Beate Vollack, nouvelle Directrice du Ballet du Capitole
Après plusieurs mois d’attente, c’est finalement Beate Vollack qui a été nommée à la tête du Ballet de l’Opéra national du Capitole de Toulouse. La compagnie, sans direction depuis le licenciement en janvier de Kader Belarbi, avait lancé son processus de recrutement au printemps. Peu connue des réseaux français, Beate Vollack vient d’Allemagne. Elle a dansé essentiellement dans des compagnies classiques, tout en touchant au répertoire contemporain. Depuis 2018, elle dirigeait le Ballet de l’Opéra de Graz en Autriche, troupe de 20 artistes à tendance néo-classique/contemporaine.
La nomination d’une nouvelle direction à la tête du Ballet du Capitole s’est fait attendre. En janvier dernier, Kader Belarbi, directeur emblématique de la troupe depuis dix ans, est licencié. Les deux maîtres de ballet – Erico Montes et Gabor Kapin, qui venaient d’arriver – prennent la direction ensemble par intérim, chargés de programmer la saison prochaine (déjà en partie faite par Kader Belarbi), continuer de faire travailler les danseurs et danseuses qui ont encore de nombreuses dates de spectacles devant eux. Malgré une situation difficile pour les artistes, les choses se passent au mieux, avec notamment une belle tournée de Toulouse-Lautrec de Kader Belarbi à Paris et Lyon. Mais il était plus que temps qu’une véritable direction prenne enfin sa place.
Après une sélection internationale, six candidats et candidates ont été pré-sélectionnées. Le comité de direction, présidé par Francis Grass, le président de l’Établissement public du Capitole, était composé de Nina Ananiashvili (directrice du Ballet national de Géorgie), Éric Quilleré (directeur de la danse de l’Opéra national de Bordeaux), Frédéric Bourdin (représentant du Ministère de la Culture), Claire Roserot de Melin (directrice générale de l’Etablissement public du Capitole) et Christophe Ghristi (directeur artistique de l’Opéra national du Capitole). L’on attendait une pointure internationale, un nom connu des circuits, pourquoi quelqu’un passé par l’Opéra de Paris – plusieurs sont actuellement sans poste de direction aujourd’hui. C’est finalement une femme inconnue des réseaux et qui n’a jamais travaillé en France qui a été choisie : Beate Vollack. Danseuse et chorégraphe allemande, elle est aujourd’hui à la tête du Ballet de l’Opéra de Graz en Autriche. Elle prendra ses fonctions de Directrice de la danse de l’Opéra national du Capitole de Toulouse en septembre 2023.
Un nom inconnu ne veut pas dire personne incompétente. Beate Vollack a de fait un parcours intéressant, entre classique, contemporain et créations néo-classiques, qui est l’ADN du Ballet du Capitole. Formée à l’école du Ballet de Berlin, elle démarre sa carrière au Komische Oper à Berlin, la compagnie de ballets de Berlin-Est plutôt tournée vers la danse contemporaine, qui n’existe plus aujourd’hui après sa fusion avec le Ballet de Berlin dans les années 2000. Elle y danse en tant que soliste, brille en 1994 à l’USA International Ballet Competition, puis est engagée au Ballet de Bavière. Elle y danse comme soliste de 1995 à 2005. Beate Vollack y interprète le répertoire classique (Patrice Bart, George Balanchine, Peter Wright, John Neumeier) mais aussi les chorégraphes contemporains appréciés des compagnies de ballet, comme Jiří Kylián, William Forsythe ou Mats Ek. C’est en dansant le rôle-titre de Giselle de ce dernier qu’elle est élue « Danseuse de l’année » par la presse allemande.
Après ses adieux à la scène, Beate Vollack se forme à la pédagogie et se lance dans la chorégraphie, créant des pièces pour des compagnies de ballets comme des productions d’opéra. De 2014 à 2019, elle prend la tête de la Tanzkompanie au Théâtre de Saint-Gall en Suisse, une troupe tournée vers la danse contemporaine, avant de diriger dès 2019 le Ballet de l’Opéra de Graz en Autriche, troupe constituée d’une vingtaine d’artistes. Elle y signe quelques pièces et invite des chorégraphes d’inspiration néo-classique et contemporaine. La direction du Ballet du Capitole est ainsi pour Beate Vollack une belle opportunité : elle va diriger ainsi une troupe plus fournie, avec plus de moyens chorégraphiques, permettant d’inviter des pointures de la scène actuelle comme de monter des ballets du répertoire, ce qu’elle ne pouvait pas faire avec ses compagnies précédentes.
Mais va-t-elle le faire ? Avec Nanette Glushak dans les années 1990 et 2000, puis Kader Belarbi dans les années 2010, le Ballet du Capitole propose une belle programmation de ballets, mêlant répertoires classiques (La Sylphide d’Auguste Bournonville ou Suite en blanc de Serge Lifar la saison prochaine), quelques chorégraphes contemporains incontournables (Jiří Kylián) ou de passionnantes créations sur le langage classique (la plupart réalisée par Kader Belarbi). Aujourd’hui, le Ballet du Capitole est une compagnie qui va bien artistiquement. La Direction de l’Opéra du Capitole n’aurait aucun intérêt à casser l’ADN de la troupe, et tout montre plutôt son envie de préserver la compagnie. La présence de personnalités du ballet dans le comité de recrutement est aussi un bon signal. Si Beate Vollack a essentiellement dirigé des compagnies contemporaines, son expérience de danseuse est vraiment celle du ballet, au répertoire proche de celui du Capitole. Arrivant en septembre, elle devra mener une saison qui n’est la sienne : l’occasion de se glisser dans son nouveau fauteuil, aussi de voir comment elle va mener la troupe à travers les distributions, les Étoiles présentes – dont certaines ont beaucoup soutenu Kader Belarbi – voire ses nominations, un poste d’Étoile masculine étant disponible. Sa première programmation, attendue au printemps 2024, est déjà très attendue.