Soirée Danseurs chorégraphes 2013 : qui et quoi voir danser sur scène ?
Régulièrement, le Ballet de l’Opéra de Paris organise un programme danseurs et danseuses chorégraphes. Le but ? Laisser les artistes de la compagnie qui le souhaitent s’essayer à la chorégraphie. Casting, pièce, musique, ils ont le champ libre.
Ces programmes son toujours intéressants. D’une part par les pièces présentées, il y a souvent de véritables découvertes chorégraphiques. D’autre part par les interprètes, souvent des danseurs et danseuses du corps de ballet, que le public découvre ici en solistes. La soirée danseurs et danseuses chorégraphes de 2013 se tiendra du 26 au 28 février à l’Amphithéâtre Bastille, qui plus est salle à taille humaine où l’on voit bien de partout.
Ballets, chorégraphes, arguments… Voici le programme détaillé de la soirée. L’ensemble est varié, il y a aussi bien des chorégraphes déjà aguerris comme Samuel Murez, que des artistes se lançant pour la première fois. Le seul regret est de ne pas avoir une seule femme dans le programme en tant que chorégraphe. Myriam Kamionka devait y présenter une pièce, et puis finalement non. Les danseuses sont-elles vraiment bien plus occupées par leur travail de corps de ballet ? Les encourage-t-on vraiment à se lancer dans la création ? Dommage…
Les distributions sont bien à sûr à prendre sous réserve, toujours susceptibles de changements de dernière minute.
Premier cauchemar (Prologue extrait du Rêveur)
Chorégraphe et livret : Samuel Murez (création).
Musique originale : Siegfried de Turkheim.
Interprètes : Hugo Vigliotti (Le Rêveur / Alfred), et Lydie Vareilhes, Laura Bachman, Léonore Baulac, Leila Dilhac, Claire Gandolfi, Camille de Bellefon, Emma d’Humière, François Alu, Jeremy-Loup Que, Antonio Conforti, Takeru Coste, Niccolo Balossini, Axel Alvarez et Loïc Pireaux (les bureaucrates).
Ce qu’en dit le chorégraphe : Ce prologue appartient à une pièce en construction, intitulée Le Rêveur. Comprimé le jour dans une existence grise centrée autour de son emploi abrutissant, Alfred s’épanouit toutes les nuits dans des rêves délirants qui métamorphosent les évènements de son quotidien en aventures épiques, dont il est le protagoniste audacieux. Peu à peu, ce que vit le Rêveur la nuit va affecter, puis transformer, l’existence d’Alfred le jour.
Samuel Murez est le chorégraphe le plus expérimenté de cette soirée. Il a déjà emmené sa troupe 3e étage, avec ses créations, un peu partout en France, aux Etats-Unis ou en Argentine. J’avais été vraiment séduite par son duo proposé lors de la soirée Danseurs chorégraphes il y a deux ans, une pièce remplie d’humour et d’inventivité. J’ai vraiment hâte de découvrir son nouveau travail.
Deux à deux
Chorégraphie et costumes : Maxime Thomas (création, première chorégraphie).
Musique : Deuxième mouvement du Concerto italien de Jean-Sébastien Bach.
Interprètes : Letizia Galioni et Maxime Thomas.
Ce qu’en dit le chorégraphe : En tant que danseur, mais aussi musicien et pianiste, la recherche de la symbiose entre mouvement et musique prime et me guide. C’est une recherche esthétique, formelle, qui découle aussi d’un parcours personnel et professionnel, fait d’expériences artistiques multiples.
C’est le grand saut dans la chorégraphie pour Maxime Thomas, danseur souvent apprécié dans le registre contemporain. J’aime beaucoup sa présentation, c’est un choix judicieux pour une première tentative. Un duo sur du Bach, simple mais très efficace si c’est inspiré.
En attendant l’année dernière
Chorégraphie : Grégory Gaillard (création).
Musique originale : Stéphane Jounot.
Interprète : Lucie Fenwick.
Ce qu’en dit le chorégraphe : une citation de Marguerite Yourcenar. « Quand on aime la vie, on aime le passé parce que c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. Ce qui ne veut pas dire que le passé soit un âge d’or : tout comme le présent, il est à la fois atroce, superbe, brutal, ou seulement quelconque« .
Grégory Gaillard a déjà plusieurs ballets à son actif : une création pour le Ballet Nice Méditerranée ou Le Ruban, ballet de 40 minutes présenté à Singapour. Sa pièce semble plutôt intimiste et abstraite, à découvrir.
Kaléïdoscope
Chorégraphie : Allister Madin (création).
Musiques : Claude Lamothe (A Pleno Sol), Cinematic Orchestra (Clubbed to Death) et Kyle Landry (Requiem For a Dream).
Interprètes : Fanny Gorse, Caroline Osmont, Gwenaëlle Vauthier, Camille de Bellefon, Allister Madin et Hugo Marchand.
Ce qu’en dit le chorégraphe : C’est dans la recherche d’une synergie autour d’une esthétique originale et contrastée qu’a été créé Kaléidoscope. Cette œuvre en deux parties est un véritable patchwork de séquences abstraites connectées les unes aux autres par la lumière.
Allister Madin se glisse doucement dans la peau d’un chorégraphe, Kaléidoscope est sa troisième pièce. Il y a deux ans, il avait présenté un duo de séduction autour du tango, cette nouvelle pièce semble plus abstraite. Je suis curieuse de voir son évolution chorégraphie.
Smoke Alarm
Chorégraphie : Julien Meyzindi (création, première chorégraphie).
Musiques : Cliff Martinez (Handshake) et Landau (Six Ways to Sunday).
Interprètes : Alice Renavand et Alexandre Gasse.
Ce qu’en dit le chorégraphe : Est-il possible d’apprivoiser nos peurs et nos émotions jusqu’à se libérer d’une addiction par amour ? Voyage introspectif, cette pièce s’apparente à un passage des ténèbres vers la lumière.
Pour son premier essai chorégraphique, Julien Meyzindi s’est attaché des interprètes de choix ! Curieuse…
Songes du douanier
Chorégraphie : Alexandre Carniato avec Morgane Dragon (création, première chorégraphie).
Musique originale : S. Blanc et J. Levatois.
Interprètes : Letizia Galloni, Charlotte Ranson, Aurélien Houette et Alexandre Carniato.
Ce qu’en dit le chorégraphe : Les Songes du Douanier évoquent le monde sauvage, exotique et exubérant du Douanier Rousseau. Étrange et bidimensionnel, il fait naître dans la danse un rapport à l’espace et à la nature inhabituel. La pièce se dessine en trois tableaux : un monde animal stylisé, l’humain sans perspectives, et un univers intemporel faisant coïncider la jungle et l’homme.
Pour une première, Alexandre Carniato a choisi un thème plutôt ambitieux. Sur le papier, son propos a l’air d’être en tout cas très construit. De beaux interprètes contemporains là-aussi.
Stratégie de l’hippocampe
Chorégraphie : Simon Valastro (création, première chorégraphie).
Musique : Sérénade en ut majeur pour trio à cordes d’Ernst von Dohnanyi.
Interprètes : Eve Grinsztajn, Éléonore Guérineau, Alexis Renaud, Hugo Vigliotti et Jean-Baptiste Chavignier.
Ce qu’en dit le chorégraphe : Stratégie de l’Hippocampe met en scène une famille. Le langage chorégraphique s’inspire de la pantomime et de la gestuelle de la vie quotidienne, donnant à l’œuvre un faux air de pièce de théâtre. La dynamique familiale se trouve ainsi illustrée à travers les liens affectifs, les conflits, la dévotion maternelle, la rivalité dans la fratrie ou encore le sentiment d’abandon, le deuil.
Joli propos là encore, plutôt séduisant sur le papier. J’imagine très bien une famille avec ces cinq interprètes !
Et vous, que pensez-vous de ce programme ?
Joelle
Je me réjouis de découvrir tout cela mercredi prochain !!! 😀
Alice
Cela fait parti des spectacles qui me font regretter de ne pas être sur Paris. C’est toujours intéressant de découvrir de nouveaux talents là où on ne les attend pas forcément. Par contre la chorégraphie serait-elle une affaire d’homme? Pas une seule chorégraphe?
Adrienne
j’ai assisté à la soirée d’hier,manifestation toujours sympathique et coup de coeur pour la pièce de Maxime Thomas « Deux à Deux » , un magnifique pas de deux avec une gestuelle très fluide et hyper musicale . Alors que la tendance du moment est à la danse-théatre ou conceptuelle, quel plaisir de voir de la vraie danse, où l’émotion jaillit par la beauté et l ‘inventivité d’un geste plutôt que part l’amoncellement d’un décor et de costumes …Un moment en apesanteur,suspendu dans le temps ..