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Gala 2023 de l’Académie Princesse Grace

C’est un rendez-vous de fin d’année avec les jeunes danseuses et danseurs de l’Académie Princesse Grace que l’on ne saurait manquer. Sous les ors de la Salle Garnier de l’Opéra de Monaco, les 44 élèves de l’école des Ballets de Monte-Carlo offrent un spectacle flamboyant où s’expriment l’incommensurable énergie et la virtuosité de ces jeunes interprètes de l’une des meilleures écoles européennes. Le programme de ce Gala 2023 fait tourner la tête alternant les variations académiques de Marius Petipa, des propositions plus contemporaines par les diplômés de cette année ou des extraits de Blake Works 1 du maître William Forsythe. Et pour terminer : un savant mélange réunissant toute l’école pour une pièce malicieusement Études. Comme un festival de l’incroyable savoir-faire de l’Académie, capable de briller tout aussi bien dans la technique classique que dans les œuvres d’aujourd’hui.

Gala de l’Académie Princesse Grace – Études de Michel Rahn

Commençons à rebours ce gala 2023 de l’Académie Princesse Grace avec Études. Un étonnant patchwork très intelligemment construit, sur des musiques empruntant à différents styles mais où domine la partition de Czerny, offrant ainsi le titre de cette seconde partie de la soirée telle une relecture de l’oeuvre de Harald Lander. C’est en partie une reprise d’une pièce conçue pour le gala de 2017. Six ans plus tard, c’est une toute autre promotion qui s’y frotte sans faillir. Cette version d’Études débute comme une sorte de défilé avec les plus jeunes de l’école pour s’achever sur un trio brillant composé par Michel Rahn (mazurka, tarentella, final). Voilà l’Académie menée à rude épreuve dans cette composition classique qui va à toute allure, exigeant une technique impeccable pour ces ensembles réglés au cordeau. Entrées, sorties, croisements sur scène sans faute pour une démonstration stylistique de haut vol. Placements et lignes impeccables ! Sans doute y eut-il des fautes et quelques anicroches mais du parterre de la salle Garnier, rien n’y paraît. Malgré l’extrême jeunesse – les plus âgés ont 18 ans ! – ce sont déjà de vrais professionnels qui s’expriment sur scène.

Michel Rahn a conçu ce grand final comme un précis de vocabulaire académique, à l’image de la pièce de Harald Lander. Sans rechigner sur les figures imposées : manèges, grands jetés et fouettés indispensables ! Entre cette ouverture et ce final brillant s’immiscent des chorégraphies contemporaines qui permettent aux élèves d’exprimer d’autres facettes. On y retrouve les compositions pour l’école de Jean-Christophe Maillot, Jeroen Verbruggen, Roland Vogel et une création d’Eugenio Buratti. C’est aussi l’occasion pour deux diplômées d’oser endosser aussi le costume de chorégraphe. Luca Branca propose ainsi un touchant trio sur la musique de Tchaïkovski, tandis que Elliana Mannella a choisi Stravinsky pour un sextuor de danseuses et de danseurs et un tropisme résolument contemporain. Dans ce fourmillement en douze étapes, on passe allègrement d’un style à l’autre avec une improbable fluidité. Ces Études, qui peuvent être modifiées et enrichies au fil des ans, sont précieuses dans le répertoire de l’Académie Princesse Grace, tant elles permettent d’explorer un large spectre stylistique. Sans compter qu’elles mettent le feu à la salle ! 

Gala de l’Académie Princesse Grace – Blake Works 1 de William Forsythe

L’excellence était cependant déjà au rendez-vous avant l’entracte avec l’entrée au répertoire de l’Académie d’extraits de Blake Works 1 de William Forsythe, créée en 2016 pour le Ballet de l’Opéra de Paris. Le chorégraphe américain revenait à sa verve classique créant sur les chansons de James Blake une pièce résolument néo-balanchinienne, regorgeant de toutes les figures du vocabulaire académique. William Forsythe y clame son amour du ballet, son goût des pointes et des symétries complexes. Stefanie Arndt a accompli un travail formidable pour remonter cette pièce. Forest Fire, premier des trois extraits, met en scène huit danseuses et huit danseurs ainsi que trois solistes. Tout William Forsythe est dans ce premier extrait et les élèves de l’Académie Princesse Grace se confrontent avec bonheur à ce style essentiel dans le répertoire d’aujourd’hui. On ressent le plaisir que toutes et tous ont eu de monter cet Everest en dansant l’un des plus grands chorégraphes vivants. Il n’y a rien de facile dans cette oeuvre où il faut construire sa musicalité sur celle du chanteur James Blake. Ce ballet miniature de quelques minutes est un petit bijou dont l’interprétation enthousiasme.

Le deuxième extrait Put that away est un court trio qui resserre le propos avant le pas de deux final F.O.R.E.V.E.R., interprété par Muu Sakamoto et Zane Smith-Taylor. Sur un tempo d’adage, les deux interprètes sont d’une totale justesse dans le travail des bras complexes inventé par William Forsythe ou les difficiles portés en tournant. Blake Works I peut se voir comme un hommage au vocabulaire classique, plus précisément à l’école française et à son raffinement exigeant une précision absolue. C’est là que le contrat est parfaitement rempli. Près de la moitié des élèves de l’école a participé à cette entrée au répertoire ambitieuse et risquée et c’est une totale réussite.

Gala de l’Académie Princesse Grace – Raymonda par Yui Hakamada

Finissons par le commencement et l’équivalent d’une remise de diplômes pour sept danseuses et danseurs qui quittent l’école contrat en main. Pour leur dernier tour de piste à Monaco, ils offrent une brève variation et cela débute très fort avec Yui Hakamada qui jamais ne tremble sur ses pointes pour la redoutable variation de la claque de Raymonda, dans la version russe de Marius Petipa. C’est sans bavure. Zane Smith-Taylor impressionne lui aussi avec la variation de Solor du troisième acte de La Bayadère. Ample, doté de lignes parfaites pour ce rôle, c’est un danseur classique par excellence. Dans le même registre, Alisa Garkavenko se lance dans l’entrée de Kitri extraite de Don Quichotte avec une série éloquente de grands jetés. Roland Vogel, professeur à l’Académie, a créé spécialement pour Anna Sheleg et Antony Tcherny un touchant pas de deux sur la musique de Chopin. Luca Branca a choisi Goyo Montero pour un solo (Grinding the teeth). Enfin Elliana Mannella confirme son goût pour la chorégraphie en se créant une pièce sur mesure d’une grande drôlerie déployant de belles qualités d’actrice.

Un petit film très touchant les met tous les sept en scène pour un au-revoir. Cinq filles et deux garçons qui prennent leur envol, rejoignant dans quelques semaines les compagnies qui vont les accueillir : le Ballet de Stuttgart, le Ballet Royal de Suède, le Ballet de Norvège, le Staatstheater Nürnberg Ballet, le Royal Ballet de Birmingham. La liste a de quoi impressionner. À l’image de ce gala 2023, elle démontre  les qualités remarquables de l’école dirigée par Luca Masala. 

Gala de l’Académie Princesse Grace – Don Quichotte par Alise Garkavenko

Gala de l’Académie Princesse Grace – Les diplômés (variations et vidéos) avec Yui Hakamada (Raymonda), Zane Taylor-Smith (La Bayadère), Alisa Garkavenko (Don Quichotte), Anna Sheleg et Antony Tcherny (Liebesflug de Roland Vogel), Luca Branca (Grinding the teeth de Goyo Montero), Elliana Mannella (Where have all the young girls gone d’Elliana Mannella) ; Blake Works 1 : Forest Fire, Put that away, F.O.R.E.V.E.R. de William Forsythe ; Études de Michel Rahn, Roland Vogel, Jeroen Verbruggen, Eugenio Buratti, Jean-Christophe Maillot, Luca Branca, Elliana Mannella, Francesco Nappa. Samedi 24 juin 2023 à la Salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo. 

 




 

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