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Rocío Molina – Caída del Cielo

En résidence au Théâtre de ChaillotRocío Molina a construit son nouveau spectacle Caída del Cielo en tournée, entre deux spectacles. L’énergie brute de la scène est là, la volonté de ne pas enfermer le flamenco dans une case aussi. Les cartes sont brouillées, parfois un peu trop. Mais le vent de liberté qui souffle sur Caída del Cielo ne cherche pas à se laisser dompter. Rocío Molina, danseuse belle, danseuse forte, envoûte et percute tout sur son passage.  

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Caída del Cielo – Rocío Molina

Des guitares électriques se font entendre à peine la lumière. Le ton est donné : le flamenco de Rocío Molina est résolument contemporain et volontairement rentre-dedans. La danseuse émerge d’une longue robe blanche de flamenco, à la traîne immense et floconneuse. Puis les couches s’enlèvent petit à petit. Entourée de quatre musiciens, elle se met à nu, au propre comme au figuré. Caída del Cielo, c’est elle. Rocío Molina ne cherche pas à faire beau, à plaire, à trouver le raffinement. Elle déborde d’une féminité assumée, presque guerrière, monte en scène comme une amazone. Sur le plateau, elle danse du pur flamenco, part dans un registre plus contemporain, se montre en performance en effilant une robe trompée dans de la peinture et laissant sur la toile les traces de son improvisation. La musique suit son chemin, passant du rock au flamenco traditionnel. Caída del Cielo va dans tous les sens, volontairement, sans chercher à s’en cacher. Le spectacle assume se perdre, devenir incompréhensible, foncer même dans une certaine caricature de l’artiste libérée.

Caída del Cielo nous perd donc en chemin, d’une façon parfois exaspérante (less is more, ai-je parfois envie de lui dire). Mais Rocío Molina sait nous rattraper. Parce que tout en elle respire la danse et la sincérité. Parce que voir une femme qui assume sa force, qui assume avoir le pouvoir en scène, qui assume sa féminité sans tomber dans la séduction fait du bien aussi. C’est d’un geste, d’une frappe, d’un mouvement de robe, d’un regard furieusement rigolard que Rocío Molina nous rattrape. Son spectacle lui ressemble, il a ses défauts et ses qualités. Too much, certainement. Débordant, passionnant, secouant et vital, tout autant. 

Caída del Cielo - Rocío Molina

Caída del Cielo – Rocío Molina

 

Caída del Cielo de Rocío Molina au Théâtre de Chaillot, avec Rocío Molina (danse), José Ángel Carmona (chant), Pablo Martín Jones (percussions, musique électronique), José Manuel Ramos « Oruco » (palmas) et Eduardo Trassierra (guitare). Jeudi 3 novembre 2016. À voir au Radiant-Bellevue de Lyon le 15 novembre

 

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