Le Lac des Cygnes – Qui voir danser sur scène ?
Le Lac des Cygnes, dans sa version de Rudolf Noureev, revient l’Opéra de Paris du 11 mars au 9 avril. La dernière série de ce ballet remontait à cinq ans, et n’avait pas forcément laissé des souvenirs impérissables. Celle de 2015 devrait être différente. Beaucoup de distributions se succèderont, de la grande Étoile qui s’apprête à partir à la génération montante. Avant le début des représentations, le point sur les différents trios.
La distribution « S’il n’en fallait qu’une »
Héloïse Bourdon (Odette/Odile), Josua Hoffalt (Siegfried) et Florimond Lorieux (Rothbart) : les 14, 19 et 27 mars. Avec Karl Paquette (Rothbart) : le 17 mars et le 2 avril.
Héloïse Bourdon, c’est la Sujet que l’on ne remarque pas forcément dans des petits rôles, mais qui se transforme en star quand elle a un rôle d’Étoile (ceux et celles qui ont vu sa Nikiya s’en souviennent encore). Cette danseuse a déjà travaillé Le Lac des Cygnes, elle a la technique et le physique idéal pour ce genre de rôle. Le grade de Sujet n’est pas vraiment représentatif de ce qu’elle est, de son charisme et de sa personnalité. C’est de plus la première fois qu’elle est titulaire d’un premier rôle, avec donc un temps de préparation adéquat, et plusieurs représentations pour affiner ce personnage. Héloïse Bourdon devrait former un couple harmonieux avec Josua Hoffalt, danseur en pleine forme ces derniers mois qui devrait proposer un travail abouti. En Rotbhart, Florimond Lorieux a enfin sa chance. Un beau trio prometteur.
Les distributions « Les jeunes solistes explosifs » (à ne pas manquer non plus) (j’ai du mal à me décider)
Sae Eun Park (Odette/Odile), François Alu (Siegfried) et Stéphane Bullion (Rothbart) : le 9 avril.
Voilà une distribution de jeunes solistes qui a de quoi enthousiasmer ! On ne présente plus François Alu, aussi brillant techniquement que possédant déjà une belle maturité artistique. Naturellement, le danseur est plus porté vers les rôles de demi-caractère, il sera donc intéressant de le voir cette fois-ci évoluer dans la peau du Prince. Sae Eun Park a montré en Naïla, en décembre dernier, qu’elle n’était pas qu’une superbe technicienne, mais aussi une fine interprète. Lors d’une répétition publique, elle a déjà montré un très beau Cygne blanc. Reste à voir si elle sera devenir venimeuse pour le Noir, plutôt probable au vu de ses formidables qualités. Les deux jeunes seront entourés par une Étoile plus expérimentée, Stéphane Bullion, formidable dans le rôle de Rothbart, avec une vraie force théâtrale.
Hannah O’Neill (Odette/Odile), Yannick Bittencourt Audric Bezard (Siegfried) et Karl Paquette (Rothbart) : le 8 avril
EDIT 16 mars – Audric Bezard dansant finalement avec Laura Hecquet, Hannah O’Neill est associé à Yannick Bittencourt, jusque là remplaçant. Bon danseur de valeur, il n’a que trop rarement été en valeur. Voilà donc une belle occasion de le découvrir dans un premier rôle, qui devrait très bien lui convenir. Ce sera un véritable couple de jeunes débutants, l’épreuve du feu du premier rôle qui devrait être très intéressant.
Voilà une prise de rôle pour le moins excitante ! Hannah O’Neill crève la scène depuis plusieurs années et a réussi un très beau concours de promotion. Odette/Odile sera don premier rôle d’Étoile, quel défi pour démarre ! Mais la jeune danseuse, brillante, pourrait bien y arriver haut la main. Elle sera entourée par Audric Bezard, très bon partenaire et danseur toujours investi, ainsi que par l’expérimenté Karl Paquette, excellent en Rothbart.
Les distributions « Pourquoi pas »
Ludmila Pagliero (Odette/Odile), Mathias Heymann (Siegfried) et Alessio Carbone (Rothbart) : le 16 mars. Avec Karl Paquette (Rothbart) : le 11 mars. Avec Sae Eun Park (Odette/Odile) les 24 et 30 mars.
EDIT 19 mars – Suite à une blessure, Sae Eun Park remplace Ludmila Pagliero en Odette/Odile pour les date du 24 et 30 mars. Elle formera un couple inédit avec Mathias Heymann.
Ludmila Pagliero n’en finit plus de progresser depuis sa nomination, montrant une danse toujours plus affinée et ciselée… Même si elle n’a pas forcément réussi à marquer un rôle de sa personnalité. Odette/Odile sera-t-il le bon ? Ce n’est pas forcément le personnage dans lequel on imagine le mieux la ballerine, mais pourquoi pas, si le couple avec Mathias Heymann fonctionne bien. Le danseur revient d’une longue blessure. Lors de la dernière reprise, il était encore tout foufou. Son évolution devrait être marquante. Ce trio est complété par la présence d’Alessio Carbone en Rothbart, danseur d’une grande qualité malheureusement un peu trop absent (raison de plus pour y aller).
Laura Hecquet (Odette/Odile), Audric Bezard Vincent Chaillet (Siegfried) et Stéphane Bullion (Rothbart) : les 1er et 6 avril. Avec Karl Paquette (Rothbart) le 23 mars.
EDIT 16 mars – Vincent Chaillet est finalement retiré des distributions. C’est Audric Bezard qui dansera avec Laura Hecquet. Un couple qui semble plus harmonieux. Le résultats devrait être séduisant.
Voilà la distribution du couple de solistes expérimentés. Laura Hecquet et Vincent Chaillet ont déjà dansé ensemble, déjà dansé des premiers rôles. Elle a montré de belles qualités de Cygne au dernier Concours de promotion, c’est une danseuse musicale et intelligente. Lui est un partenaire attentif, même si ce n’est pas dans les rôles de Prince qu’il se démarque le plus.
La distribution « À voir »
Emilie Cozette (Odette/Odile), Josua Hoffalt Stéphane Bullion (Siegfried) et Karl Paquette (Rothbart) : les 23 mars et 2 avril.
EDIT 30 avril – Emilie Cozette est finalement retirée des distributions. Josua Hoffalt dansera bien ce soir-là, mais avec Héloïse Bourdon.
EDIT 17 mars – Josua Hoffalt remplace finalement Stéphane Bullion dans le rôle de Siegfried, ce dernier se concentrant sur le personnage de Rothbart (où il excelle).
Il faut bien le dire, la distribution de la première n’est pas la plus brillante sur le papier. Emilie Cozette n’avait pas marqué les esprits dans ce rôle lors de la dernière reprise, même si elle avait sauvé la série en dansant énormément de représentations. Depuis, elle a eu quelques blessures, s’est longtemps arrêtée. Ce ballet sera d’ailleurs sa reprise après plus d’un an loin de la scène. Karl Paquette excelle en Rothbart, mais Stéphane Bullion n’est pas forcément le Prince idéal. Le trio semble ainsi déséquilibré. À voir ce que cela sera en scène.
La distribution annulée, et c’est bien dommage
Aurélie Dupont (Odette/Odile), Audric Bezard (Siegfried) et Karl Paquette (Rothbart).
Un dernier Cygne d’Aurélie Dupont avant ses adieux ? L’idée était belle. Mais elle ne se fera finalement pas, la danseuse étant retirée des distributions en début de série.
Joelle
J’en suis déjà à 4 distributions (telles qu’affichées pour le moment)… Vais-je craquer pour la 5ème ??? 🙂
pascale
Et bien moi ce sera la distribution « les jeunes solistes explosifs », j’aurai préféré la distribution. « S’il n’en fallait qu’une » , mais je suis déjà tellement contenté d’avoir des places!!
Sarah
Sait-on pourquoi Aurélie Dupont a été retirée des distributions?
Jade Larine
Ce que vous racontez Damien est particulièrement réjouissant. Nous n’attendions en effet plus ce providentiel cygne « made in POB ». Amélie a (encore) eu un sacré flair en sortant cette distribution du lot avant même en avoir vu la couleur. Et en lisant vos mots, on se sent d’autant plus obligé d’aller voir Héloïse Bourdon dans ce rôle habité.
Amélie Bertrand
@ Joëlle : Je sens que tu vas craquer 😉
@ Pascale : Et on attend votre avis !
@ Sarah : Pas de raison officielle. On peut penser à une blessure et/ou une volonté de se préserver pour ses adieux dans Manon.
@ Damien et Jade : Je verrai le couple Bourdon/Hoffalt ce jeudi, j’ai hâte 🙂
Noor
Damien a dit tout ce que j’aurais eu à dire, et tout ce que j’espérais lire en venant ici. J’en ai eu le coeur qui bat et les larmes aux yeux, je n’en reviens pas de ma chance de m’être trouvée là.
Joelle
Beau lac des Cygnes hier soir avec L. Pagliero/M. Heymann (bien en forme !) et A. Carbone. Mais remplacement « au pied levé » de Ludmila par Héloïse Bourdon à l’acte IV, sans qu’Héloïse ait le droit de venir saluer… Dommage pour elle et on espère que ce n’est pas grave pour L. Pagliero ! J’ai bien aimé aussi E. Guérineau, A. Madin, S. Valastro, M. Ganio, D. Stokes et H. O’Neill !
hakim
Un trio de très haut niveau hier soir à Bastille avec Josua Hoffalt, Héloïse Bourdon et Karl Paquette .
Une démonstration de virtuosité, de talents et de beauté qui prouvent que l’Opéra de Paris n’est pas tout à fait dans les choux et qu’il reste de l’espoir pour ceux qui avaient perdu le goût d’aller dépenser des sommes astronomiques pour rien ou simplement partager de la déception d’une succession de spectacles insipides. Eh bien là, on ne regrette pas sa mise Le ballet de Noureev est un pur moment de bonheur avec un corps de ballet exceptionnel et des solistes impeccables et de tout premier ordre qui font (enfin) rêver. Fini l’ennui, le Lac des cygnes est un pur chef d’oeuvre. Les danseurs étoiles Josua Hoffalt et Karl Paquette sont au sommet de leur art et de leur talent. Bien que souvent programmés dans des ballets moins prestigieux où ils peinent à s’imposer, ils réussissent à offrir ici des prestations taillées pour eux. La prise de rôle de Jossua Hoffalt est exceptionnelle. Toutes les qualités de ce beau danseurs explosent pour notre plus grande satisfaction . Quant à Karl Paquette, il est et vit de toute son âme le personnage machiavélique de Rothbart, une dimension enfin à la mesure de ce danseur chevronné et talentueux relégué trop souvent à toutes les sauces. C’est un nouveau Karl Paquette, celui de ses débuts que l’on avait un peu oublié, mordant et magistral qui envahit la scène. Pour terminer je ne sais comment exprimer ce que j’ai ressenti en voyant tour à tour danser Mademoiselle Héloïse Bourdon dans les rôles délicats de Odette et Odile. Cette jeune fille a tout simplement touché mon âme au plus profond et je n’arrive pas à oublier la silhouette fragile et délicate de son Odette en cygne blanc et son contraire, la perverse et cynique Odile en cygne noir . A tel point qu’on dirait deux danseuses différentes. Mademoiselle Bourdon est une exception dans cette compagnie et merci à Benjamin Millepied d’avoir mis en lumière cette danseuse hors catégorie dont le pouvoir et le magnétisme sur scène sont indescriptibles. Il faut la voir pour le croire. Par contre ce qui est difficile à croire c’est qu’elle n’est que « sujet » dans la compagnie. Il y a vraiment là une erreur qui sera je le souhaite pour elle rapidement corrigée. Mademoiselle Bourdon a toutes les qualités, la personnalité, la technique et le potentiel pour dominer au firmament de cette compagnie où sa présence au meilleur échelon ne serait pas superflue. Mademoiselle Bourdon ne peut être qu’une Etoile en devenir. Le public ne s’y est pas trompé qui a réservé à ce trio magnifique une ovation plus que méritée.
Valérie
Héloïse Bourdon, comme on pouvait s’en douter à la vue des concours de ces dernières années, est un très beau cygne. Ce qui m’enchante encore plus par rapport à ce que j’attendais, c’est une interprétation très juste, en Odette comme en Odile, ce qui n’est pas évidement sur ce double-rôle si difficile. Elle a un travail du haut du corps très abouti, au port de bras précis et moelleux. Vraiment, elle mériterait un autre partenaire car j’avoue être complément surprise des louanges lues sur Josua Hoffalt. Non seulement, il n’est pas du tout en phase avec l’histoire au point de vue interprétation, où est la mélancolie d’un prince, il confond Albrecht et Siegfried à mon avis et on ne comprend rien au premier et deuxième acte. Au point de vue technique, les réceptions instables au premier acte, alors même qu’il ne tente pas les sauts plus difficiles dans la variation de Siegfried du 3e, partenariat parfois un peu limite, peut-être Héloïse est-elle un peu trop grande pour lui mais quand même ! Bref, à cause de lui, ce lac ne m’a pas emporté alors qu’on avait une superbe cygne…
sandra
Quand je lis tous ces commentaires sur Héloïse Bourdon ça me fait encore plus rager de ne pas pouvoir la voir dans ce ballet! Si vraiment elle est à la hauteur de tous ces éloges pourquoi n’est-elle pas nommée première danseuse sur le champ ?!
Lou
@sandra
La faute à ce concours de promotion archaïque et désuet…
Il y a beaucoup beaucoup d’injustice dans la hiérarchie du ballet, le concours de promotion a trop d’emprise sur la compagnie et la nommer premier en danseuse aussitôt ou même étoile serait une grave entorse controversée , et vu comme Une sorte d’abus de pouvoir de la part de Millepied.
Mais ce n’est pas inconcevable, après tout il peut se le permettre, mais ce serait plutôt pour la nommer étoile je pense.
Amélie Bertrand
Merci à tous et toutes pour vos avis sur les représentations !
@ Sandra : Je ne sais pas si les statuts autorisent Benjamin Millepied à nommer une Première danseuse autrement que par le Concours de promotion. Ça serait en tout cas mérité.