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En répétition – Un avant-goût de Grande Fugue de Lucinda Childs par le Ballet de l’Opéra de Lyon

Le Ballet de l’Opéra de Lyon propose cet automne une soirée Grande Fugue, à voir du 17 au 25 novembre à Lyon, puis au mois de décembre au Festival d’Automne. Trois chorégraphes majeures de notre époque s’emparent de la Grande Fugue de Beethoven : Maguy Marin, Anne Teresa de Keersmaeker et Lucinda Childs. Pour cette dernière, il s’agit d’une création. Danses avec la plume a pu assister au premier filage de cette pièce, et rencontrer deux interprètes du ballet qui nous racontent la façon de travailler de Lucinda Childs.

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La grande salle de l’Opéra de Lyon s’active. Une semaine avant la première, la création Grande Fugue de Lucinda Childs fait ses premiers pas sur scène. Il faut tester les lumières sur les très beaux décors ciselés comme de la dentelle, voir les costumes (des académiques gris avec une fine tunique blanche pour les danseuses). Lucinda Childs va sur ses 76 ans, elle ne semble pourtant pas changer au fil des années. Elle arrive sur scène comme on la voit souvent : regard très concentré sur ce qui l’attend, silhouette tout habillée de noir, gracieuse comme à 20 ans. « J’ai travaillé avec elle pour la première fois il y a 15 ans, aux Ballets de Monte-Carlo. Elle est toujours la même, que ce soit dans sa façon de travailler ou physiquement« , glisse la danseuse Julia Carnicer, l’une des interprètes de la pièce.

Sur scène, Lucinda Childs regarde, donne quelques indications aux danseur.se.s. Elle commence à bien connaître la troupe, qui a repris son mythique Dance il y a un an. Sa voix est basse, il faut tendre l’oreille pour l’entendre. « Elle est assez timide en répétition, elle peut être en retrait et ce sont des assistant.e.s qui gèrent« , explique Julia Carnicer. Une timidité qui ne se départ jamais d’une grande gentillesse. « Elle vient toujours dans le studio avec une énergie positive, ce qui motive tout le monde« , raconte Tyler Galster, autre danseur du Ballet de l’Opéra de Lyon. « Je ne l’ai jamais vu énervée« .

Lucinda Childs va se placer sur les sièges, le regard toujours extrêmement concentré. La première distribution entre en scène pour un filage. Les pas sont plutôt d’inspiration académique, avec des pieds pointés et des arabesques. On n’est même pas loin de l’hommage à l’école française et son sens de présentation du bas de jambe. Comment définir en un mot cette nouvelle création ? « Pureté« , répondent en choeur les deux interprètes. Les gestes sont répétés en de longues phrases chorégraphiques qui changent imperceptiblement au fil de la pièce. Avec ce matériel, les danseurs et danseuses bougent sur scène de façon géométrique, dans une chorégraphie au millimètre chère à Lucinda Childs. « La pièce est très mathématique dans un sens« , explique Tyler Galster. « Les mouvements sont assez simples en soi. Mais chaque variation chorégraphique inclut un petit changement, parfois imperceptible« . Ce qui vire vite au casse-tête de mémorisation pour les interprètes, l’un des challenges de la pièce pour le danseur. « Mais nous sommes une part de la création, nous l’avons apprise étape par étape. C’est une question de répétition, aussi de s’aider les uns les autres« , comme de se souffler à l’oreille la prochaine variation. « Pour moi, danser Lucinda Childs est un challenge chaque fois que je monte sur scène« , confie Julia Carnicer. « C’est la seule fois où je peux entrer sur scène sans être à 100 % sûre de ma partition. Mais ce n’est pas du stress pour moi. Au contraire, cela me stimule« .

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Sur scène, pour cette création, les tons sont gris, bleus, lumineux. À peine le filage terminé, Lucinda Childs remonte sur scène. Elle donne quelques indications à un danseur sur son déplacement, glisse une remarque. Ses paroles sont brèves, elle sait ce qu’elle veut. L’interrogation se fait sur les costumes des danseuses : avec ou sans tunique ? La deuxième distribution fait son filage sans. Ce sera sans a priori le jour de la première.

Cette création s’inscrit dans un programme Grande Fugue : Lucinda Childs, Anne Teresa de Keersmaeker et Maguy Marin proposent chacune une pièce différente, sur la musique. « Les trois pièces sont complètement différentes« , explique Julia Carnicer. « La première pièce est très pure. La deuxième est beaucoup plus physique. Et pour la troisième, celle de Maguy Marin, nous sommes en état d’ivresse« . La chorégraphe a créé cette pièce après le décès d’une personne chère, « pour se rappeler que, malgré les souffrances, il y a toujours de la joie dans la vie« .

 

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