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En répétition – Un avant-goût de la comédie musicale Chicago

Après le succès de Grease la saison dernière, Stage propose l’adaptation française d’un grand classique de Broadway, Chicago de Bob Fosse, Fred Ebb et John Kander, à voir au Théâtre Mogador dès le 26 septembre. Comme de coutume, la société de production a ouvert ses portes à la presse à quelques semaines de la première, pendant les répétitions. Un avant-goût alléchant qui laisse présager un show des plus séduisants.

Sofia Essaïdi (Velma Kelly), Jean-Luc Guizonne (Billy Flynn) et Carien (Roxie Hart)

C’est l’un des rendez-vous de la rentrée : la visite des coulisses de la nouvelle production de Stage, au cœur du Théâtre Mogador. Cabaret, Le Roi Lion, Le Bal des vampires, Grease… Depuis plus de dix ans, ce spécialiste du genre propose au public français l’adaptation dans la langue de Molière d’un grand classique de Broadway, ne lésinant pas sur les moyens ni sur les distributions. Pour la saison 2018-2019, place à Chicago, « à l’univers à la fois élégant et sensuel« , explique Laurent Bentata, directeur de Stage. Deux mots qui reviennent souvent dans les explications de l’équipe artistique.

Le public du jour est invité à monter directeur dans le studio du théâtre, quelques étages plus haut, pour un premier aperçu du spectacle. Le temps de répétition est court : cela fait un peu plus de deux semaines que les artistes répètent, et la semaine des générales démarre dans une dizaine de jours. Les trois numéros proposés sont pourtant bien en place et laissent présager un show d’une belle qualité. Chanter, danser, jouer… Chicago est un musical exigeant techniquement, les rôles principaux ont d’ailleurs été donnés à des artistes d’expérience. Jean-Luc Guizonne (que l’on a vu dans Le Roi Lion ou Madiba), qui tient le rôle de Billy Flynn, démarre avec Mon truc à moi c’est l’amour, entouré de danseuses et de plumes. Allure dragueuse et ton dénué de scrupules, le personnage est là, même si le comédien, en pleine répétition, économise un peu sa voix. Idem pour Carien Keizer, qui joue Roxie Hart. Sa chanson présentée, évidemment, est l’emblématique Roxie, entourée de ses boys (qui sont, à l’image des danseuses, tous plus sexy les uns que les autres). Charme et glamour, le personnage est là d’emblée, pas étonnant pour cette actrice qui connaît bien Chicago et Roxie Hart, l’ayant déjà interprété dans la production allemande.

Enfin la superbe Sofia Essaïdi (repérée à la Star Academy et dans la comédie musicale Cléopâtre) se glisse dans la peau de sulfureuse Velma Kelly pour Faut qu’ça jazze, avec beaucoup d’engagement pour un personnage « bigger than life« . La chorégraphie d’Ann Reinking, fortement inspirée par celle de Bob Fosse, est d’une précision diabolique. Mais tout est déjà bien en place dans les trois numéros, aussi bien pour le casting principal que les ensembles, pour un tout vraiment bluffant. Un avant-goût des plus prometteurs.

 

 
 
 
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Aux répétitions @chicagolemusical avec la sublime Sofia Essaïdi.

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Direction ensuite le Foyer pour un petit historique de Chicago. Tout commence par une pièce de théâtre en 1926, inspiré d’un fait-divers survenu deux ans plus tôt. En 1975, John Kander, Fred Ebb et Bob Fosse s’en inspirent pour créer la comédie musicale Chicago, un univers « élégant et sensuel » sur fond de corruption de la justice américaine, mais aussi de la lutte des femmes pour se faire une place sur le devant de la scène. La musique est jazzy, rappelant les années 1920 ; la chorégraphie mélange jazz et claquettes dans un style très particulier, incarné par des ports de bras aux mains cassés donnant toute l’élégance aux silhouettes. Après une première exploitation, le show revient à Broadway 20 ans plus tard, en 1996. Le chorégraphe emblématique Bob Fosse est décédé depuis déjà plusieurs années. C’est Ann Reinking qui reprend le flambeau, créant pour cette production une chorégraphie « à la manière de » Bob Fosse. Cette production n’a depuis jamais quitté l’affiche de Broadway, s’offrant quelques stars (Usher, Patrick Swayze, Melanie Griffith, Brandy…) pour se relancer régulièrement. C’est cette production emblématique qui a été amené à Paris, même si Ann Reinking l’a retravaillée et transformée spécialement pour la scène française.

« La première du spectacle en 1975 était incroyable« , explique la chorégraphe, « c’était un show divertissant et en même temps très cynique« . Salut les blaireaux !, en anglais ‘Hello, Sucker !’, est en effet la phrase qui ouvre le spectacle. Ann Reinking est intarissable lorsqu’il s’agit de parler du spectacle, un musical « élégant« , « sensuel » (on vous l’avait dit), « fun » et très « chic » (en français). La chorégraphie de Bob Fosse est un mélange de beaucoup d’influences : du vaudeville, des claquettes (il y en a beaucoup), une danse jazz élégante, le cinéma… et aussi quelques touches de George Balanchine. « Bob Fosse aimait beaucoup la façon dont George Balanchine savait mettre en avant les femmes« , explique Ann Reinking. « Dans Chicago, ce sont les femmes qui tiennent la scène, qui dirigent, un peu comme le faisait Balanchine« . Après les explications, place à la pratique avec un danseur et une danseuse qui propose trois petites illustrations du style Bob Fosse. Place d’abord aux ports de bras représentatifs de Chicago, aux mains cassées qui encadre le visage. Puis un numéro de claquettes très précis, mâtinées de passages en cinquième et d’arabesques, preuve de l’influence de la danse académique chez le chorégraphe. Le couple montre enfin un passage beaucoup plus rythmé, très jazzy, sans jamais se départir d’une certaine élégance.

Retour enfin dans le studio de répétition pour découvrir l’orchestre. « On a reçu 516 candidatures« , raconte le chef Dominique Trottein. « 116 ont été retenus pour un premier casting, 40 ont été choisies« . L’orchestre est composé de 14 musiciens et musiciennes – beaucoup de cuivres, de percussions, deux pianos, etc. Ceux et celles présents sont là pour toutes les répétitions et les trois premières semaines du spectacle, avant de laisser place à d’autres musiciens et musiciennes qui vont se succéder tout au long des quelques mois de représentations.

Rob Bowman, le superviseur américain venu pour monter la production française et qui connaît le show comme sa poche, explique le ton de la partition. « Chicago, ce sont les années 1920. C’est l’époque du droit de vote accordé aux femmes, mais aussi de la prohibition« , raconte-t-il. « C’était le temps où l’on tapait trois coups sur une porte pour entrer dans un bar clandestin. Qu’écoutait-on dans ces lieux ? Le nouveau jazz. On avait l’habitude d’un jazz assez élégant, le ragtime. Place dans ces années-là et ces bars-là à un jazz plus énergique, plus électrique, plus ‘hot’, plus sexy !« . La partition de Chicago a été composée dans cet esprit. Et quand l’orchestre se lance dans l’ouverture, ça envoie et ça swingue ! Un avant-goût décidément excitant de Chicago. Rendez-vous au Théâtre Mogador du 18 au 25 septembre pour une série de générales, avant plusieurs mois de représentations.

 

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