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[Le Temps d’Aimer 2021] – Sine Qua Non Art, Attention paillettes, Martin Harriague

La 31e édition du festival Le Temps d’Aimer s’est refermée dimanche 19 septembre après neuf jours foisonnants. 16 000 festivaliers et festivalières ont sillonné entre les nombreuses propositions artistiques. En raison du contexte sanitaire, la programmation a fait la part belle à des compagnies hexagonales tout en restant dans sa philosophie de mêler compagnies confirmées et  jeunes talents en devenir. Durant le dernier week-end, la météo a, hélas, contraint les organisateurs à annuler quelques spectacles ou répétitions en extérieur. Pas de Gigabarre non plus, moment pourtant très attendu des amateur.rice.s et des badauds ! Heureusement une éclaircie matinale a permis aux danseur.euse.s du Malandain Ballet Biarritz de présenter Itsas Laminak, « geste poétique » constitué d’extraits de la pièce Sirènes de Martin Harriague. DALP était présent lors de ce dernier week-end. Et la première de la création Nos désirs font désordre de la compagnie Sine Qua Non Art a constitué l’un des temps forts de ce week-end de clôture.

Nos désirs font désordre – Sine Qua Non Art

Présentée au théâtre du Casino, la nouvelle création de Sine Qua Non Art, compagnie installée à La Rochelle, a tout emporté sur son passage. Reprenant la formule des mouvements des libérations sexuelles des années 1970, Nos désirs font désordre met en scène onze interprètes sous haute tension à qui les deux chorégraphes Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours (lui-même interprète dans la pièce) demandent d’aller très loin. Sensuelle, provocatrice, engagée, la pièce questionne la manière dont nos désirs sont cadenassés, empêchés, souvent inassouvis. Et les conséquences de cet enfermement sur notre équilibre physique et mental. Elle interroge plus largement la place du corps dans notre société.

Ce qui se joue devant nos yeux est autant une épopée chorégraphique que poétique. Une aventure esthétique aussi tout à fait singulière qui fascine et réjouit dans son jusque-boutiste. Le recours au shibari (art du bondage japonais) puis à l’art floral surprend, étonne mais trouve pleinement sa justification dans chaque moment de cette pièce. Sur scène, l’une des pièces maîtresses est sans conteste Dorothée Sullam dont le talent métamorphose chaque interprète grâce à son univers végétal. C’est d’une beauté renversante.

Torses nus, têtes et mains, d’abord entravés par des cordes, puis parés de fleurs, les danseurs et danseuses se heurtent entre eux, se fracassent contre les murs. La rébellion couve. Mais peut-être que pour se libérer doivent-ils renouer avec la nature, assumer d’être transformé.e.s en êtres-fleurs pour fonder une nouvelle humanité ? On se gardera de spoiler le happening réjouissant (sur le très approprié Whole lotta love de Led Zepellin) de cette pièce très Flower Power malgré ses accès de violence. Une chose est sûre : dans le monde qui est le nôtre depuis plus de dix-huit mois, en raison de la pandémie (comment ne pas l’évoquer), reconnaissons à cette pièce de tomber à point nommé, une véritable bulle poétique et politique excessivement jubilatoire.

Nos désirs font désordre – Sine Qua Non Art

L’on avait fait la rencontre de la danseuse biarrote Charlotte Nopal durant la première période de confinement de 2020. Nous la retrouvons avec sa compagnie Attention Paillettes à la médiathèque de Biarritz pour une performance dansée en public. Avant la création de sa pièce First Last fin octobre au théâtre Le Colisée, la danseuse lève partiellement le voile sur ce projet transversal mixant danse et narration numérique. Des bribes se juxtaposent entre vie réelle et réseaux sociaux. Puisant son inspiration dans une série d’articles publiés par Le Monde, intitulée S’aimer comme on se quitte, First Last mêle spectacle vivant et création numérique pour raconter les premiers et derniers instants jalonnant une histoire d’amour, du point de vue des deux protagonistes. « Grâce au site-oeuvre interactif, aux éclats d’instants sur les réseaux sociaux, ainsi qu’au spectacle et aux interventions ateliers proposés autour de l’oeuvre, le spectateur peut devenir aussi co-narrateur et co-créateur de l’histoire », explique Charlotte Nopal.

La déambulation entre les rayonnages et les espaces de la médiathèque tisse la trame de moments appartenant à l’histoire de Paul et de Jeanne. Au public de prolonger l’histoire à travers leurs souvenirs immortalisés par leur smartphone ou leur rétine et d’autres épisodes filmés à retrouver sur le site. L’expérience est kaléidoscopique et plurielle. Elle donne en tous cas envie de découvrir la partie scénique…

First Last – Attention Paillettes

Avec cette édition, le Temps d’Aimer a engagé sa transition éco-responsable. Parmi les engagement concrets, le festival souhaite contribuer à faire réfléchir le public sur les enjeux environnementaux. C’est le cas avec cette journée intitulée Le Temps d’aimer l’océan qui avait lieu le dimanche. Entre deux averses, une opportune éclaircie a permis la tenue de Itsas Laminak de Martin Harriague. Quelques artistes du Malandain Ballet Biarritz ont repris des extraits de son ballet Sirènes du jeune chorégraphe. Sur la Grande plage avec un décor dessiné sur le sable par l’artiste plasticien Sam Dougados, les danseurs et danseuses entourées de surfeurs munis de leurs longboards ont sensibilisé à la fragilité des océans, notamment à la question de la pollution plastique. à la fin, tous se sont précipités dans l’eau lâchant un grand cri libérateur. Un geste poétique et militant à la beauté fugace.

Itsas Laminak – Martin Harriague

 

Nos désirs font désordre de Sine Qua Non Art au Théâtre du Casino. Chorégraphie de Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours. Avec Yohann Baran, Vincent Clavaguera, Sarah Deppe, Inès Hernandez, Yasminee Lepe, Colas Lucot, Lucille Mansas, Alexander Miles Standard, Hea Min Jung, Marius Moguiba, Jonathan Pranlas-Descours. Création Art Visuel / Costume : Fabio Da Motta. Partenaire Art Floral : Dorothée Sullam. À voir les 19 et 20 octobre à Saint-Brieuc, le 15 janvier 2022 à Niort, du 19 au 22 janvier à Chaillot, théâtre national de la danse. Samedi 18 septembre 2021.

First Last par la Compagnie Attention Paillettes à la Médiathèque de Biarritz. Conception : Charlotte Nopal. À voir les 29 et 30 octobre au théâtre le Colisée à Biarritz. Samedi 18 septembre 2021.

Itsas Laminak de Martin Harriague. extraits du ballet Sirènes. Avec les danseur.euse.s du Malandain Ballet Biarritz. Grande Plage de Biarritz. Dimanche 19 septembre 2021.

 

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