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Vertikal – Mourad Merzouki

Mourad Merzouki est sur tous les fronts en 2018 : une création pour Montpellier Danse, une autre pour les Nuits de Fourvière, ses deux festivals Karavel et Kalypso qui proposent trois mois de hip hop entre Paris et Lyon en cette fin de saison. Et en septembre dernier, encore une nouvelle pièce, cette fois-ci pour la Biennale de la Danse de Lyon : Vertikalà voir en tournée cette saison. Après la danse qui se mêle au virtuel dans Pixel, le chorégraphe travaille sur la verticalité dans cette nouvelle pièce, avec une installation scénique poussant les danseurs et danseuses à s’élancer dans les airs. La danse n’est plus du fond vers le devant de la scène, mais de haut en bas, avec un judicieux système de technique aérienne. Un résultat, qui, au moment de la première, demandait encore à gagner en fluidité, même si le sens inné du spectacle de Mourad Merzouki et son talent pour mener une chorégraphie rendent Vertikal diablement séduisant.

Vertikal – Mourad Merzouki

Mourad Merzouki aime explorer les formes et mettre le hip hop dans une zone d’inconfort. Pixel, toujours en tournée quatre ans après sa création, mêlait avec bonheur la danse et le numérique. Avec Vertikal, le chorégraphe cherche plutôt à bouleverser les appuis de ses danseurs et danseuses et à changer la ligne d’horizon du public. Avec l’idée de ne pas voir son spectacle de gauche à droite, mais de bas en haut. « Le rapport au sol, primordial pour le.la danseur.se hip-hop, est fondamentalement modifié. Les jeux de contacts entre les interprètes sont bousculés : le.la danseur.se est tour à tour socle et porteur ou au contraire voltigeur, marionnette animée par le contrepoids de ses partenaires au sol« , explique en préambule Mourad Merzouki.

Pour créer cette danse verticale, le chorégraphe a peu ou prou transformé ses interprètes en circassiens, avec l’aide d’un dispositif mis en place par Fabrice Guillot de la compagnie Retouramont, spécialiste des techniques aériennes. La scène reste ainsi le sol, mais aussi les murs et une haute structure mouvante en fond de plateau. Danseurs et danseuses, attaché.e.s par un baudrier bien dissimulé, peuvent ainsi évoluer en hauteur, danser sur les murs comme au sol. Le rapport des duos change, l’appui au plancher aussi. Les interprètes montrent cependant qu’ils ne sont pas en terrain familier. La perte du sol se fait sentir, tout comme l’apprivoisement encore en cours des murs, leur nouveau terrain de jeu. Tout semble encore dans l’apprentissage. Mourad Merzouki a cependant l’art de monter un spectacle et de créer un univers, un environnement qui enveloppe le tout et dissimule les hésitations pour provoquer un vrai moment d’évasion.

Vertikal – Mourad Merzouki

Il faut en fait que la structure change légèrement pour que les interprètes trouvent un peu mieux leurs marques. Les simples filins de sécurité sont troqués contre des élastiques. Les danseurs et danseuses explorent ainsi non seulement la verticalité, mais aussi tout le jeu autour du rebond et de l’élan. Et ils y retrouver toute leur virtuosité. Le sol, leur appui de base, est toujours là, mais comme un véritable trampoline. La danse s’épanouit vraiment, tout en explorant d’autres territoires et lignes de fuite. Le décor se met en mouvement lui-aussi, sans que cela ne mettre en danger les interprètes, qui y trouvent finalement un terrain de jeu encore plus excitant. Vertikal, par le talent de Mourad Merzouki et de ses interprètes, reste ainsi un spectacle séduisant par son imaginaire et son rythme. Mais le travail autour de la danse verticale ne semble être qu’au début de sa recherche. Le spectacle montre ainsi beaucoup de pistes encore à exploiter ou à creuser un peu plus. Ce que ne devrait pas manquer de faire le chorégraphe, toujours avide de nouveaux chemins. Le spectacle, vu à la première pour la Biennale de la danse de Lyon, a en tout cas beaucoup de possibilités d’évolution. 

Vertikal – Mourad Merzouki

 

Vertikal de Mourad Merzouki à la Maison de la Danse de Lyon. Avec Francisca Alvarez, Rémi Autechaud, Kader Belmoktar, Sabri Colin, Nathalie Fauquette, Pauline Journe, Vincent Lafif, Maud Payen, Manon Payet et Teddy Verardo. Vendredi 14 septembre 2018. À voir en tournée en France, du 9 au 14 novembre à la MAC et du 12 au 15 décembre à La Villette dans le cadre du festival Kalypso.

 

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