Jérémie Bélingard – Adieux à la scène le 13 mai
Le Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris Jérémie Bélingard fait ses adieux à la scène le samedi 13 mai, lors de la dernière représentation de la soirée Cunningham/Forsythe. Pour l’occasion, le programme est transformé avec l’ajout d’une pièce conçue pour le danseur, et donné lors des cinq dernières représentations du programme. Il s’agit d’un solo intitulé Scary Beauty, mis en musique par Keiichiro Shibuya, dans une création numérique d’Adrien M & Claire B.
L’une des premières Étoile formée à Nanterre
Né en 1975, Jérémie Bélingard entre à l’École de Danse de l’Opéra de Paris à 12 ans, en 1987, alors que l’institution vient tout juste de s’installer dans ses nouveaux locaux à Nanterre sous la direction de Claude Bessy. Jérémie Bélingard fait toutes ses classes à l’École de la sixième à la première division, en compagnie d’un certain Karl Paquette (qui est engagé dans le corps de ballet un an après lui). Le danseur entre dans la compagnie à 18 ans en 1993, alors que la troupe est encore dirigée par Patrick Dupond. Il passe Coryphée en 1994, remportant la même année la Médaille de bronze (junior) au Concours International de danse de Varna. En 1996, Jérémie Bélingard a droit à ses premiers rôles de solistes : l’Oiseau bleu dans La Belle au bois dormant, Mercutio dans Roméo et Juliette, l’Idole dorée dans La Bayadère de Rudolf Noureev. Il obtient également le Prix du Cercle Carpeaux en 1998 et passe Sujet en 1999 avant de devenir Premier danseur en 2001.
Jérémie Bélingard n’a pas forcément la stature du prince selon l’Opéra de Paris, mais il se fait remarquer par sa présence en scène. Il danse ainsi les traditionnels rôles académiques, tout comme des oeuvres plus néoclassiques dont de nombreux ballets de Roland Petit dont il est l’un de ses interprètes privilégiés. Il est aussi choisi pour des pièces récentes et des créations (le rôle de Heathcliff dans Wuthering Heights de Kader Belarbi, O zlozony/O composite de Trisha Brown, L’Envol d’Icare de Thierry Malandain).
Une nomination tardive
Mais comme beaucoup de danseur.se.s de la génération Brigitte Lefèvre (qui dirige la compagnie de 1995 à 2014) Jérémie Bélingard doit attendre un certain temps pour être nommé Étoile. Elle n’arrive que le 28 mars 2007 (le danseur a alors 31 ans), après six ans passé en tant que Premier danseur, à l’issue d’une représentation de Don Quichotte de Rudolf Noureev où il danse le rôle de Basilio. Et comme plusieurs Étoile de Brigitte Lefèvre, sa carrière s’étiole un peu une fois sa nomination passée.
Le danseur renonce ainsi assez vite aux grands ballets classiques. Il se distingue cependant dans les ballets de Roland Petit (Le Jeune homme et la Mort, L’Arlésienne), des oeuvres des Ballets russes (L’Après-midi d’un Faune, Petrouchka), George Balanchine (Le Fils prodigue), William Forsythe (il y crée Pas./parts), Mats Ek (Appartement), Wayne McGregor (Genus, L’Anatomie de la sensation et plus récemment Tree of codes) ou Saburo Teshigawara (Darkness is Hiding Black Horses). Mais des blessures récurrentes l’éloignent de plus en plus souvent de la scène.
Un artiste aux multiples facettes
Ces cinq dernières années, Jérémie Bélingard s’est ainsi fait rare sur le plateau de l’Opéra de Paris. Le danseur a multiplié les expériences ailleurs, souvent réussies, mais qui lui ont valu quelques railleries du public qui lui reprochent d’oublier un peu sa carrière de danseur. Il s’essaye à la chorégraphie, en créant notamment Bye Bye Vénus avec des danseur.se.s hip hop au festival Suresnes Cités Danse (2011). Il devient l’image de plusieurs marques (Hermès, Sony ou Jean-Paul Gautier). Jérémie Bélingard chante également avec son cousin Morgan Saunier, leur groupe Granny Goes To Heaven a droit à un passage dans l’émission Taratata (2008). Surtout, le danseur se dirige vers une carrière de comédien, se faisant remarquer tout récemment dans le film Polina de Valérie Müller et Angelin Preljocaj, chorégraphe pour qui il a régulièrement dansé, ou en participant à la création du dessin animé Ballerina d’Eric Summer et Eric Warin.
Pour la suite de sa carrière, Jérémie Bélingard n’a pour l’instant pas donné de détail sur ses projets. Même si cette carrière de chorégraphe et de comédien (le danseur a rejoint l’agence ArtMédia) semble le plus probable.