Cirque Le Roux – The Elephant in the Room
Après avoir posé leurs valises durant trois mois au théâtre Bobino à Paris cet automne, le Cirque Le Roux a repris sa roulote pour arpenter la France avec un spectacle épatant : The Elephant in the Room. Venus des écoles du cirque de Montréal et de Bruxelles, ces quatre jeunes gens apportent un souffle original dans cette galaxie du nouveau cirque.
Depuis qu’il a en partie déserté les chapiteaux et définitivement abandonné les ménageries d’animaux, le nouveau cirque qui n’a plus grand chose à voir avec la Piste aux étoiles de notre enfance, n’en finit pas de renouveler ce genre et d’en faire un art de la scène complet. Gregory Arsenal, Yannick Thomas, Philip Rosenberg et Lolita Costet ont déjà trainé leur talent dans des compagnies prestigieuses telles que Les 7 Doigts de la main et se sont même produits sur Broadway en 2013 dans la reprise de la comédie musical de Bob Fosse Pippin. Mais ils ont eu envie de créer leur propre spectacle et cette entrée en piste est percutante. L’idée était de construire un spectacle cohérent qui emprunte à l’art de la comédie. C’est Charlotte Saliou qui a élaboré la mise en scène à partir d’un argument qui s’inspire à la fois des comédies et des films noirs américains de l’entre-deux-guerres. On est en 1937 et Miss Betty va se marier, quand trois hommes font irruption dan la pièce dans un joyeux fatras et une série de quiproquos clownesques.
Ces prémisses sont le prétexte à un enchainement d’exploits, de glissades non-stop dans un décor qui représente à merveille un salon fumoir des années 1930. Le visuel et les incrustations façon film muet contribuent à cette esthétique subtile et résolument festive qui s’appuie sur une bande-son originale composée par la pianiste canadienne Alexandra Stréliski. On s’amuse ainsi beaucoup dans The Elephant in the Room et on pousse aussi quelques cris de frayeurs. L’acrobatie et les équilibres extrêmes sont en effet le cœur de cible de ces quatre jeunes gens. Sauts pyrotechniques, chandelles improbables avec le mât chinois qui est comme le clou ou le point d’orgue du spectacle. Certes, le scénario du livret est un peu mince et ne tiendra pas vraiment ses promesses mais qu’importe. L’essentiel est ailleurs : dans l’incommensurable énergie de cette troupe qui prend tous les risques. Ils ne sont que quatre, mais ils occupent l’espace comme dix !
Ce sont aussi d’excellents comédien.ne.s et des danseur.se.s accompli.e.s. Il y a ainsi un duo de claquettes parfaitement exécuté et même une parodie de ballet tout à fait réussie. Et nos quatre quatre circassien.ne.s ne rechignent pas à aller du côté de la sensualité des corps, voire de l’érotisme. The Elephant in the Room a été crée il y a trois ans et le succès ne se dément pas. Du coup, le Cirque Le Roux joue les prolongations. Allez-y ! C’est un élixir anti-déprime assuré.
The Elephant in the Room du Cirque Le Roux au Théâtre Bobino, de et avec Gregory Arsenal, Yannick Thomas, Philip Rosenberg et Lolita Costetre. Mercredi 11 janvier 2017. En tournée un peu partout en France jusqu’au 10 juin.