F(r)iction – Le spectacle de la 30ème promotion du Centre National des Arts du cirque
C’est un rendez-vous incontournable de la Villette qui, chaque année, accueille sous son Espace chapiteaux le spectacle de fin d’études des étudiants et étudiantes du Centre National des Arts du Cirque (le CNAC) de Châlons-en-Champagne. On en est déjà à la 30e promotion, preuve de la vitalité de cette école d’excellence qui forme les circassien.ne.s de demain. Le principe est toujours le même : une rencontre renouvelée chaque année entre une promotion et des metteurs en scène et en piste. Le millésime 2018 baptisé F(r)iction, a été confié à Antoine Rigot et Alice Ronfard de la compagnie Les Colporteurs. Ils ont créé pour les 17 interprètes de la 30e promotion du CNAC un spectacle emblématique du nouveau cirque où les numéros aux agrès sont insérés dans un récit et un univers théâtral qui, cette année veut avoir des connotations politiques et se confronter à la question du genre. C’est comme il se doit virevoltant, joyeux et sur-vitaminé.
L’expérience est toujours singulière. Cette troupe éphémère est le produit du hasard, d’une sélection féroce pour entrer au CNAC de 17 jeunes apprenti.e.ss circassien.ne.s, même si pour la plupart, ils ont déjà une solide expérience de la scène avant le début de ce cursus. En trois ans, ils apprennent à se connaître, à travailler ensemble et à construire un collectif solide, indispensable pour un art où rien ne peut se faire sans une confiance absolue en ses partenaires. Le premier tableau de F(r)iction, spectacle de cette 30e promotion, en est l’illustration parfaite. Après s’être libérés de la bulle translucide où on les devine lorsque l’on entre sous le chapiteau, la troupe grimpe sur une table et porte ensemble l’une d’entre elles dans un mouvement où danse et acrobatie se marient. Départ emblématique pour F(r)iction qui est bâti sur une travail d’improvisations : » Tous ont le désir d’un écriture scénique qui ne soit ni conceptuelle, ni esthétisante…Aborder la vie dans une énergie forte, drôle et positive, sans fards, sans concessions, de manière brute« , expliquent Alice Ronfard et Antoine Rigot, les metteurs en scène du spectacle. Il n’y a pas de scénographie tapageuse dans F(r)iction qui est enveloppé dans une lumière tamisée. Les costumes sont sobres, élégants, mettant en valeur les corps des interprètes et leur permettant d’évoluer librement avec un souci de ne pas dissocier les hommes des femmes. C’était une préoccupation des étudiant.e.s qui se veulent « a-genrés« comme le veut l’époque.
Le trapèze, le mât chinois ou la roue Cyr : on retrouve dans F(r)iction les agrès qui permettent à chacune et chacun de briller dans son domaine d’excellence. Et deux moments inouïs : au tissu avec infiniment de poésie et à la bascule coréenne où quatre de nos étudiants prennent tous les risques pour s’envoler en l’air.
La première partie du spectacle est purement musicale avec une composition de Gaspard Panfiloff avant d’introduire de la musique live, rock saturé et violoncelle avec aux instruments et à la voix les étudiant.e.s circassien.ne.s. S’immiscent aussi quelques textes plus politiques ou déclinant le statut de l’artiste, qui franchement n’apportent rien au spectacle. Mais peu importe ! Il transparait à chaque instant un bonheur absolu d’être en piste et un désir affiché de montrer sa virtuosité sans cabotinage aucun. À les voir tutoyer les cieux, on ressort plus léger !
F(r)iction d’Antoine Rigot et Alice Ronfard par la 30e promotion du CNAC à l’Espace Chapiteaux de la Villette. Avec Rémi Auzanneau (bascule coréenne, banquine), Hernan Elencwajg (bascule coréenne, banquine), Tanguy Pelayo (bascule coréenne, banquine), Baptiste Petit (bascule coréenne, banquine), Johannes Holm Veje (^ortique coréen, porteur), Martin Richard (portique coréen, voltigeur), Hamza Benlabied (porteur, acrobate), Gwenn Buczkowski (trapèze fixe), Joad Caron (mât chinois), Lucille Chalopin (contorsions, équilibres, acrobatie), Noémie Deumié (tissu), Léa Leprêtre (trapèze ballant basse hauteur), Lili Parson (roue Cyr), Poppy Plowman (fil), Sandra Reichenberger (trapèze ballant), Jules Sadoughi (roue Cyr) et Léon Volet (mât chinois). Dimanche 27 janvier 2019. À voir jusqu’au 17 février, en tournée en France jusqu’au 22 avril.