Les Sept planches de la ruse – Aurélien Bory et 14 artistes de l’Opéra de Dalian
Quand Aurélien Bory a créé en 2007 Les Sept planches de la ruse, il était encore un « espoir » du nouveau cirque. Huit ans après la première en Chine, il est devenu un chorégraphe incontournable, multipliant les collaborations dans des spectacles mélangeant cirque, danse, scénographie inventive et théâtre. Les Sept planches de la ruse est un bel exemple de ce mélange, créé en toute complicité avec 14 acrobates chinois de l’Opéra de Dalian. Même si le spectacle peut parfois manquer de rythme, il marque encore une fois le talent d’Aurélien Bory pour créer comme une nouvelle dimension sur scène : les objets deviennent vivants, des acrobates à part entière.
En chinois, les Sept planches de la ruse se traduit par « qi qiao ban ». Soit un jeu de l’Antiquité arrivé en Europe au XIX siècle, composé de cinq triangles de trois tailles différentes, d’ un carré et d’un parallélogramme. Ils peuvent s’assembler en un grand rectangle, ils peuvent aussi représenter visuellement, en les assemblant de différentes façons, les principes géométriques. Pour Aurélie Bory, c’est un vaste terrain de jeu. Les sept pièces sont créés en format de géant, seul décor sur scène. Elles bougent, elles glissent. Les acrobates jouent avec, s’en emparent ou au contraire se laissent guider par ces formes. Un ballet aérien se met en place, sans surjouer la virtuosité, en s’amusant plutôt avec une légèreté presque enfantine bienvenue.
Et puis insidieusement, les formes géométriques semblent prendre comme vie. L’équilibre se joue désormais entre elles. Elles se montent dessus, se soutiennent, la suspension juste tient parfois à un fil. Qui manie qui, les acrobates ou ce décor mouvant ? Tout le spectacle tient sur cette ambivalence, et un certain humour né de l’équilibre précaire. Dommage qu’Aurélien Bory traque parfois une idée jusqu’à épuisement de la matière. Le spectacle en souffre un peu et manque parfois de rythme. Mais l’essentiel est là : créer comme un autre univers en scène, un endroit où décidément tout semble possible, la seule limite étant l’imagination.
Les Sept planches de la ruse d’Aurélien Bory au 104. Avec les artistes de l’Opéra de Dalian : Sun Rui Chen, Yingchun Baudouin, Ding Hong, Jiang Hui Min, An Li Ming, Chen Jian Hui, Liu Yu, Qu Ai Guo, Wang Wen Tao, Zhang Ben Chuan, Cao Yu Hua, Liu Xue Yong, Liu Yuan Zhi et Song Chao. Vendredi 13 novembre 2015.