TOP

Guillaume Diop nommé Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris

En voilà une surprise venue de Corée du Sud ! Guillaume Diop, Sujet du Ballet de l’Opéra de Paris, a été nommé Danseur Étoile le 11 mars, suite à une représentation de Giselle, où il dansait le rôle d’Albrecht, lors d’une tournée de la compagnie à Séoul. Le danseur, très bien distribué depuis le retour de la pandémie, enchaînait les premiers rôles. Il saute donc une case dans la hiérarchie pour une carrière qui s’annonce stratosphérique. 

José Martinez, à peine arrivé à la Direction de la Danse de l’Opéra de Paris, a déjà des semaines chargées ! Quelques jours après avoir nommé Danseuse Étoile et Danseur Étoile Hannah O’Neill et Marc Moreau, il propose une nouvelle nomination, cette fois-ci bien différente : celle de Guillaume Diop, un tout jeune artiste de 23 ans, encore Sujet dans la hiérarchie, et lors d’une tournée de la compagnie en Corée du Sud. 

Le Ballet de l’Opéra de Paris est parti en Corée du Sud au début du mois de mars, avec le ballet Giselle de Jean Coralli, Jules Perrot. Après deux représentations à Daejeon, la compagnie s’était rendue à Séoul, pour cinq dates. Une tournée importante, cela faisait 30 ans que la troupe parisienne n’avait pas dansé en Corée. Trois Danseur Étoiles étaient à l’affiche du rôle de Giselle. Mais Hugo Marchand, encore incertain, n’est finalement pas parti. Et c’est Guillaume Diop qui a été son remplaçant. Ce samedi 11 mars, le jeune danseur de 23 ans était distribué pour la représentation en matinée, aux côtés de l’Étoile Dorothée Gilbert dans le rôle-titre et de la Sujet Camille Bon en Myrtha. C’est la deuxième fois qu’il abordait ce personnage, ayant fait sa prise de rôle quelques jours plus tôt, toujours à Séoul.

Guillaume Diop

Il est 16 heures en Corée du Sud, 8 heures du matin en France. La représentation touche à sa fin. José Martinez, Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris, monte en scène. La tradition veut que ce soit le Directeur de l’Opéra, Alexander Neef, qui s’empare du micro, mais il a donné son accord depuis Paris. Le public coréen ne sait pas forcément ce qui se passe, mais la compagnie, elle, a compris. « Aujourd’hui, Alexander Neef, Directeur général de l’Opéra national de Paris, n’a pu être présent parmi nous« , commence José Martinez. « Mais c’est avec son accord, et surtout avec une grande émotion, qu’après cette représentation de Giselle à Séoul, j’ai l’immense plaisir de nommer Guillaume Diop Danseur Étoile !« ⋅ Sur le visage du jeune danseur, on lit au fil des mots l’incrédulité, suivie d’une très grande émotion, sous les applaudissements nourris de ses collègues sur scène et en coulisse. Une nomination en tournée, même s’il elle peut être frustrante pour le danseur qui est loin de ses proches, comme pour le public qui affectionne ces moments de partage, est aussi un joli signe pour le public du bout du monde, qui suit fidèlement la compagnie depuis des années. 

La nomination d’Étoile de Guillaume Diop est à la fois une surprise et attendue. Archi-doué, le jeune danseur de 23 ans enchaîne les premiers rôles depuis le printemps 2021 et la réouverture des théâtres après la pandémie, même s’il n’est alors que Quadrille. Il monte les échelons à toute vitesse, et que ce soit sous Aurélie Dupond ou José Martinez, on lui fait confiance pour aborder les grands rôles. Il y montre forcément de la jeunesse, mais aussi un charisme inné, un sens de la danse et de la musicalité, une façon si naturelle d’occuper la scène. Danseur Étoile, oui, cela ne faisait que peu de doute. Tout de suite ? Le danseur, même s’il était distribué comme un soliste depuis longtemps, n’était pas encore Premier danseur. Il ne faisait pas de doute, là encore, qu’un poste lui serait promis lors du prochain Concours en novembre prochain. Mais José Martinez n’a pas voulu attendre. Les Étoiles manquent, les deux Premiers danseurs masculins prometteurs – Pablo Legasa et Francesco Mura – n’ont pas eu de chance niveau blessure. Il faut des artistes Étoile pour assurer sereinement les nombreuses représentations. 

Guillaume Diop lors d’un Concours de promotion

Guillaume Diop, lui, danse, assure, affronte les grands rôles avec la pointe d’inconscience de la jeunesse. Lui faire griller un échelon peut sembler surprenant. C’est aussi une façon de lui assurer les grands rôles dans de bonnes conditions, avec le temps nécessaire de travail et d’approfondissement. Car c’est cela qui était un peu frustrant dans les prestations de Guillaume Diop : l’on sentait un immense talent, mais trop peu de travail possible en amont, comme s’il était « lâché » sur scène un peu impréparé. Ce nouveau statut, arrivé vite – mais finalement, qu’il arrive maintenant ou en décembre prochain, quelle importance – lui permet de s’épanouir pleinement dans les grands rôles, à la hauteur de ses possibilités. Avec aussi la pression qui va avec. Endosser un grand rôle avec le statut de Sujet – remplaçant souvent en dernière minute, avec très peu de temps pour apprendre et approfondir – oblige à une certaine indulgence, sur le sur-jeu ou la façon de creuser un personnage. Avec ce nouveau statut d’Étoile, Guillaume Diop suscite forcément des attentes plus grandes. Mais il a tous les talents en main pour s’épanouir pleinement auréolé de ce nouveau titre. Avec devant lui vingt belles années d’étoilat qui promettent d’être riches et passionnantes

José Martinez s’impose aussi en tant que Directeur de la Danse. En nommant en quelques jours trois artistes au parcours si différent – le surdoué encore Sujet plein de promesses, la Première danseuse de 30 ans épanouie, le Premier danseur de 36 ans en fin de carrière – il montre que chacun et chacune à sa chance. Que tous les chemins sont possibles avec lui, que toutes les trajectoires sont valables. Une belle façon d’unir la troupe et de lui donner un nouvel élan. 

 



Commentaires (7)

  • phil

    il a dansé beaucoup de roles principaux, quant au dernier concours de promotion on sait ce qu’il en est…Meme s’il lui reste des progrés à faire. Au moins il aura le temps de parfaire son role d’Etoile alors que Marc Moreau est dans l’urgence.Bravo à tous les deux auxquels j’associerais Hannah O’Neil enfin promue Etoile

    Répondre
  • Richard Jacqueline

    Félicitations ! ! ! Superbes photos qui montrent le résultat d’un travail excellent . . .

    Répondre
  • Anne-F.

    Tellement heureuse pour Guillaume ! J’espère que c’est un grand pas franchi dans la diversité qui n’est pas très représentée au sein du ballet de l’opéra de Paris.
    Je ne peux pas m’empêcher de penser à Éric Vu An qui n’a pas été nommé étoile sous l’ère de Noureev.

    Répondre
    • Antidoxa

      Vos propos sont presque insultants envers Guillaume Diop. J’espère qu’il a été nommé pour d’autres raisons que parce qu’il illustre la diversité… On s’en fiche de la diversité ! Ce qu’on veut c’est que les meilleurs occupent les premières places !

      Répondre
  • bertrand

    D’apres ce que je comprends, il y a des « regles de nomination » qui fonctionnent en temps
    « normal » jusqu’a ce qu’un nouveau directeur arrive et nomme selon son bon plaisir,
    Et apres l on s’etonne qu’il y ait des intrigues de Cour….

    Répondre
  • Lili

    @Bertrand. Il n’y a pas de « règles de nomination », les nominations d’étoiles sont par définition à la discrétion du directeur. Avant Guillaume Diop, des sujets propulsés étoiles, il y en a eu deux : Mathieu Ganio et Manuel Legris. Plutôt des bons choix a postériori. Germain Louvet a lui aussi été nommé très vite. Je me réjouis pour ma part, tout en espérant que Guillaume Diop ne soit pas « grillé » par une nomination sans le passage formateur par la case 1er danseur. Dommage pour Pablo Legasa, vraiment. J’espère que son tour viendra.

    Répondre
  • Ravie d’apprendre cette nomination. Depuis son enfance, Guillaume impose sa présence radieuse sur scène : non seulement il possède des qualités physiques incontestables, mais il dégage un charisme particulier, reflet de sa joie de danser. Sa jeunesse et sa relative inexpérience lui permettent aussi de donner une interprétation personnelle de ses rôles, comme son Siegfried rafraîchissant, plus naïf que torturé et dépressif.

    Répondre

Poster un commentaire