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Para-ll-èles – Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta

Après un duo (Odyssée) et une école de danse (le LAAC), Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta continuent leur chemin artistique hors-Opéra. Place cette fois-ci à une soirée entière, un duo entre eux, forcément. Para-ll-èles explore les multiples formes d’une relation. Un couple sur scène se croise, s’amuse, danse chacun de son côté pour mieux se retrouver. Un cheminement très personnel, un tracé que les deux artistes mènent et qui n’en est qu’à son début.

Para-ll-èles - Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta

Para-ll-èles – Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta

Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta pourraient s’écraser en scène. Ce sont deux fortes personnalités artistiques, et très différentes. Mais le couple sait se placer en harmonie, leur grande complicité aidant. Chacun trouve sa place, à sa manière, que ce soit en duo ou en solo. Et c’est un vrai plaisir de retrouver ces danseur.se.s en scène, leur énergie intacte, leur instinct de la danse. Ils démarrent par une longue course, grand sourire, comme heureux de retrouver leur place sur le plateau. La course se transforme en jeu d’équilibre : je te tiens, tu me retiens, mi cadré-mi improvisé. Puis Nicolas Le Riche part dans un grand solo comme lui seul peut les danser, sur les guitares de Matthieu Chedid.

La danse mélange des purs pas académiques et des démarches plus contemporaines, à leur image d’artistes ayant quitté une grande maison mais se rappelant de leur base pour mieux en faire autre chose. Para-ll-èles apparaît ainsi comme une exploration : où en sont ces deux artistes et vers quoi veulent-ils aller. C’est un moment T dans un cheminement artistique, qui ne sait pas encore quel tournant prendre et qui cherche à le découvrir. Le tout manque parfois de recul, d’accents, d’aspérités dans la chorégraphie. Un sentiment accentué par la musique, pas toujours inspirée de Matthieu Chedid. J’aurais pourtant adoré l’adorer, mais la partition souffre d’un manque de rythme (et de cruels relents planants 80′).

Para-ll-èles - Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta

Para-ll-èles – Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta

Finalement, il y a le sentiment de voir sur scène deux grands artistes, mais qui ne savent pas forcément s’auto-donner assez de matière à danser. Et naît comme l’envie de les revoir interprètes d’un chorégraphe extérieur, d’insérer un troisième regard autre dans leur duo pour lui donner toute sa force.

 

Para-ll-èles de et avec Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta, à la Maison de la Culture d’Amiens. Lundi 22 février 2016. À voir du 11 au 13 mars au Théâtre des Champs-Élysées, en tournée du 24 mars au 25 septembre.

 

Commentaires (2)

  • Monique

    Ce spectacle vu dimanche après-midi, m’a paru émouvant, une magnifique déclaration d’amour réciproque, une profession de foi en l’humain et illustrant l’empreinte de chacun sur soi de façon tendre et poétique. L’ensemble est aussi très cohérent; le poème à deux voix était un exercice risqué et on rêve d’échanger le même avec son bien aimé voisin.
    Je pense qu’après leur départ de l’Opéra c’est une première étape et une façon de prendre date ensemble avec le public pour l’avenir.
    Certes, peut on considérer que ces deux merveilleux danseurs « ne se donnent pas assez à danser  » mais je pense que vu leur capacités de virtuoses il n’a pas dû leur échapper qu’il n’y avait pas cinq pas par seconde dans leur chorégraphie, ne croyez vous pas ?
    Seul Nicolas LE RICHE peut apporter une réponse à ce parti pris qui ne m’a pas frustrée; justement, nous le voyons autrement qu’avant, plus proche aussi, qui nous parle comme à l’oreille…
    Elle c’est vrai montre une facette de son talent par fines touches mais n’est pas moins émouvante.
    En art chohrégraphique, comme en peinture il existe des grandes toiles, des aquarelles, des gravures, des petits formats , cela signifie -t-il moins de talent pour autant ?

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  • Agnès

    J’ai vu aussi ce spectacle dimanche après-midi, il ne m’a pas particulièrement émue, ni enchantée, sa poésie m’a paru convenue, voire un peu niaise : le petit jeu de bâtons fluo au début, le ciel étoilé de la fin, inutile à mes yeux, et pas très subtil….; le texte susurré, en voix croisées, » tu es mon refuge, ma maison c’est toi, etc…. », c’est quand même d’une grande platitude, comme un surtitrage redondant qui dirait exactement ce que l’on voit… Certes,il y a de fort beaux moments, l’allégresse enfantine du début est jolie (mais ça s’étire un peu trop), et le solo de Nicolas magistral…. c’est déjà beaucoup, et ce moment seul sauve le spectacle. Mais cette heure et des poussières (d’étoiles) souffre de remplissages un peu voyants,et d’un musique bien peu inspirée; il me semble que ces deux merveilleux danseurs, pour qui j’ai la plus grande admiration, et qui me firent tant vibrer à l’Opéra de Paris, méritent mieux que ce qu’ils se donnent, je suis tout à fait d’accord avec Amélie sur ce point…. Quand on a vu les déclinaisons magistrales de Mats Ek sur le thème du couple dans ce même TCE il y a quelques mois…. la comparaison est un peu rude (elle n’est peut-être pas légitime, mais me vient assez naturellement à l’esprit). Nicolas et Clairemarie s’aiment, se manquent, cheminent ensemble, c’est formidable, on est très contents pour eux mais ça ne va pas au-delà, il m’a manqué quelque chose: une consistance, une grâce, une ivresse, un élan…. tout ce qui explosait la veille , avec une tardive mais si belle évidence, dans le spectacle de Béatrice Massin à Chaillot….
    Je suis un peu chiffon contre le grand Nicolas, à vrai dire, sa « carte blanche » de l’an passé m’avait vraiment laissée sur ma faim , ses « parallèles » ne croisent rien chez moi, et je le regrette….
    Ce n’est évidemment qu’un « ressenti », comme on dit aujourd’hui, forcément subjectif.
    Merci pour ce site passionnant, Amélie.
    Bien à vous.
    Agnès

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