Saison 2015-2016 – Le Ballet de l’Opéra de Paris
Le Ballet de l’Opéra de Paris dévoile sa saison 2015-2016 le 4 février. Une saison toute particulière, puisque c’est la première signée par Benjamin Millepied, le nouveau Directeur de la Danse. Plus généralement, c’est une nouvelle étape pour l’institution, puisqu’il s’agit aussi de la première saison de Stéphane Lissner, nouveau directeur de l’Opéra de Paris.
La saison en quelques chiffres et idées
Cette nouvelle saison marque le début d’un cycle de six ans, construit par Stéphane Lissner et Benjamin Millepied. Trois idées portent cette première année : l’unité (entre opéra et danse avec des projets communs), l’ambition (avec la venue de grands noms internationaux) et l’équilibre artistique (du baroque au contemporain).
Pour la danse, cette saison 2015-2016 sera marquée par la nouveauté, avec pas moins de neuf entrées au répertoire et créations, majoritairement venues de la danse anglo-saxonne. Pour Benjamin Millepied, tout ses choix se sont fait en rapport avec la musique. « Je veux mettre l’art chorégraphique à la hauteur des partitions choisies. L’idée n’est pas d’illustrer la musique mais de faire entendre des choses nouvelles« .
Le Ballet de l’Opéra de Paris et l’École de Danse danseront 14 séries pour 164 représentations (118 au Palais Garnier + 46 à l’Opéra Bastille), ainsi que 12 représentations d’une soirée mêlant opéra et danse (Casse-Noisette, voir ci-dessous), 12 représentations dans les espaces publics (Boris Charmatz, voir ci-dessous) et 3 représentations en province (voir ci-dessous). Seules deux femmes chorégraphes sont programmées.
Le gala d’ouverture
Comme c’est la tradition dans les compagnies américaines (d’où vient Benjamin Millepied), la saison 2015-2016 du Ballet de l’Opéra de Paris démarrera avec un gala, le 24 septembre. La soirée démarrera avec le Défilé du Ballet, qui (stupeur) ne sera pas dansé sur la musique de Berlioz, mais sur Richard Wagner (la musique de base du Défilé en fait, avant qu’elle ne soit remplacée par Berlioz). Le programme sera composé de Thème et Variations de George Balanchine (qui n’a pas été dansé depuis 20 ans par le Ballet de l’Opéra de Paris) et une nouvelle création de Benjamin Millepied. Les places ne seront vendues que par l’AROP, à des prix surtaxés. Ce sera la seule occasion de la saison de voir le Défilé.
Le 24 septembre 2015 au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Philippe Jordan et Maxime Pascal.
Casse-Noisette – Soirée opéra/danse
Stéphane Lissner et Benjamin Millepied ont très vite indiqué qu’ils voulaient monter des soirées mêlant l’opéra et la danse. Ce sera chose faite avec cette série où sera joué chaque soir deux oeuvres de Tchaïkovski : l’opéra Iolanta et le ballet Casse-Noisette, comme lors de leur création en 1892. Ce dernier ballet sera une création, partagée entre cinq chorégraphes, qui travailleront chacun sur un passage précis : Sidi Larbi Cherkaoui, Edouard Lock, Arthur Pita, Liam Scarlett et… Benjamin Millepied, qui s’occupera de la Valse des Fleurs et du Grand pas de deux. La soirée se fera autour du du metteur en scène Dmitri Tcherniakov et du chef Alain Altinoglu. Pas sûr que cette version mixte de Casse-Noisette rentre dans les annales. L’idée est en tout cas originale, tout comme la soirée qui mélange les genres.
Du 9 mars au 8 avril 2016 (avant-première le 7 mars), treize représentations au Palais Garnier. Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris, direction musicale Alain Altinoglu et Marius Stieghorst (le 1er avril).
Soirée William Forsythe, nouveau chorégraphe associé au Ballet de l’Opéra de Paris
Trois ballets : Approximate Sonata (nouvelle version), une création mondiale et Of any if and (entrée au répertoire).
On pensait William Forsythe à la retraite, il devient chorégraphe associé au Ballet de l’Opéra de Paris (ce qui laisse donc penser à d’autres créations dans les saisons à venir). Il participera également activement à l’Académie chorégraphique que lance Benjamin Millepied en septembre 2015. La soirée sera composée d’une nouvelle version d’Approximate Sonata, de l’entrée au répertoire d’Of any if and (créé en 1995 pour le Ballet de Francfort) et d’une création mondiale. Cette dernière devrait être « un hommage au romantisme et à l’art du ballet, sur pointes« , selon Benjamin Millepied. William Forsythe et l’Opéra de Paris, c’est une association qui fait des merveilles à chaque fois, le chorégraphe poussant la technique classique des danseur-se-s au bout. À ne pas rater.
Du 4 au 16 juillet 2016, onze représentations au Palais Garnier. Musique enregistrée.
Soirée Robbins/Millepied/Balanchine
Trois ballets : Thème et Variations de George Balanchine, Opus 19/The Dreamer de Jerome Robbin et une création mondiale de Benjamin Millepied.
La saison démarrera vraiment avec cette soirée mixte on ne peut plus américaine, qui peut être une vraie réussite si les ballets sont remontés avec soin. Au programme, la reprise du superbe ballet de George Balanchine Thème et Variations, basée sur la technique classique virtuose et mettant aussi bien en avant le corps de ballet que les Étoiles. Opus 19/The Dreamer de Jerome Robbins fera son entrée au répertoire, ballet plus méconnu du public français. Enfin Benjamin Millepied proposera une création mondiale (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même). Cette création sera un travail avec les jeunes du corps de ballet.
Du 25 septembre au 11 octobre 2015 (avant-première le 22 septembre), douze représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Maxime Pascal.
Soirée Pierre Boulez
Trois ballets : Polyphonia de Christopher Wheeldon, une création de Wayne McGregor et Le Sacre du Printemps de Pina Bausch.
Il ne s’agit pas forcément d’une soirée sur des musiques de Pierre Boulez, mais aussi sur des partitions qu’a dirigé avec brio le compositeur : Ligeti pour Polyphonia, Stravinsky pour Le Sacre et Boulez lui-même pour la création de Wayne McGregor. Christopher Wheeldon est dansé un peu partout dans le monde, Polyphonia en particulier. Cela correspondra-t-il à la façon de danser de la troupe parisienne ? À voir en scène. Wayne McGregor a toujours été inspiré par l’Opéra de Paris, en tout cas pour Genius. Son style extrême se mélange bien aux capacités physiques des artistes parisien-ne-s. À noter qu’une autre de ses créations sera attendue en 2017, avec des solistes de Paris et de la troupe du chorégraphe. Enfin Le Sacre du Printemps de Pina Bausch, chef-d’oeuvre, magnifiquement interprété à Garnier. Une belle soirée mettant en valeur différentes facettes de la danse d’aujourd’hui.
Du 3 au 31 décembre 2015 (avant-première le 1er décembre), 18 représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Vello Pähn.
Soirée Anne Teresa De Keersmaeker
Trois ballets (trois entrées au répertoire) : Quatuor n°4, Die grosse Fuge et Verklärte Nacht d’Anne Teresa De Keersmaeker.
Question : Benjamin Millepied a-t-il vu la reprise de Rain avant de programmer cette soirée ? Anne Teresa De Keersmaeker est une chorégraphe géniale, mais rien n’est moins sûr qu’elle convienne vraiment aux artistes du Ballet de l’Opéra de Paris. Un programme qui laisse donc perplexe, pas par l’intérêt des oeuvres, mais parce que cette collaboration n’a jusqu’alors pas vraiment séduit. La soirée sera en tout cas musicalement riche, entre Bartók, Beethoven et Schönberg (pour Verklärte Nacht, qui s’inscrit dans une programmation opéra/danse autour du compositeur).
Du 22 octobre au 8 novembre 2015 (avant-première le 21 octobre), quinze représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris.
Les créations et entrées au répertoire
De nombreuses soirées mixtes devraient émailler la saison, avec plusieurs entrées au répertoire et créations. « L’enjeu, c’est l’avancement du ballet, créer des ballets de notre temps », explique Benjamin Millepied.
Jérôme Bel proposera ainsi une nouvelle création, après son oeuvre Véronique Doisneau il y a dix ans que Benjamin Millepied avait beaucoup apprécié. Justin Peck créera aussi un nouveau ballet, sur le Concerto pour deux pianos et orchestre en ré mineur de Francis Poulenc. Le jeune chorégraphe, venant tout droit du New York City Ballet, proposera aussi une entrée au répertoire de sa pièce In Creases, créée en 2012 pour sa troupe américaine.
En plus de Opus 19/The Dreamer, Les Variations Goldberg de Jerome Robbins fera aussi son entrée au répertoire, tout comme deux ballets de George Balanchine : Duo concertant et Brahms-Schönberg Quartet. Alexei Ratmansky sera aussi de retour avec son ballet Seven Sonatas, créé pour l’ABT en 2009.
La troupe fera entrer à son répertoire Les Applaudissements ne se mangent pas de Maguy Marin.
Ce choix de nombreuses soirées mixtes a été fait pour mettre toutes les Étoiles en valeur. « Les ballets de Balanchine et Robbins vont stimuler la technique. C’est important d’avoir beaucoup de ballets sur pointes« , explique Benjamin Millepied
Soirée Bel/Robbins – Une création de Jérôme Bel et Les Variations Goldberg de Jérôme Robbins – Du 5 au 20 février 2016, quatorze représentations au Palais Garnier.
Soirée Ratmansky/Balanchine/Robbins/Peck – Seven Sonatas d’Alexeï Ratmansky, Duo concertant de George Balanchine, Other Dances de Jerome Robbins et In Creases de Justin Peck – Du 24 mars au 5 avril 2016 (avant-première le 22 mars), sept représentations au Palais Garnier.
Les Applaudissements ne se mangent pas de Maguy Marin – Du 25 avril au 3 mai 2016, huit représentations au Palais Garnier.
Soirée Peck/Balanchine – Une création de Justin Peck et Brahms-Schönberg Quartet de George Balanchine – Du 2 au 15 juillet 2016, sept représentations à l’Opéra Bastille.
La Bayadère de Rudolf Noureev
La Bayadère de Rudolf Noureev a quelque chose dont on ne se lasse pas. Un beau trio de personnages, une Idole dorée qui brille, pleins de seconds rôles, un troisième acte blanc… Le tout dans une production somptueuse qui a bien vieilli, et une chorégraphie pas trop tarabiscotée. La nouvelle génération d’Étoile devrait y briller, avec pourquoi pas une invitée ?
Du 17 novembre au 31 décembre 2015, 23 représentations à l’Opéra Bastille. Orchestre Colonne, direction musicale Fayçal Karoui.
Roméo et Juliette de Rudolf Noureev
Certains ballets de Rudolf Noureev ont mal vieilli. Roméo et Juliette ne fait pas partie de ceux-là. Au contraire, c’est peut-être l’oeuvre du danseur qui a le mieux passé le temps, portée par une mise en scène géniale. Le drame au coeur entre deux familles qui se déchirent, on ne s’en lasse pas. Beaucoup d’Étoiles devraient y faire leur prise de rôle, ou l’approfondir après l’avoir encore peu dansé. Une série excitante, un grand classique à voir.
Du 19 mars au 16 avril 2016, quinze représentations à l’Opéra Bastille. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Simon Hewett.
Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot
Six ans que le public français n’avait pas eu le droit à sa Giselle, oeuvre si symbolique de la danse française. Beaucoup donné en tournée, le ballet ne s’était pas arrêté à Garnier depuis longtemps, et il est attendu de pied ferme. Une histoire universelle, le romantisme, le monde des Willis… Giselle fait partie de ces ballets intemporels qui se regardent avec toujours autant d’émerveillement. Là encore, plusieurs prises de rôle sont à attendre. Ou pourquoi pas une dernière Giselle de Laëtitia Pujol, dont c’est le rôle-phare ?
Du 28 mai au 14 juin 2016, (avant-première le 27 mai), quatorze représentations au Palais Garnier. Orchestre des Lauréats du CNSMDP, direction musicale Koen Kessels.
20 danseurs pour le XXème siècle de Boris Charmatz
Boris Charmatz, jeune chorégraphe français, crée une pièce particulière pour le Ballet de l’Opéra de Paris. Elle sera présentée dans les espaces publics du Palais Garnier. Le public la découvrira au fil de ses déambulations dans le Foyer ou le grand escalier. 1.000 personnes par soir pourront y assister, au tarif unique de 15 euros. Question style, Boris Charmatz se situe plus dans une veine de la « non-danse ». Personnellement, ses créations m’ont très peu intéressée, mais ce contexte de représentations au Palais Garnier est très différent.
Du 22 septembre au 11 octobre 2015, 13 représentations de 18 h à 19 h 30 dans les espaces publics du Palais Garnier.
L’École de Danse de l’Opéra de Paris
Les Démonstrations de l’École de Danse de l’Opéra de Paris auront lieu les 5, 13 et 20 décembre 2015, au Palais Garnier.
Le spectacle aura lieu du 14 au 28 avril 2016 au Palais Garnier, pour quatre représentations (Orchestre des Lauréats du CNSMDP, direction musicale Guillermo García Calvo). Les élèves danseront Conservatoire d’Auguste Bournonville, Les Forains de Roland Petit et Piège de lumière de John Taras. Un programme très « école française », plutôt en contraste avec la programmation de la compagnie. Mais ces trois ballets font partie des classiques de l’École de Danse.
Les tournées
Pour l’instant, seule une tournée du Ballet de l’Opéra de Paris est annoncée : au Quartz de Brest les 11, 12 et 13 mai 2015, avec le programme Ratmansky/Balanchine/Robbins/Peck. L’ouverture à la province est donc pour l’instant limitée, mais les tournée en France devraient se développer et avoir lieu chaque année.
Aucune tournée internationale n’est annoncées pour la saison prochaine. La compagnie devrait se rendre au Japon en 2017 et aux Etats-Unis en 2018.
Les compagnies invitées
Trois compagnies étrangères sont invitées pour la saison 2015-2016. L’English National Ballet fera un détour par le Palais Garnier, avec son ballet Le Corsaire. Et qui dit English National Ballet dit sûrement Alina Cojocaru, Prima Ballerina très appréciée du public. Rosas d’Anne Teresa De Keersmaeker donnera des représentations présentées au Centre Pompidou. Enfin la Batsheva Dance Company présentera un spectacle. Le choix paraît un peu étrange pour ces deux dernières, habituées des théâtres parisiens. Pas sûr que le public soit prêt à payer une place 3 à 4 fois plus cher pour voir ces compagnies quand elles passent régulièrement au Théâtre de la Ville pour 30 euros.
Batsheva Dance Company – Three d’Ohad Naharin – Du 5 au 9 janvier 2016, six représentations au Palais Garnier (musique enregistrée).
Rosas – Work d’Anne Teresa de Keersmaeker – Du 26 février au 5 mars 2016, neuf représentations/expositions au Centre Georges Pompidou.
English National Ballet – Le Corsaire d’Anne-Marie Holmes – Du 21 au 25 juin 2016, six représentations au Palais Garnier.
Les prix
Les prix des catégories 4 à 6 ne changent pas, avec les fluctuations établies en fonction du jour pour la quatrième. Les catégories supérieures sont par contre augmentés. Certaines places optima grimpent à 154 euros, la première catégorie à 132 (contre 92 euros il y a encore quelques années), la deuxième catégorie tourne autour de 90 euros. La catégorie 3, normalement à 45 euros, passe selon les spectacles à 60 euros.
Le record est atteint pour Giselle, où la place Optima est à 165 euros (une place d’orchestre voit donc son prix doubler en quatre ans), la catégorie 3 est à 72 euros (le prix d’une catégorie 2 l’année dernière). Un vrai paradoxe pour une direction qui se défend de vouloir toucher un plus large public.
À Bastille (pour La Bayadère et Roméo et Juliette), les catégories Optima à 3 augmentent d’une dizaine d’euros. La place la plus chère atteint ainsi 154 euros (contre 130 cette saison). La catégorie 3 peut monter jusqu’à 77 euros (contre 65 actuellement).
Quelques places changent aussi de catégorie. À Garnier, plus de places d’orchestre passent de la catégorie 1 à Optima (tout le devant). Par contre, les places au fond sur les côtés passent de la catégorie 1 à 2. Les premiers rangs des grandes premières loges passent en Optima, quelques places au fond des premières loges passent de catégorie 4 à 3. Pas de changement à Bastille.
Communications et innovations
Les avant-premières jeunes
Sur le modèle de la Scala de Milan, l’Opéra de Paris lance la saison prochaine les avant-premières jeunes. Pour 13 spectacles, une représentation sera prévue avant la première officielle, ouvert aux jeunes de moins de 28 ans pour 10 euros la place. Pour la danse cela concerne les spectacles Iolanta/Casse-Noisette, Boris Charmatz, Robbins/Millepied/Balanchine, Anne Teresa de Keersmaeker, Wheeldon/McGregor/Bausch, Ratmansky/Balanchine/Robbins/Peck et Giselle.
Les Concertini
Dans les espaces publics du Palais Garnier et de l’Opéra Bastille, un mini-concert de 30 minutes sera proposé avant le début des représentations pour huit spectacles de la saison. Pour la danse, cela concerne Iolanta/Casse-Noisette, Anne Teresa de Keersmaeker et Wheeldon/McGregor/Bausch). Des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris offriront de petits concerts mettant à l’honneur le compositeur de la soirée.
La plateforme numérique la 3ème scène
En septembre 2015, l’Opéra de Paris va lancer 3ème scène, une plateforme numérique destinée à la création. Elle accueillera des productions commandées par l’Opéra à des cinéastes, des chorégraphes, des photographes, des plasticiens et des écrivains, mais aussi des archives et des programmes pédagogiques. Dès le 4 février, 17 films de Benjamin Millepied, sur les17 Étoiles de la Maison, seront en ligne.
Retransmission au cinéma
Le partenariat entre l’Opéra de Paris et UGC continue. Mais la présence de la danse reste faible. Seules deux soirées seront ainsi diffusées au cinéma le programme Robbins/Millepied/Balanchine et Iolanta/Casse-Noisette.
Que penser de cette saison 2015-2016 ?
Benjamin Millepied avait dit : « L’important, c’est le classique« . C’est surtout le néo-classique au vu de la programmation, très new-yorkaise. Mais les nouveautés font plutôt envie.
Wheeldon, Ratmansky, Peck… Aujourd’hui, toutes les compagnies du monde dansent ces chorégraphes. Les choisir n’est pas vraiment d’une grande originalité. Mais ils sont doués, ont des idées, et leur travail peut donner un coup de fouet à une compagnie qui s’endort un peu. On peut toutefois regretter que, mis à part Giselle, la danse typiquement française n’est pas représentée. Pas de Serge Lifar, de Roland Petit, de Maurice Béjart, de Pierre Lacotte. Pas de jeunes talent non plus, ni même de Mats Ek ou Jiří Kylián qui ont façonné le récent répertoire de l’Opéra de Paris. À l’heure ou la danse a tendance à se ressembler aux quatre coins du monde, aux écoles à perdre de leurs spécificités, c’est dommage.
L’impression qui reste est que Benjamin Millepied a un peu construit cette saison à l’aveugle, sans vraiment connaître la troupe (comme tout s’est programmé il y a un an, c’est probablement le cas). Il a donc pioché dans ce qu’il connaît et ses coups de coeur, quitte à se répèter (parce que deux nouveaux Robbins, deux nouveaux Balanchine et deux Peck la même saison, c’est un peu tirer sur les mêmes ficelles).
En soi, ce vent de nouveautés est séduisant. La troupe a besoin d’un nouveau souffle, les programmes sont bien construits, en pensant d’abord à la musique. Le public va arriver à se passer de Roland Petit pendant une saison. Et cet esprit anglo-saxo pourrait bien fonctionner avec les danseurs et danseuses de la compagnie parisienne. Reste que si les six saisons prochaines sont dans la même veine, le Ballet de l’Opéra de Paris risque de se transformer en annexe du NYCB.
Et vous, que pensez-vous de cette saison 2014-2015 du Ballet de l’Opéra de Paris ?
sandra
Une saison trop américaine pour moi ! Donc Giselle me tente bien ! Jai pas trop trop compris lavant première pour les jeunes, ce sera réservé aux abonnés ?
K9
Pfffff…
J’espère qu’il sera plus inspiré par la suite.
Lili
Pour les étudiants et les moins de 28 ans c’est une excellente nouvelle !
Et je suis ravie de la reprise de Giselle et de Roméo et Juliette, ainsi que de la soirée Forsythe.
Delphine
Dommage qu’il n’y ait pas de Béjart!! Un répertoire que Benjamin Millepied connait probablement moins bien…
Dommage aussi qu’il n’y ait pas de création avec Pierre Lacotte. Cela aurait été une vraie nouveauté!
Enfin très regrettable qu’il n’y ait pas de Roland Petit!!
Saison effectivement un peu trop américaine pour Paris!!!
Il ne faut pas confondre modernité avec américain!!! On trouve aussi du contemporain en Europe et en France!!!
Gageons qu’avec le temps Benjamin Millepied se « francianise » un peu!!!
ZogZog
Profitez-en pendant que les places en amphithéâtre ne sont pas en Optima, ça ne va pas durer !
Par contre on peut enfin voir sa place, j’échappe au strapontin en allant une rangée et 2 places derrière…
JL
« Les places ne seront vendues que par l’AROP, à des prix surtaxés. Ce sera la seule occasion de la saison de voir le Défilé ». C’est très élégant comme geste envers le fidèle public français (et accessoirement, contribuable).
Et, schizophrénie oblige, on couple ça avec une tournée… à Brest (bout du monde, ça sent la démocratisation forcée). Logique inexistante donc.
K9
Millepied sur RTL en ce moment
a.
Je vous trouve diplomate, Amélie. Vous avez vraiment bon caractère, car perso je ne regrette pas le manque de danse française, je trouve ce manque presque injurieux! Aucun respect de l’école française. Je n’ose imaginer l’état d’E. Platel… Et je trouve presque ridicule cette obsession de vouloir à tout prix faire danser seulement ce qu’il a aimé danser lui-même. L’art n’est pas (qu’)un refuge narcissique et la fonction de directeur n’est pas (qu’) une manière de se faire plaisir avant tout.
Joelle
Je n’ai pas d’avis au niveau artistique sur les choix faits par B. Millepied car j’ai encore trop de choses à découvrir. En revanche la « privatisation » de l’unique Défilé et la reclassification de nombreuses places (avec l’augmentation délétère des tarifs) m’interrogent au niveau de mon vécu… surtout en période de crise économique… Messieurs SL et BM auraient-ils les yeux plus gros que le ventre ???
Céline / Shalima
Vous êtes sûre pour la programmation à Brest ? Il n’y a rien sur le site du Quartz, juste 2 représentations du LA Danse Project de Benjamin Millepied le 20 et 21 mai prochains… Pour une fois que le ballet de l’Opéra de Paris vient danser près de chez moi, ce serait dommage de rater ça !
Estelle
Mais il est où le temps annoncé » grand ballet avec une musique injouée depuis 100 ans » ?! C’est moi qui est rien compris ?
Sophie
Je vais vous parler d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître : 1 000 F la place !!!!!!! Ok je suis has been on est en 2015 et l’euro est passé par là. Pas de ballets à l’Opéra cette année, je boycotte et laisse mes (ma !!!) place(s) aux autres…
Joelle
@Céline/Shalima : il s’agit de mai 2016, donc cela paraît assez normal que les dates ne figurent pas encore dans la programmation de la salle…
Colette
Poisson d’avril en avance ??!
Egalement très déçue de la privatisation du défilé, symbole de l’Opéra de Paris. Et pourquoi rechanger la musique ?
Et où sont, comme dit dans les précédents commentaires, nos Roland Petit, Lifar and co ?
MUC
Après la lecture des commentaires je vais me faire un peu l´avocat du diable ! En vérité je ne sais pas encore
quoi penser de la saison a venir Dans le court laps de temps dont disposait B.M. pour faire sa première saison il a activées ses contacts, qui sont aux Etats Unis. Ceci dit Balanchine et Robbins je prends volontier….
En ce qui concerne le défilé, il ne faut pas oublier que parmi les membres de l´Arop il y a les mécènes et les grands donateurs qui contribuent énormément a la production d´un ballet. Sans eux nous serions un peu dans la « panade » et donc si on les bichonne un peu cela ne me gêne pas. Ceci étant on pourrait prévoir un défilé a une autre date pour
les « contribuables » !
En ce qui concerne le prix des places : a Vienne (actuellement le Lac des cygnes) 190/162/120 € pour les cat 1 á 3
Autre ballet 139/112/89 cat 1 a 3
Berlin 112 a 38€ . Dresde, Munich un peu moins. Je ne compare que les prix pas la qualité.
Tournée : aller a Brest me parait formidable, il faut aller dans les villes qui, en matière de danse, sont moins gâtées que par ex. Lyon, Bordeaux ou Toulouse.
Laissons a B. M. le temps de s´installer vraiment !
Philippe
Moi je l’aime beaucoup cette nouvelle saison !!!…
Plein de nouveautés, une soirée Opéra/Ballet, des danseurs dans les espaces publics de Garnier, etc, etc… Vivement la saison 2016-2017 pour aller encore plus loin ;-))
M
Je ne peux m’empêcher de manifester mon écœurement face à cette radicale augmentation du prix des places… Je me demande vraiment si SL et BM vivent bien dans notre monde, sont au courant de la crise économique et savent qu’il y a des étudiants qui n’habitent pas Paris et tentent tant bien que mal de mettre le peu d’argent qu’ils ont de côté pour pouvoir s’offrir une bonne place à l’opéra… Face à ce constat, qu’on ne vienne pas nous clamer haut et fort qu’il faut rendre accessible la danse au plus grand nombre car il cela risque de s’avérer plus que compliqué… Les vrais passionnés devrons se contenter du cinéma tandis que les plus fortunés continuerons d’arpenter l’opéra ne sachant parfois même pas le nom des étoiles qu’ils viendront voir danser (ce jour là je suis tombé de haut…)
Amélie Bertrand
@ tous et toutes : Merci de vos réactions passionnées !
@ Sandra : Les avants-premières ne sont pas réservées aux abonnés, c’est libre pour les moins de 28 ans. Toutes les conditions seront données en septembre.
@ Delphine et a. : Je pense aussi qu’il ne devait pas bien connaître le répertoire français. Ça viendra !
@ JL, Joëlle, Sophie, Colette et M : Ce Défilé privatisé et cette hausse des tarifs sont vraiment les points noirs de la programmation. Quel mauvais signe adressé au public !
@ Shalima : Joëlle à tout dit ;). Pas de panique, c’est pour 2016.
@ Estelle : Grand mystère… Peut-être l’opéra lié à Casse-Noisette ?
@ MUC : Il faut savoir que le mécénat pèse encore très peu dans le budget de l’Opéra. Je ne serais pas contre qu’ils se développent plus ceci-dit ! Le gala en soi ne me choque pas, mais prévoir un autre Défilé n’aurait en effet pas été une chose trop compliquée à organiser.
Kisisos
Tout-à-fait d’accord avec Sophie : je boycotte et laisse mes (ma !!!) place(s) aux autres…
Où est passé le temps ou la Direction de l’Opéra souhaitait que les spectacles d’Opéra et de Ballets soient « démocratisés » ?
Quelle est cette politique sectaire, nivelée par les prix hors de portée ?
Ou sont passés les jours (avec une petite réduction les lundis) de la saison 2014/2015 ?
Pourquoi modifier cette politique tarifaire dans une période où la « crise » est encore virulente ?
Quand au programme, la « privatisation » par l’AROP, du ou des défilés (il y en a eu 2 certaines années !) est du sectarisme, basé sur une politique tarifaire ! C’est çà le mécénat ?
Je suis à la retraite ! Jamais je n’adhérerai à l’AROP ! Pour le « rayonnement » de quoi ?
Le prestige de l’argent ?
Pense-t-on que de nombreux étudiants font des économies substantielles pour pouvoir une place (même mal placée) pour venir applaudir la meilleure troupe de Ballets d’EUROPE ?
Le choix du programme : je suis tout-àfait d’accord avec Delphne, « une Saison effectivement un peu trop américaine pour Paris!!! Il ne faut pas confondre modernité avec américain!!! On trouve aussi du contemporain en Europe et en France!!! Gageons qu’avec le temps Benjamin Millepied se « francianise » un peu!!! uniquement dans le registre que connait bien M. Millepied,
quel dommage que le nouveau directeur de la Danse ne soit pas José Martinez ou Nicolas Leriche. Il savait ce que valait et aimait leur troupe !
Franchement, je suis déçue ! De belles économies en perspective !
Dommage, après tous les départs de danseurs « retraités » de des 2 ou 3 dernières années, cela aurait été l’occasion de voir « monter » les nouvelles étoiles vers le firmament !
On en voit déjà percer quelques unes et quelques uns !…. La relève devrait être assurée….
Mais encore une fois : quelle idiotie se découpage et cette augmentation tarifaire !
Amélie Bertrand
@ Kisisos : Je crois que tout le monde regrette ces hausses de tarifs… Mais elles ne sont pas forcément du fait de Millepied, plutôt de la direction de l’Opéra, qui est au-dessus.
Blandinette
Une saison tout de même très intéressante. Mais suis je la seule a ne pas voir la distribution des différentes représentations ….? Comment faire pour réserver une date sans savoir quels danseurs vont danser.
Lili
@Blandinette : les distributions ne sont pas annoncées, elles le sont au fur et à mesure et en plus elles changent jusqu’au dernier moment. On ne peut pas choisir en fonction des des danseurs que l’on souhaite voir. C’est lié aux aléas des danseurs (blessures notamment…) mais apparemment c’est aussi la politique de la maison, qui veut vendre une troupe et non des stars, des people. A voir combien de temps le très américain Millepied gardera ce cap.
Concernant les tarifs, évidemment on peut critiquer mais de fait quand on veut réserver une place à Garnier tout est complet en 10 minutes, et par ailleurs l’Opéra est subventionné par l’Etat, qui réduit tous ces budgets. Pas de raison donc de ne pas augmenter les tarifs, de toute façon se sera plein. La privatisation du défilé sans 2e représentation en revanche est un scandale…
La démocratisation de la danse ne passe à mon avis pas beaucoup par une baisse de 10 € des tarifs des ballets. Les gens qui ne connaissent pas la danse de toute façon ne vont pas à une soirée à l’Opéra, trop compliqué de réserver 6 mois à l’avance, trop frustrant d’avoir des places à visibilité réduite quand on est conditionné par la culture cinématographique, trop « riche », culturellement éloigné, d’aller à Garnier quand ce n’est pas votre culture, milieu.
Des tarifs moins cher ça permettrait à des gens comme moi d’aller à l’Opéra plus souvent, j’en serais ravie mais ce n’est pas de la démocratisation. Au final pour ma part j’organise chaque année une soirée ballet et/ou concert classique avec des amis qui n’y sont jamais allés, je réserve, je choisis le programme, j’explique, et en général ils aiment. C’est comme ça que ça marche, il faut un guide pour rentrer dans ce milieu (comme dans tous. Malgré ma curiosité je serais bien en peine d’aller voir une soirée RnB).
Comme on ne peut pas faire ça pour tout le monde, il n’y a pas d’autre solution que d’amener les ballets au public en osant des représentations de l’Opéra dans des lieux moins dédiés, mais mieux connus du grand public, des Zéniths, en plein air, etc. Ou au cinéma (et à la télé pas seulement à 01h du mat). Oui, la qualité du spectacle est moins bonne (sans parler du confort des danseurs), oui on perd une part du rêve du ballet. Mais il faut bien hameçonner le public et pour cela il faut commencer par aller le chercher là où il est avant de l’amener là où nous sommes.
Donc bravo pour les avant-premières jeunes. Pour le reste, les places plus cher c’est un manque de respect pour les habitués et les passionnés, mais invoquer la démocratisation….
Amélie Bertrand
@ Blandinette : les distributions en avance de l’Opéra de Paris… Un gros problème ! Benjamin Millepied avait commencé à changer la donne l’année dernières, mais ses bonnes intentions ont été coupées par les avalanches de blessure. J’espère que cela va s’améliorer.
@ Lili : Vous soulevez de bonnes questions. Je pense toutefois que la question des tarifs n’est pas à mettre de côté pour la démocratisation… Prenez une famille qui veut aller voir La Bayadère pour les Fêtes… Elle en arrive facilement à 200 euros, sans être magnifiquement bien placée. Evidemment qu’il y a des réductions de subventions, mais il y a aussi l’Opéra de Paris qui ne sait pas développer son mécénat, a beaucoup de retard sur la production d’autres sources de revenus comme les produits dérivés (par exemple). D’autres grandes maisons dans le monde ont su se diversifier et faire des efforts sur le prix. La crise ne peut pas tout expliquer. La vision que le grand public a de la danse est aussi un problème, vous avez raison. Mais là encore, comment l’Opéra de Paris fait sa promotion ? Allez dans le métro de Londres ou de Berlin et vous verrez plein d’affiches de ballet. Le fonctionnement de la billetterie de l’ONP, archi-opaque, n’aide pas non plus (une soirée Balanchine/Millepied/Robbins qui affiche complet sur le web, encore plein de billets disponibles au guichet…).
Gwen
3 places catégorie 1 achetées pour La Bayadère. Ruinée mais hâte d’y être 🙂
Amélie Bertrand
@ Gwen : Nous cédons tous et toutes à la tentation 😉
LAURA
Bonjour,
Je fréquente très régulièrement l’Opéra depuis plus de 30 ans, essentiellement pour des ballets, et j’y amène ma fille de 14 ans depuis quelques années (donc déjà gros budgets pour les abonnements ou pour avoir des places correctes ). En regardant en septembre le nouveau découpage des places et leurs nouvelles tarifications, j’ai eu un tel coup de sang que je me suis jurée de ne plus y retourner malgré mon amour absolu de ce lieu. J’ai pourtant des revenus largement suffisants, mais, ces hausses, en sus de la « privatisation régulière » des lieux empêchant de déambuler librement dans l’opéra durant les entractes + la multiplication des soirées de prestige inaccessibles + le mécénat à l’américaine s’agissant d’un opéra public subventionné, me parait vraiment inadmissible. Il n’y a donc plus que des abonnés d’un âge certain, des salariés de gros groupes bénéficiant de tarifs sacrifiés grâce à leur comité d’entreprise (donc invasion dans la salle de jeunes cadres dans l’ignorance absolu de ce qu’ils vous voir), et des touristes… et les vrais amateurs dans tout ça ???