Compagnie Retouramont – Diagonales Ascendantes et la danse verticale
Fabrice Guillot, pionnier de la danse verticale, a donné ses lettres de noblesse à cette expression qui unit danse, chorégraphie, acrobatie et arts de la rue. Avec sa Compagnie Retouramont, il vient d’organiser à Paris un festival sur l’état de la danse verticale avec un programme de conférences, tables rondes, actions participatives avec le public. Le point d’orgue de ce temps fort baptisé la Danse Verticale en Kit invitait le public à une déambulation dans le quartier de la Bibliothèque Nationale de France pour y présenter la dernière création de la compagnie Retouramont, Diagonales Ascendantes, sur les parois vitrées de la BNF. Un spectacle littéralement hors-sol qui lance un défi perpétuel à la pesanteur.
La danse verticale est un art fragile : si rien ne s’oppose à ce qu’elle s’exprime dans les salles de théâtre, son terrain de jeu favori demeure la rue, la ville ou la nature. Elle n’est jamais aussi percutante que quand elle s’empare de notre environnement pour l’habiller, le dompter, s’y accrocher. Le mur, la paroi deviennent des scènes naturelles avec ce que cela suppose de prise de risques et de lutte avec les éléments. Fabrice Guillot aime élargir son savoir-faire et c’est ainsi qu’il a fédéré sept compagnies en Europe et au Canada qui ont en commun l’art de la danse verticale. Loin des compétitions stériles, le Vertical Dance Forum propose de partager les expériences, de faire naitre un dialogue entre compagnies, de confronter les différentes écritures et permettre de leur donner un écho plus fort.
Diagonales Ascendantes, la dernière création de Retouramont présentée en clôture du festival aura largement contribué à porter haut cet art de la danse verticale en offrant au public un spectacle hors norme. Fabrice Guillot avait choisi de le construire comme une promenade dans ce nouveau quartier du 13ème arrondissement, né de friches industrielles et qui est devenu une aire moderne faite de bois, de verre, d’acier et de béton. Le public est ainsi invité à suivre les différentes propositions : le long des parois de la Place Aurélie Nemours puis dans un parcours où les artistes nous attendent aux agrès.
Un prélude qui met l’eau à la bouche avant l’arrivée au milieu des quatre tours de la Bibliothèque Nationale de France construite par l’architecte Dominique Perraud, qui n’avait sans doute jamais imaginé qu’elles seraient le théâtre d’un spectacle aussi vertigineux. Fanny Gombert et Cybille Soulier se livrent à un duo époustouflant : elles se croisent, se décroisent, prennent leur élan sur la paroi vitrée de la tour, rejoignent le trapèze volant et volent tout autant qu’elles dansent à l’horizontale ou le corps renversé. Elles semblent tout à coup faire partie du monument qu’elles ont totalement apprivoisé.
On reste subjugué par ce moment suspendu. Quand tout à coup, du haut de la tour d’en face, et de ses 80 mètres de haut, deux corps à l’horizontale perpendiculaires à la paroi, descendent vers le vide, marchent lentement sur la tour de verre. À ce moment précis, Nathalie Tedesco et Stéphane Couturas sont littéralement le Deus ex Machina du spectacle. Nous, bien ancrés au sol, nous nous sentons pousser des ailes.
Diagonales Ascendantes de Fabrice Guillot par la Compagnie Retouramont à la Bibliothèque Nationale de France. Avec Fanny Gombert, Cybille Soulier, Nathalie Tedesco et Stéphane Couturas. Vendredi 17 mai 2019. À voir le 8 juin au Festival Regard Neuf 3, le 21 juin à l’ECM Le Chaplin à Mantes-la-Jolie, le 13 juillet à Villetaneuse.