Biennale de la Danse de Lyon – Découverte des Petits travers
Après une journée de création, une journée de cirque et une journée de Défilé, quatrième jour à la Biennale de la Danse de Lyon pour Danses avec la plume, cette fois-ci placé sous le signe du jonglage. Cette 17e Biennale est décidément éclectique. Le collectif Petit travers y crée son dernier spectacle, Dans Les plis du paysage, une merveille de trouvailles et de poésie. Une belle découverte pour finir ce séjour lyonnais.
Le jonglage, d’ailleurs, va plutôt chercher du côté du cirque ou de la danse ? C’est la question qui démarre la journée, par une rencontre avec deux des artistes du collectif. « On a grandi en école du cirque mais la danse est ce qui nous fait avancer aujourd’hui« , lance comme une tentative de réponse Nicolas Mathis, l’un des directeurs artistiques du Petit travers. Ils ont d’ailleurs collaboré au fil du temps avec Maguy Marin ou Josef Nadj. Et les jongleurs, sont-ils des artistes de cirque ou des danseurs ? Nicolas Mathis se voit plutôt comme un « musicien« , dans la façon de travailler avec ses partenaires. Sur scène, il faut être à l’écoute de l’autre, comme dans un quatuor à cordes ou un orchestre.
La difficulté de rentrer un spectacle dans une case (demande si française) est aussi un questionnement de Jean-Claude Gallotta, qui prend la place du Petit travers au jeu des questions-réponses. Le chorégraphe vient donner son spectacle Volver, créé en collaboration avec la chanteuse Olivia Ruiz. Peut-on parler ici de comédie musicale ? « Une comédie musicale, oui… Ou un concert dansé, ou un oratorio rock« . À vous de choisir. Après quelques dates à la Biennale de la Danse, Volver se dirige vers le Théâtre de Chaillot en octobre, et en tournée un peu partout en France toute la saison.
Le soir, direction le Toboggan de Décines pour découvrir Dans Les plis du paysage du collectif Petit travers, création donc très attendue depuis ce matin. Sur scène, sept jongleur.se.s et comédiens se glissent dans la pénombre et les plis de rideaux structurant l’espace. Ils disparaissent aussi vite qu’ils apparaissent, se retrouvent ailleurs, repartent. Les interprètes ne sont en fait pas au centre du spectacle. Plus que les jongleur.se.s, c’est le jonglage qui passionne le Petit travers, le trajet de la balle, son impulsion. Ce ballet est déroutant au début car le mouvement semble comme se couper. Puis l’on entre dans cette nouvelle dynamique, pulsée par la batterie au centre de la scène.
La musique, justement, est fondamentale dans Dans Les plis du paysage. Et c’est d’ailleurs sur cet aspect que cette forme de jonglage fait penser à la danse. La musique n’est pas là que pour forcer tout le monde à être ensemble. la musique guide le geste, dialogue avec lui, la transforme et le module. C’est un dialogue qui s’instaure, le geste qui rebondit sur la musique comme un trampoline. Et qui crée – au-delà de la performance physique impressionnante – toute une poésie et un univers. Les rideaux bougent, la scène se transforme, les interprètes apparaissent plus distinctement. Mais ce n’est que pour mieux mettre en valeur la danse des balles, qui rebondit sur les corps et les têtes. Voilà décidément un spectacle surprenant, qui ne va pas forcément là où on l’attend.
17e Biennale de la Danse de Lyon. Dans Les plis du paysage du collectif Petit travers au Toboggan de Décines, avec Martin Barré, Julien Clément, Rémi Darbois, Juliette Hulot, Nicolas Mathis, Marie Papon, Clément Plantevin et Pierre Pollet. Lundi 19 septembre 2016. La Biennale de la Danse de Lyon continue jusqu’au 30 septembre.