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Jerome Robbins en dix ballets

Jerome Robbins a eu une longue vie, riche d’expériences diverses. Mais c’était un perfectionniste obsessionnel. Il laisse donc derrière lui un répertoire majeur bien qu’il n’ait composé que 60 pièces, ballets ou comédies musicales. C’est assez peu mais ce répertoire compte quelques chefs-d’oeuvre qui font chaque année le miel des grandes compagnies internationales. En cette année du centenaire de sa naissance, alors que Les Étés de la Danse rendent hommage au chorégraphe, DALP vous propose un petit voyage subjectif en vidéos à travers l’oeuvre  du chorégraphe américain.

 

1 – Fancy Free (1944)

Même si Jerome Robbins s’étais essayé à la chorégraphie auparavant avec des pièces à la manière de Broadway, Fancy Free est la pièce fondatrice de l’oeuvre du chorégraphe. On y trouve déjà les fondamentaux de son style et de son univers, avec une narration très simple, presque évidente : trois marins qui se disputent les faveurs de deux filles dans un bar. Et une danse punchy, virtuose qui allie technique classique et mouvements contemporains. C’est typiquement une scène de vie new-yorkaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale et cela préfigure le chef-d’oeuvre qui viendra 13 ans plus tard West Side Story. À voir par le Ballet de l’Opéra de Paris en octobre

 

 

2 – Afternoon of a Faun (1953)

Jerome Robbins est un musicien confirmé, amateur de musique française. Il reprend donc à son compte la partition de Claude Debussy, Prélude à l’Après-midi d’un Faune, composé pour le ballet de Vaslav Nijinski. Jerome Robbins en donne sa version qui fait écho évidemment à l’original. Mais le faune et sa nymphe deviennent un danseur et une danseuse dans un studio de répétition. Le ballet est créé en 1953 pour le New York City Ballet et c’est à l’époque une révolution esthétique et stylistique. À voir par le Ballet de l’Opéra de Paris en octobre

 

 

3 – The Concert (1956)

Voilà un des tubes du répertoire de Jerome Robbins et l’on comprend pourquoi : à la fois caricature d’un concert classique, évocation de l’ennui de la vie de couple, ballet surréaliste qui subitement déborde dans une fantaisie débridée, tout cela sur la musique de Chopin, le compositeur préféré du chorégraphe. The Concert est au répertoire aujourd’hui de toutes les compagnies. C’est une veine qui n’est pas courante chez Jerome Robbins, plus enclin à la mélancolie, mais The concert dans ce registre de la drôlerie est un petit bijou. À voir par le Ballet de l’Opéra de Bordeaux en juin.

 

 

4 – Moves (1959)

Ce qui est fascinant chez Jerome Robbins, c’est sa capacité à s’immerger dans toutes sortes d’univers. En 1959, il prouve qu’il est aussi un chorégraphe radical en composant Moves, une pièce sans musique si ce n’est le bruit que font avec leur pieds danseuses et danseurs. Ce ballet dans le silence permet aussi d’analyser en détail le geste chez Jerome Robbins.

 

 

5 – West Side Story (1961)

La comédie musicale est créée sur Broadway en 1957 mais c’est le film de Robert Wise qui donne à Jerome Robbins une célébrité planétaire. Ce triomphe vient de l’alchimie parfaitement réussie entre les paroles et chansons de Stephen Sondheim, la musique de Leonard Bernstein, le livret d’Arthur Laurents et la chorégraphie éblouissante de Jerome Robbins. Cette manière de danser, à la fois athlétique et rigoureuse, ces ensembles réglés au cordeau, cette capacité à singulariser tous les moments du livret et de la musique vont durablement influencer la comédie musicale mais aussi la danse contemporaine.

 

 

6 – Dances at a Gathering (1969)

C’est le ballet qui marque le retour de Jerome Robbins au New York City Ballet avec une distribution  de rêve où on retrouve Violette Verdy, Patricia McBride ou Edward Villella. Il retrouve là une fibre semi narrative avec cinq couples sur scène. Il choisit encore la musique de Chopin en alternant Valses, Mazurkas, Scherzos, Études et Nocturnes ce qui lui donne un éventail de tempos et de rythmes. C’est une oeuvre résolument classique et absolument indémodable. À voir aux Étés de la Danse en juin par le New York City Ballet

 

 

7 – In The Night (1970)

L’année suivante vint In The Night où on retrouve Violette Verdy, Patricia McBride mais aussi Peter Martins, jeune danseur du NYCB. On pourrait y voir un appendice à Dances at a Gathering, avec encore Chopin pour la musique et trois couples sur scène. Mais il semble plutôt que la chorégraphe n’avait pas exploité toutes les émotions qu’il voulait montrer à travers la musique de Chopin. In the Night est une description assez amère de la vie de couple, de la passion romantique à l’ennui conjugal et aux tentations de la chair. C’est une danse somptueuse, trois pas de eux et un ensemble final magistraux. À voir en juin aux Étés de la Danse en juin par le Miami City Ballet

 

 

8 – En Sol (1975)

Jerome Robbins revient à la musique française avec le Concerto en Sol majeur de Maurice Ravel. Il faut évidemment un grand pianiste pour interpréter cette partition. Musique aux accents jazzy qui permettent au chorégraphe de faire venir Broadway dans son ballet avec un 1er mouvement balnéaire qui va à 100 à l’heure suivi de l’adagio qui est l’un des plus beaux pas de deux écrit par le chorégraphe américain.

 

 

9 – Other Dances (1976)

C’est la dernière partie de la trilogie Chopin avec cette fois un seul couple sur scène. Mais quel couple : le ballet a été écrit pour Natalia Makarova et Mikhail Baryshnikov, deux exilé.e.s ayant fuit l’Union Soviétique, formé.e.s l’une et l’autre au Kirov où ils se sont connus. Jerome Robbins adore les danseur.se.s et il ne peut résister à ce superbe projet très simple dans sa structure : un piano sur scène (c’est un peu un gimmick chez Jerome Robbins) et une série de pas de deux et de solos éblouissants. Ce n’est pas la pièce la plus inventive stylistiquement du chorégraphe, mais son travail avecNatalia Makarova et Mikhail Baryshnikov est fantastique. Il offre à ces deux monstres sacrés un ballet où ils peuvent faire preuve de virtuosité avec fantaisie. À voir en juin aux Étés de la Danse en juin par le Miami City Ballet

 

 

10 – Glass Pieces (1983)

Aujourd’hui, il y a beaucoup – trop ! – de ballets sur la musique de Philip Glass. Mais au début des années 1980, le maitre de la musique répétitive est encore inconnu dans la monde de la danse. Jerome Robbins crée un chef d’oeuvre et la dernière pièce d’importance de sa carrière. Mélange de style incorporant la danse post-moderne et le ballet classique, pièce ultra new-yorkaise qui dépeint l’atmosphère  et les vibrations de la ville. C’est du grand art dont on ne se lasse jamais. À voir en juin aux Étés de la Danse en juin par le Joffrey Ballet et au Ballet de l’Opéra de Paris en octobre.


 



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