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[Les Étés de la Danse] Alvin Ailey American Dance Theater – Wilson/Taylor/Battle/Ailey

Entre le public parisien et l’Alvin Ailey American Dance Theater, c’est une histoire d’amour qui dure. Invitée pour la cinquième fois aux Étés de la Danse, la troupe a de nouveau reçu un accueil plus que chaleureux, avec un premier programme résolument festif et mettant si bien en valeur la folle énergie communicative des interprètes de la compagnie. En point de conclusion, Revelation d’Alvin Ailey, toujours aussi rempli de ferveur, malgré une nouvelle salle (la Seine musicale) qui ne se prête pas forcément au mieux à la danse.

Revelations d’Alvin Ailey – Alvin Ailey American Dance Theater

Tenues glamour, rouges à lèvres appuyés, déhanchés ravageurs, folle musique jazzy… The Winter in Lisbon de Billy Wilson, sur des musiques de Dizzy Gillespie et Charles Fishman, ouvre délicieusement la soirée. Voici l’histoire d’une nuit de danse et de drague dans une boîte de nuit un peu hors du temps. Une quinzaine de danseurs et danseuses sont en scène, soit autant de possibilité de trouver sa moitié, de voir ailleurs si j’y suis, de séduire par sa danse, de partir dans les bras d’un autre. La danse est jazzy au possible, rythmée et chaloupée, provoquant des duos qui se tournent autour comme des passages de groupe qui s’envolent. Ça s’envoie des œillades, ça mate, pas sûr pourtant que ça conclut. Car sous des dehors sexy, ça badine comme du Jerome Robbins dans cette boîte de nuit. Ça regarde et ça s’en va, ça semble intéressé mais la danse est plus forte qu’un vague coup de coeur. Ça se tourne délicieusement autour, et finalement ça en reste là. Dances at a Gathering version jazz ? On n’en est pas loin ! Même si la géniale et entêtante scène finale rappelle plus l’énergie du furieux Mambo de West Side Story

Piazzola Caldera de Paul Taylor, l’une des premières françaises de cette tournée, fonctionne sur le même principe. Si ce n’est que la danse jazz est remplacée par une chorégraphie plus axée sur la danse moderne gentiment mâtiné de tango. Et l’ambiance est un peu moins joyeuse, même carrément dramatique avec l’effondrement d’une danseuse face à sa quête non-résolue d’un coeur libre à sa mesure. Malgré la formidable soliste qui donne le ton, ce ballet souffre un peu de la comparaison avec le précédent The Winter in Lisbon. Même thème, même ambiance, mais une danse qui semble un peu plus crispée, et une inspiration tango qui semblent moins naturelle aux interprètes. Le duo réussi Ella de Robert Battle (autre nouveauté parisienne) permet de retrouver toute la fluidité dans la danse qui plaît tant chez cette troupe. Hommage à Ella Fitzgerald, la pièce s’inspire de la musique de la chanteuse pour un moment court (cinq minutes), mais percutant et ne dédaignant pas l’humour. La danse jazz se pare d’une ambiance à la Broadway pour un jeu drôle et original, parfait contre-point entre deux ballets un peu plus longs. 

Ella de Robert Battle – Alvin Ailey American Dance Theater

Il ne faut bien sûr que Revelations, le tube d’Alvin Ailey, pour terminer ce premier programme. « En tant que danseur professionnel qui a rêvé de cette troupe, je ne peux pas me lasser de danser cette pièce maitresse« , expliquait à DALP Yannick Lebrun, le danseur français d’Alvin Ailey. Et c’est vrai que le plaisir de voir cette pièce est toujours présent, même après l’avoir vue et revue. Dès que le rideau se lève, il y a sur scène une ferveur, une intensité particulière. Revelations séduit souvent par ses passages joyeux replongeant dans l’ambiance des États-Unis du Sud, sentiment nostalgique un brun folklorique. Ce soir-là, il s’agit plutôt d’une certaine gravité, comme une prière un peu triste, un moment de recueillement. Même les danseuses agitant leur éventail jaune ont un voile particulier dans leur regard. L’effet est cependant le même : une joie communicative auprès du public qui manifeste bruyamment son enthousiasme et se voit offrir un petit rappel pour l’occasion.

L’on n’était pourtant pas tout à fait au niveau de l’ambiance électrique qui avait accueilli ce même ballet il y a deux ans au Théâtre du Châtelet. La faute à la salle ? La Seine musicale est magnifique de l’extérieur, mais sa grande salle se prête plus aux comédies musicales qu’à la danse. L’énergie se perd un peu dans sa grandeur, tout comme l’aspect intimiste dont peut se parer Revelations. Les puristes éviteront aussi le parterre, qui ne permet que difficilement de voir les jambes des danseurs et danseuses. Les interprètes de l’Alvin Ailey American Dance Theater ont su cependant s’adapter et démarrer sous les meilleurs auspices une tournée qui se poursuit jusqu’au 22 juillet. 

Piazzola Caldera de Paul Taylor – Alvin Ailey American Dance Theater

 

L’Alvin Ailey American Dance Theater à la Seine musicale, dans le cadre des Étés de la Danse. The Winter in Lisbon de Billy Wilson avec Daniel Harder, Glenn Allen Sims, Vernard J. Gilmore, Rachael McLaren et Belen Pereyra (San Sebastian), Linda Celeste Sims et Glenn Allen Sims (Lisbon) ; Piazzola Caldera de Paul Taylor avec Linda Celeste Sims, Belen Pereyra, Yannick Lebrun, Daniel Harder, Michael Francis McBride, Rachael McLaren, Jamar Roberts, Fana Tesfagiorgis, Samantha Figgins, Renaldo Maurice, Jeroboam Bozeman et Collin Heyward ; Ella de Robert Battle avec Megan Jakel et Jacquelin Harris ; Revelations d’Alvin Ailey avec Chalvar Monteiro, Danica Paulos et Ashley Mayeux (Daniel), Akua Noni Parker et Michael Jackson Jr. (Fix me), Renaldo Maurice, Samantha Figgins, Sean Aaron Carmon et Collin Heyward (Processional), Ghrai DeVore, Vernard J. Gilmore et Fana Tesfagiorgis (Wade), Clifton Brown (Ready), Collin Heyward, Jermaine Terry et Kanji Segawa (Sinner Man). Mercredi 5 juillet 2017. Programme à revoir les 10, 13 et 22 juillet ; l’Alvin Ailey American Dance Theater aux Étés de la Danse jusqu’au 22 juillet.

 

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