18ème biennale : un mois pour fêter la danse dans le Val-de-Marne
Qu’on se le dise, la 18ème biennale de danse du Val-de-Marne est ouverte ! Voilà une belle occasion de découvrir ou redécouvrir les œuvres de chorégraphes contemporains internationaux, qu’ils soient émergeants ou confirmés. Avec un prolifique programme composé de 33 spectacles, dont 10 créations et 8 premières en France, pour 23 lieux de diffusion et 62 représentations du 5 mars au 3 avril, la danse sera fêtée dignement.
Cette année, dans le prolongement des projets Migrant Bodies et des Rencontres Européennes, Daniel Favier et son équipe ont construit leur programmation autour d’un thème d’une brulante actualité et l’ont intitulé Sens migratoire. Une façon de réaffirmer avec vigueur l’importance de la liberté de création et la nécessaire circulation des idées et des hommes. Ainsi, ils proposent au public un voyage en trois dimensions, dans l’espace, dans le temps, mais aussi interdisciplinaire.
Migrant Bodies et les Rencontres Européennes
Migrant Bodies est un projet européen/canadien qui réunit 5 chorégraphes, de 5 nationalités différentes, autour d’une réflexion sur la migration et ses impacts. Ceux-ci ont voyagé pendant près de 100 jours entre Vancouver, Montréal, Bassano de Grappa, Zagreb et Vitry-sur-Seine. Dans chaque ville, ils ont été rejoints par un écrivain et un vidéaste, ont rencontré personnalités de la vie civile, migrants et associations. Le 21 mars, ils poseront leurs valises à la Briqueterie pour rendre compte de leur périple à travers un parcours mêlant spectacles, performances, lectures, projections et expositions.
Les Rencontres Européennes, quant à elles, sont une association regroupant des élus de plus de 160 collectivités territoriales de la Grande Europe qui désirent débattre et agir ensemble autour des politiques culturelles. Dans le cadre de la 18ème Biennale, Fontenay-en-Scènes/Ville de Fontenay-sous-Bois et la Briqueterie accueilleront du 4 au 7 mars une de leurs réunions annuelles sur le thème Art, Culture et Migrations. Cette manifestation est réservée aux représentants du réseau.
Un voyage dans l’espace, à travers divers lieux et pays
Origami, qui sera créé lors de cette 18ème Biennale, en est la mascotte. Ce spectacle hors-normes est le fruit du travail de la chorégraphe Satchie Noro et du performer Silvain Ohl. Il allie avec poésie les mouvements d’un gigantesque origami de taule (en fait un contenair de 40 pieds découpés en trois morceaux) à ceux d’une aérienne danseuse. Nomade, cette création sera donnée entre les 7 et 22 mars dans des lieux étonnants, qu’il s’agisse de centres villes d’Ivry-sur-Seine et de Cachan, ou plus encore du somptueux Domaine de Grosbois et de la halle aux fleurs de Rungis, tous deux exceptionnellement ouverts à la danse pour l’occasion.
Mais c’est aussi grâce aux multiples nationalités des artistes invités (français, italiens, espagnols, portugais, autrichiens, anglais…) et des danses qu’ils proposent que cette nouvelle Biennale nous invite au voyage. En effet, du hip-hop numérique de Mourad Merzouki et son désormais célèbre Pixel, au flamenco contemporain de la superbe Rocio Molina dialoguant avec la chanteuse Rosario, du Tour du monde des danses urbaines de François Chaignaud & Cecilia Bengolea au Dictionnaire non exhaustif de la Monstruologie de la mexicaine Dery Fazio, la traversée promet d’être plaisamment métissée.
Un voyage dans le temps, à travers l’histoire de la danse contemporaine
Autre Sens Migratoire, la 18ème Biennale de danse du Val-de-Marne propose de revisiter la mémoire de la danse. Ainsi, avec La Collection Lise B, Fabrice Dugied offrira au public, les 7, 8 mars à la Briqueterie et le 14 mars au Théâtre Paul Éluard de Bezons, une plongée dans les archives de la célèbre critique Lise Brunel. De Merce Cunningham à Jérôme Bel, une large sélection de documents textuels, visuels ou sonores seront rendus vivants lors de cette rencontre dansée qui promet d’être passionnante.
Pour le 50ème anniversaire de sa création, Anne Collod quant à elle, revisitera le 12 mars au Centre des bords de Marne du Perreux-sur-Marne, la mythique pièce d’Anna Halprin, Parades & changes. Longtemps interdite aux États-Unis pour cause de nudité, cette chorégraphie fondatrice, œuvre d’une des pionnières de la danse post moderne, se prête particulièrement aux réinterprétations. En effet, cette performance collective se transformait et prenait une configuration différente à chaque représentation. Anne Collod a d’ailleurs obtenu un prestigieux Bessie Award pour ce spectacle, qui sera à n’en pas douter un des temps forts de la Biennale.
La chorégraphe présentera également le 14 mars au Théâtre Paul Éluard de Vitry-sur-Seine Le parlement des invisibles, librement inspiré de la Danse macabre créée en 1935 par Sigurd Leeder.
Un voyage interdisciplinaire, à travers un parcours muséal
C’est avec Los Pajaros Muertos, de Marcos Morau, que s’ouvrira les 5 et 6 mars à la Salle Jacques Brel de Fontenay-sous-Bois, cette décidément bien belle Biennale. S’inspirant de l’œuvre éponyme de Pablo Picasso, le chorégraphe catalan brosse dans cette pièce, présentée pour la première fois en France et créée à l’occasion de la réouverture du Musée Picasso à Barcelone en 2009, le portrait expressionniste des 92 ans de vie du peintre mythique.
À noter également, sur une proposition du Musée National Picasso – Paris et du CDC Atelier de Paris – Carolyn Carlson, le chorégraphe Toméo Vergés proposera les 12 mars et 7 mai prochains des performances au cœur de la superbe collection de L’Hôtel Salé, rouvert depuis seulement 4 mois.
Enfin, le dimanche 29 mars au MAC/VAL puis au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, 5 jeunes chorégraphes présenteront B-Project. Faisant suite à la commande de 5 festivals de danse européens réunis pour célébrer le 500ème anniversaire de la mort du peintre hollandais Jérôme Bosch en 2016, ils feront dialoguer spectacle vivant et arts visuels dans 5 courtes pièces.
À cette occasion, une table ronde réunissant des historiens spécialistes de Jérôme Bosch et les artistes du B-Project sera organisée le 27 mars au Louvre.
S’il est impossible de citer ici tous les spectacles de cette très riche programmation, notons tout de même qu’outre les pièces mentionnées plus haut, She-mâle de Gilles Verièpe dans lequel 7 danseuses interrogent leur part masculine ou 15 x LA NUIT, solo de Paul-André Fortier dansé de nuit, dans la ville, sont particulièrement tentants.
Et comme cette 18ème Biennale de danse du Val-de-Marne, c’est aussi une ouverture au jeune public, des partenariats avec le CNSMDP et l’école de cirque de Rosny, des ateliers, des expositions, des rencontres, des visites, des navettes gratuites qui emmènent jusque sur les lieux de certains spectacles et, last but not least, une programmation qui respecte la parité hommes/femmes, il ne reste plus qu’à faire son choix. Bon(s) voyage(s) !
Toutes les infos pratiques, les spectacles, les dates et les lieux sont à retrouver sur le site de la 18ème Biennale de danse du Val-de-Marne. Du 5 mars au 3 avril 2015.
Laetitia
Quelle magnifique programmation !! Merci pour ce compte-rendu éclairé !
Delphine Baffour
Merci Laetitia ! Beaucoup de pièces très tentantes, je suis d’accord.