à 2019. Il était depuis chorégraphe free-lance.
Enfin ! Après trois mois sans direction et un long processus de recrutement, José Martinez a finalement été nommé Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris par Alexander Neef, Directeur général de l’Opéra national de Paris. Il prendra les rênes de la compagnie parisienne le 5 décembre prochain. Après avoir dirigé la Compagnie nationale de danse d’Espagne, de 2011 à 2019, voilà un tout autre défi qui s’ouvre à lui : revenir dans la compagnie où il a dansé en tant qu’Étoile, redonner du sens à une programmation qui s’est perdue depuis de nombreuses saisons et resserrer les liens au sein d’une compagnie morcelée. Un sacré pari pour lui, mais dont la nomination semble logique.
Un candidat idéal
Dès qu’Aurélie Dupont a annoncé son départ de la direction le 16 juin dernier (son départ n’a été effectif que le 31 juillet), le nom de José Martinez circulait comme l’un de ses possibles remplaçants. Il a en quelque sorte le profil idéal (si tenté qu’il y en ait un) pour ce poste. Ancien Danseur Étoile de l’institution de 1997 à 2011, très apprécié de ses pairs et du public, il a été l’un des danseurs marquants de sa génération. Pendant sa carrière de danseur, il a été pendant un temps représentant syndical. En 2011, après ses adieux à la scène, José Martinez revient dans son pays d’origine, l’Espagne (il est né à Carthagène en 1969) pour y diriger la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne. Alors menée par Nacho Duato, la troupe ne danse plus de classique. José Martinez refaçonne la compagnie, remet les danseuses sur pointes, pousse les créations comme les ballets du répertoire. Et avec succès : au fil des tournées françaises de la troupe – Mats Ek, la superbe Carmen de Johan Inger, sa propre production de Don Quichotte – l’on a vu la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne se transformer et s’étoffer, proposant des spectacles de haut niveau et assumant son langage classique.
Au bout de huit ans, José Martinez quitte son poste, comme il est de règle en Espagne après deux mandats. Il privilégie alors sa carrière de chorégraphe. Au début des années 2000, il s’était lancé dans des créations, montrant son goût pour le travail sur le langage classique. Delibes-Suite devient un pas de deux qui séduit, tandis que son Scaramouche fait les belles années de l’École de Danse en 2005. En 2009, Brigitte Lefèvre lui confie les rênes d’une grosse production : Les Enfants du Paradis. Une œuvre qui ne renouvelle pas le genre, mais qui séduit par sa multitude de personnages et son sens théâtral. Plus de deux ans plus tard, après avoir remonté Don Quichotte pour la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne, il s’attelle à la reconstruction du Corsaire pour le Ballet de l’Opéra de Rome, juste avant la crise sanitaire. Une production qui a depuis été reprise avec succès dans plusieurs compagnies d’Europe, dont au Ballet d’Estonie – première le 2 décembre 2022. Ce qui explique l’arrivée de José Martinez en poste le 5 décembre, après cette première.
Voilà donc un profil idéal. Une Étoile respectée de l’institution, qui a fait ses preuves en tant que directeur artistique. Une personnalité qui aime les créations sur le langage classique, soucieux de leur importance comme du répertoire, ne tournant pas non plus le dos au langage contemporain – il fut un grand interprète de Mats Ek. C’est aussi une personnalité plutôt consensuelle, que l’on n’a pas entendu sur les différents sujets de société qui peuvent enflammer le monde de la danse. Capable donc aussi d’une certaine diplomatie, et profondément respecté par les danseurs et danseuses actuelles de la compagnie – que lui-même ne connait plus forcément, parti depuis plus de dix ans, et ce n’est pas plus mal.
Un long recrutement
Candidat idéal et attendu, donc, mais le recrutement fut long. Tout ça pour ça pourrait-on dire, mais c’est tout à l’honneur d’Alexander Neef d’avoir voulu faire les choses correctement et d’avoir laissé sa chance à chacun et chacune. Suite à l’annonce de recrutement, 23 personnalités de la danse ont déposé leur candidature, 9 femmes et 14 hommes, 11 Français-es et 12 de nationalité étrangère. Des noms tous azimuts, venant du monde du classique comme du contemporain. Le comité de sélection, présidé par Bernard Stirn et composé de Charles Jude, Carolyn Carlson et Angelin Preljocaj, a choisi 8 candidat-e-s, qui ont été auditionnés. Après avoir envoyé leur recommandation à Alexander Neef, ce dernier en aurait sélectionné quatre, pour de nouvelles auditions. Soit deux femmes et deux hommes. A priori, quatre anciennes Étoiles, dont trois de l’institution. Un dernier carré, là encore, assez attendu finalement. Après vérification et discussions avec d’anciens employeurs ou direction d’opéra ayant travaillé avec ses quatre personnalités, le choix d’Alexander Neef s’est porté sur José Martinez.
Pour Alexander Neef, « La brillante carrière de danseur de José Martinez, son expérience de directeur de compagnie et de chorégraphe, ainsi que sa sensibilité aux actions de médiation et d’inclusion sauront assurer la stabilité, le rayonnement et l’excellence du ballet de l’Opéra national de Paris » . José Martinez « remercie Alexander Neef pour sa confiance« . « Je me réjouis de retrouver l’Opéra de Paris. Conscient du formidable potentiel comme des enjeux auxquels la compagnie est confrontée, je souhaite me mettre entièrement à son service. J’y travaillerai en recherchant la meilleure cohésion entre toutes les forces vives de la maison et en obtenant l’adhésion des danseurs et des équipes de l’Opéra de Paris afin de construire ensemble un projet qui maintiendra la compagnie au sommet de son art et en fera un Ballet exemplaire dans ses engagements artistiques, humains et sociétaux« .
Les défis à venir
C’est donc, comme dit plus haut, un sacré défi pour José Martinez. Le Ballet de l’Opéra de Paris n’a jamais franchement travaillé sur la création classique, hormis quelques exceptions. Alors que toutes les grandes compagnies du monde se sont penchées sur la question depuis vingt ans, faisant émerger de nouveaux et nouvelles chorégraphes, la troupe française a pris un sérieux retard. La fracture s’est encore plus accentué sous Aurélie Dupont, avec comme résultat d’avoir une compagnie quasiment coupée en deux : d’un côté les artistes classiques et la majorité des Étoiles, parfois sous-employées au vu d’une programmation pauvre en classiques, de l’autres des artistes tournées vers la création contemporaine, en général des membres du corps de ballet. À lui de les réunir pour former à nouveau un tout. Au-delà de la création, indispensable à toute compagnie, José Martinez devra se pencher sur le répertoire. Faut-il à tout prix garder toutes les productions Noureev ? Proposer d’anciennes productions ? En remonter de nouvelles ? S’il a beaucoup dansé les ballets de Rudolf Noureev, José Martinez n’a jamais directement travaillé avec lui. Il est peut-être mieux placé pour poser un regard enfin objectif sur cet héritage : ce qui est toujours aussi réussi, ce qui demande un coup de fouet, ce qui ne peut plus être présenté aujourd’hui.
L’on a un temps murmuré que cette nouvelle direction serait coupée en deux : l’une artistique et l’autre administrative. Ce qui semble logique au vu de l’immense tâche du poste. Cela n’a finalement pas été choisi, mais José Martinez assure qu’il « renoncera à ses activités chorégraphiques« le temps de son poste. À l’exception de deux projets déjà engagés et qu’il accompagnera : l’entrée au répertoire de son Don Quichotte au Ballet de l’Opéra de Bordeaux en juin 2023 et un autre projet à Stockholm en octobre 2023.
José Martinez prendra ses fonctions de Directeur du Ballet de l’Opéra de Paris le 5 décembre 2022, après la première de son Corsaire le 2 décembre au Ballet d’Estonie. Il semble relativement probable qu’il sera présent dans le jury du Concours de promotion les 4 et 5 novembre.
phil
Il a toutes les qualités pour réussir : experience de la direction d’un ballet,Etoile,choregraphe et un certain sens de la retenue.
Avec 60 Quadrilles ,difficile de ne pas voir la compagnie scindée en deux et que dire de la classe des Coryphées de trés haut niveau qui fait presque doublon avec les autres classes superieures (surtout chez les hommes).
on attend les resultats du concours avec impatience…
Luc
Je sais que ça va être un très grand directeur et qu’il participera à garder la tradition de cette opera et lui donner un coup de jeune.
Pascale Maret
Bonne nouvelle pour les danseurs et les spectateurs ! On aimerait bien voir son Corsaire sur la scène de l’Opéra.