Roméo et Juliette – En répétition avec Léonore Baulac et Germain Louvet
Le ballet Roméo et Juliette de Rudolf Noureev a démarré au Ballet de l’Opéra de Paris. Au milieu des Étoiles, un couple de jeunes talents a été distribué : Léonore Baulac (Première danseuse) et Germain Louvet (Sujet). Quelques semaines avant la première, une répétition publique a été organisée avec ces deux interprètes, menée par Clotilde Vayer. Un avant-goût plutôt séduisant, tant les deux jeunes artistes semblent coller à leur personnage.
La répétition démarre par la scène du balcon, « le début de l’alchimie » pour Clotilde Vayer. Et le début du travail pour Léonore Baulac et Germain Louvet. Au moment de cette répétition fin février, cela ne fait que quatre jours qu’ils travaillent ensemble sur Roméo et Juliette. Ils se connaissent néanmoins plutôt bien, ayant dansé ensemble Casse-Noisette la saison dernière.
Clotilde Vayer explique que la vision de l’histoire par Rudolf Noureev n’était pas si romantique, et Juliette est d’abord une fille forte et téméraire. Une vision qui semble parfaitement aller à Léonore Baulac, déjà rayonnante dans son rôle. La danseuse joue une jeune fille vive et audacieuse, plutôt que mièvre et naïve. Pour la scène du balcon, « lui subit, Juliette est au-dessus, elle est plus mature« , explique Clotilde Vayer. « Ils se retrouvent, ils rêvent« . La maitresse de ballet insiste aussi sur la mise en scène cinématographique du ballet. Rudolf Noureev tournait Valentino pendant qu’il montait Roméo et Juliette, une expérience du cinéma qui l’a forcément inspiré.
Germain Louvet se lance dans sa variation. Son physique longiligne et son allure de jeune premier, là aussi, se fondent avec le personnage de Roméo. La chorégraphie est complexe, va vite, mais le danseur doit tout de même « donner une image » dans ses pas, ses arabesques. Au moment de l’entrée de Juliette et du pas de deux qui suit, la répétitrice insiste beaucoup sur le jeu des regards. « Germain, que regardes-tu ?« . Dans cette scène, « tout tourne autour de Juliette« . C’est d’ailleurs elle qui prend les initiatives, qui embrasse Roméo, qui le touche en premier. « C’est elle qui prend les devants« , insiste Clotilde Vayer. « On doit voir l’histoire dans votre corps, je dois vous voir réagir à ce que fait l’autre« . De la danse oui, de l’interprétation aussi, avant tout. Le travail des regards se fait aussi en pensant à la scène de Bastille, particulièrement grande : le regard doit porter haut.
Clotilde Vayer détaille ensuite aussi bien les pas techniques que l’intention. On y découvre ainsi que la chorégraphie s’inspire parfois de Broadway, avec des accents à la Ginger Rogers. Et qu’il y a comme une pantomime dans le pas de deux, que le public ne perçoit pas forcément. Ainsi, les arabesques des deux personnages doivent être vraiment ensembles, cela montre la connexion qui est en train de naître entre eux. Les pas de deux sont aériens (on peut sentir ici l’inspiration de Kenneth MacMillan). Rudolf Noureev avait d’ailleurs créé ce pas de deux avec le personnage de Tybalt, plutôt grand. « Fais-la voler« , encourage Clotilde Vayer à Germain Louvet. Les deux artistes semblent plutôt bien se sortir de ces portés compliqués, souvent en décalé, montrant déjà une complicité dans le mouvement, et un certain naturel. Clotilde Vayer fait ensuite les sous-titres : « Roméo jure sur la lune son amour. Mais Juliette l’arrête, elle veut qu’il lui jure son amour sur son coeur« . Quant aux grands jetés qui suivent, ce sont les deux personnages qui se trouvent leur étoile dans la voie lactée, qu’ils se jurent de toujours retrouver dans n’importe quel endroit du monde.
Léonore Baulac et Germain Louvet font ensuite un petit retour en arrière pour travailler leur rencontre au bal des Capulet. Là encore, c’est la facette audacieuse de Juliette qui est mise en avant. « Juliette a été élevé par Tybalt, elle est un peu garçon manqué« , explique Clotilde Vayer. « Elle est plus spontanée que romantique« . Petit essai avant de s’arrêter, l’heure a tourné. Au final, cette répétition donne un avant-goût plutôt intéressant du couple Léonore Baulac/Germain Louvet. Les deux semblent plutôt bien dans leur rôle, Léonore Baulac est particulièrement rayonnante. Le partenariat fonctionne aussi plutôt bien. Après un mois de répétition, leur passage en scène s’est fait un peu plus vite que prévu, au gré des blessures des autres couples. Ils danseront également les 29 mars et 1er avril, à ne pas manquer.