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Chaillot fête le hip hop d’auteur avec OPUS 14 et The Roots de Kader Attou

C’est à Kader Attou, chorégraphe hip hop et directeur du Centre Chorégraphique National de La Rochelle, que le Théâtre de Chaillot confie son plateau en cette fin d’année. L’occasion pour le public parisien de découvrir enfin, outre sa dernière pièce OPUS 14, The Roots, spectacle acclamé depuis sa création il y a deux ans. Un bien joli cadeau.

Opus 14 de Kader Attou

OPUS 14 de Kader Attou

OPUS 14, pièce pour seize danseurs et danseuses inaugurée en 2014 à la Biennale de danse de Lyon, ouvre les festivités.  « En danse hip hop, la singularité du danseur est première. Elle est une quête perpétuelle et en même temps un signe d’appartenance, de reconnaissance de ses pairs. Cette notion d’individualité dans le groupe, dans la masse nourrit de longue date ma démarche chorégraphique. » déclare Kader Attou. Dans cette 14ème création, il poursuit sa recherche en confrontant collectif et individualité, gravité et élévation, poésie et virtuosité. Entre solos et danses chorales, unissons et contrepoints, ses interprètes vêtus de pantalons et chemises aux tons pastels, mêlent popping et breakdance, avec une énergie rare et une technique souvent époustouflante.

Le groupe se disloque puis se reforme, les corps volent ou rampent au sol, les moments suspendus succèdent à des mouvements d’une vitesse folle. Tout est réussi dans cette pièce : Kader Attou déploie sa grammaire hip hop dans une chorégraphie parfaitement construite, les danseurs et danseuses récitent leur partition avec engagement et brio. Et pourtant, contrairement au public qui semble des plus heureux, je reste ce soir-là sur ma faim, sans que je réussisse véritablement en m’expliquer pourquoi.

Opus 14 de Kader Attou

OPUS 14 de Kader Attou

Pour la satisfaire, il me faut attendre la seconde semaine, le second programme : The Roots. Pièce plus ancienne qu’Opus 14 puisque créée en 2013, elle jouit depuis d’un aussi invariable qu’éclatant succès. Elle est « une ode à cette histoire fabuleuse qui dure depuis 30 ans qu’est la danse hip hop. 30 ans depuis l’émission de Sidney, 30 ans de maturité. The Roots redessine les contours de cette danse à la fois dans sa virtuosité et dans sa poétique des corps.« , selon les mots de Kader Attou. Mais elle est surtout un voyage dans les racines du langage élaboré par le chorégraphe. De l’émission culte H.I.P.H.O.P. aux premiers pas esquissés sur le macadam lyonnais, de l’école circassienne à la découverte de la danse contemporaine. Et puisque tout est affaire de partage et de rencontres, elle puise également dans l’histoire de ses onze excellents danseurs.

Dès les toutes premières minutes, la brillante interprétation de Kevin Mischel, seul sous une douche de lumière, saisit. Il se meut assis sur un fauteuil déglingué, au son d’un 45 tours qui crépite devant lui. Sa présence hypnotise d’ailleurs tout au long du spectacle tant, au delà de la maitrise technique, il joue et danse de tout son être. À sa solitude s’oppose le groupe, l’extérieur, éclairé par intermittence, qui d’abord immobile, lui fait écho avant que tous se rejoignent.

The Roots de Kader Attou

The Roots de Kader Attou

Ainsi commence une heure d’un véritable feu d’artifices hip hop, fait de magie et de quotidien, de virtuosité et d’émotion, empli de surprises. Des meubles qui se meuvent seuls, une table basse qui devient trampoline, un talentueux numéro de claquettes, en sont quelques-unes qui s’égrainent dans cet ordinaire réenchanté. Si parfois, véritables respirations, les gestes s’exécutent au ralenti, le rythme de la pièce est haletant. Les prouesses physiques s’enchaînent sans que jamais l’on ne perde en poésie. Et après un final à l’unisson d’une très grande beauté, Kader Attou comme ses magnifiques interprètes recueillent une fois encore la standing ovation méritée d’un public conquis et reconnaissant. Quelle belle façon de clore une riche année de danse !

The Roots de Kader Attou

The Roots de Kader Attou

 

OPUS 14 de Kader Attou au Théâtre National de Chaillot. avec Mickaël Arnaud, Sim’Hamed Benhalima, Damien Bourletsis, Amine Boussa, Sarah Bouyahyaoui, Bruce Chiefare, Babacar « Bouba » Cissé, Virgile Dagneaux, Erwan Godard, Nicolas Majou, Kevin Mischel, Jackson Ntcham, Artem Orlov, Mehdi Ouachek, Nabil Ouelhadj et Soria Rem. Mercredi 16 décembre 2015.

The Roots de Kader Attou au Théâtre National de Chaillot, avec Babacar « Bouba » Cissé, Bruce Chiefare, Virgile Dagneaux, Erwan Godard, Mabrouk Gouicem, Adrien Goulinet, Kevin Mischel, Artem Orlov, Mehdi Ouachek, Nabil Ouelhadj, Maxime Vincente. Mercredi 23 décembre 2015.

 

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