Cats – Un tour en coulisse de la comédie musicale
La comédie musicale Cats, dans sa nouvelle version créée à Londres il y a deux ans, débarque à Paris dès le 1er octobre au Théâtre Mogador. Comme à son habitude, la société de production Stage (qui a monté aussi Le Bal des Vampires, La Belle et le Bête ou Sister Act) a organisé quelques semaines avant la première une visite en coulisse des préparatifs. Ateliers, costumes, répétitions, maquillages… Les moyens sont là, le souci du détail aussi, comme souvent chez Stage. Et malgré la musique marquée 80′, cet avant-goût donne décidément envie de voir le spectacle sur scène.
10 ans que Stage produit des spectacles, la maison de production a trouvé la bonne recette : adapter en français un spectacle déjà existant et bien rodé. Pas de pure création donc, mais un sacré travail. Il s’agit de reproduire à l’identique costumes, maquillages et chorégraphies, face à des producteurs souvent très exigeants. « Nous avons rencontré Andrew Llyod Webber, le créateur de Cats, il y a un an« , raconte l’un des responsables de Stage. « Nous n’avions pas de projet précis en tête. Je lui ai fait visiter le théâtre. Il nous a tout de suite dit : ‘C’est un endroit pour Cats’« . Et petite fierté pour Stage, la version française sera inédite, car enrichie d’une nouvelle chanson (un aria en italien).
Le projet démarre avec le plus important : le casting ! Petit rappel de l’histoire, inspirée par les poèmes de T.S Eliot. Une fois par an, les chats Jellicle se retrouvent dans une décharge pour leur grand bal. Face au Vieux Deuteronome, chacun-e devra prouver que c’est lui ou elle qui mérite d’avoir une deuxième vie. Il n’y a pas vraiment de premiers et petits rôles, plutôt une vingtaine de personnages, tous aussi importants les uns que les autres. Techniquement, Cats est une comédie musicale difficile, avec des passages dansés complexes. La production a donc d’abord cherché des danseurs et danseuses (pas mal de titulaires ont d’ailleurs fait leur formation au CNSMDP, à l’École de l’Opéra de Paris ou à la Royal Ballet School de Londres), puis leur a demandé de chanter. 2.000 personnes se sont présentées, l’équipe française a fait une pré-sélection.
Mais l’équipe anglaise, qui avait une idée précise de ce que doivent être les personnages, n’a pas été satisfaite. De nouvelles auditions sont donc organisées, un peu partout en province, puis à l’étranger – Pays-Bas, Allemagne, jusqu’en Russie. Le casting a finalement été bouclé peu de temps avant le début des répétitions.
Ces dernières ont démarré début août, à raison de huit heures par jour dans un studio sous les toits du Théâtre Mogador. Le jour du reportage, une vingtaine de personnes sont sur le plateau, chacune dans son personnage. Trois remplaçantes répètent, dans le fond de la salle. Mais tout le monde participera au spectacle chaque soir. Les huit doublures du casting seront en fait en coulisse avec l’orchestre pour interpréter les choeurs, et donner ainsi plus de puissance aux parties chantées d’ensemble. Si besoin, elles seront sur scène pour remplacer des malades ou blessé-e-s. « Chaque rôle a trois interprètes : un-e principal-e et deux doublures« , explique l’un des responsables de la production. « Une doublure peut connaître jusqu’à neuf positions dans les ensembles« . Pendant la visite, les choses semblent déjà bien en place, la troupe file l’introduction. Ça danse plus que bien, ça chante, c’est en place et très vivant. Même si les passages de claquettes semblent encore musicalement un peu brouillons (ndlr : le reportage a eu lieu début septembre), la troupe est au niveau.
Place ensuite aux ateliers techniques. Cats, c’est aussi tout un univers, des chats géants auxquels il faut donner vie. La production possède 150 costumes pour 30 artistes. Certains viennent de la production anglaise ou de la tournée. D’autres ont été faits sur place. Il s’agit en général d’académiques teints de plusieurs couleurs. Un travail plus compliqué qu’il n’y paraît, fait à la main et qui prend plusieurs semaines. Côté chaussons, les artistes ont des sortes de demi-pointes noires en cuir avec un petit talon, ainsi que des chaussures de claquettes. Chaque soir, cinq costumières seront présentes en coulisse pour aider les artistes et pallier au moindre problème. Chaque artiste a d’ailleurs deux costumes.
Puis direction l’atelier maquillage, un point central. Karen, qui a créé les maquillages de Cats, est venue à Paris trois semaines, pour apprendre aux artistes à se maquiller. Chaque personnage a son maquillage, dessiné spécialement, qu’il faut reproduire à l’identique. Comme l’ensemble est complexe, les maquilleuses ne peuvent pas assurer tous les soirs le maquillage d’une vingtaine d’artistes. Chacun-e devra donc se débrouiller tout-e seul les soirs de spectacle. Pour leur apprendre, Karen maquille la moitié du visage d’un danseur, lui expliquant quelques détails techniques. Il devra ensuite reproduire l’identique sur l’autre moitié. C’est d’ailleurs ce que fait une danseuse sur le miroir d’en face. Très concentrée, elle fait attention à reproduire chaque moustache et chaque tâche bien en symétrie. « Au début, ils peuvent mettre deux heures à se maquiller« , explique Christine, une maquilleuse. « Puis ils apprennent. Nous serons de toute façon trois à chaque spectacle pour leur installer leur perruque et micro, nous pourrons tout vérifier« .
Vient enfin le temps de découvrir le plateau et l’immense décor qui reproduit la décharge. « Nous fabriquons les objets à l’échelle d’un chat (ndlr : comme une gigantesque raquette de tennis), puis nous les abîmons« , raconte l’un des producteurs. Le public doit se sentir immergé dans la décharge, le décor déborde donc dans la salle et dans les escaliers. Le sol est aussi en pente pour une meilleure visibilité.
Pendant que les décorateurs s’activent sur le plateau et que les danseur-se-s répètent inlassablement, les adaptateurs Ludovic-Alexandre Vidal et Nicolas Nebot ne sont pas non plus en repos. Stage a toujours proposé ses spectacles en adaptation française, « ce sont des pièces populaires, toute la famille doit pouvoir les comprendre« . Mais la traduction va plus loin que le mot-à-mot. « Nous devons trouver une ligne poétique« , explique les adaptateurs, surtout que Cats est inspiré de poèmes. « Il faut aussi y mettre quelques subtilités de la langue française, même si nous n’avons pas fait la course aux jeunes de mots avec le chat« .
Le plus dur dans cette traduction ? La chanson Memory bien sûr, véritable mythe que tout le monde connaît. « Tout le monde l’a dans la tête, il faut que cela sonne bien à l’oreille du public« , explique Ludovic-Alexandre Vidal. « Nous l’avons donc traduit par Ma vie, qui sonne de la même façon« . Tout en respectant son sens. « Au début, nous l’avons prise comme une complainte. Mais ce n’est pas ça du tout ! Cette chanson est au contraire très positive« .
Les deux adaptateurs ont démarré leur travail en avril. Ils ont présenté leur traduction aux ayants-droit en juillet, et font des réajustements tout le mois de septembre. Ils vont être très attentifs aux réactions du public pendant les avant-premières, qui démarrent le 20 septembre, et s’autoriser des changements jusqu’au 1er octobre, date de la première. « Après, c’est terminé, chaque spectacle doit être pareil chaque soir. La version de la première sera ainsi la version de la dernière« .
Cats, du 1er octobre 2015 au 10 janvier 2016 au Théâtre Mogador.
pascale
Miaou!!! Ça donne envie d’y aller!
Amélie Bertrand
@ Pascale : Chronique à lire début octobre 😉