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Borderline de Wang Ramirez, troisième !

Fait inédit, le Théâtre de la Ville programme pour la troisième fois Borderline du duo de chorégraphes Wang Ramirez et, après deux passages aux Abbesses, lui réserve les honneurs de sa grande salle. Il faut dire que le succès, public aussi bien que critique, de ces deux-là comme de leur pièce va croissant et est international. De quoi aiguiser sérieusement l’envie et la curiosité de celui ou celle qui, comme moi, ne l’a pas encore vue. De quoi aussi, malheureusement, engendrer quelques déceptions

Borderline de Wang Ramirez

Borderline de Wang Ramirez

Bboy français d’origine espagnole, Sébastien Ramirez a arpenté les battles et s’est vu sacrer champion de France avant de chorégraphier, notamment pour le Sadler’s Wells (à l’occasion du centenaire du Sacre du Printemps) et tout récemment pour le Rebel Heart Tour de Madonna. Ballerine et gymnaste allemande d’origine coréenne, Honji Wang s’est tournée vers le hip-hop, discipline plus libre qui lui seyait mieux, a dansé en duo avec Akram Khan ou Rocio Molina. Tous deux se sont rencontrés à Berlin en 2004, ont fondé leur compagnie en 2007. Début de leur success story, ils obtiennent un premier prix chorégraphique à Osaka en 2009 puis un Bessie Award pour leur pièce AP15 en 2011. Ils développent ensemble un hip-hop d’auteur à la gestuelle fluide, virtuose et contemporaine, qui, s’imprégnant de leurs cultures métissées, questionne avec humour ou poésie nos identités.

Créé en 2013, leur spectacle Borderline explore comme son titre l’indique la notion de frontières, que celles-ci soient intimes ou physiques. Il met en scène cinq danseur.se.s et un gréeur, qui actionne sur le plateau poulies, cordes et élastiques, contraignant les interprètes dans leurs mouvements, les manipulant, mais permettant aussi leur envol. Deux grands cubes d’acier tubulaires, dont une face est emplie de barreaux, forment quant à eux autant d’entraves que de refuges. Dans cette géographie variable, entre Europe et Asie, duos, trios et ensembles s’affrontent, s’entraident ou convolent. Le propos politique, se mêle à l’humour et à la poésie.

Borderline de Wang Ramirez

Borderline de Wang Ramirez

Beaucoup de choses séduisent dans cette pièce, et plus que tout le travail de Wang Ramirez sur le mouvement. Issus de la breakdance, ils s’en inspirent pour inventer un nouveau vocabulaire, où les gestes se lient avec une grande fluidité, sans oublier pour autant la virtuosité. De nombreuses scènes réjouissent par leur intelligence ou leur humour. C’est le cas de la toute première où deux danseuses reliées par une même corde attachée à une poulie, livrent bataille pour atteindre un même but, les avancées de l’une rimant inexorablement avec les défaites de l’autre. Lorsqu’on les retrouve bien plus tard montées sur de vertigineux stilettos, déambulant jambes en avant et buste en arrière toute, les rires fusent. Malheureusement, les passages jouant des cordes et élastiques sont trop nombreux et n’apportent pour la plupart que peu de nouveauté. S’il est vrai que voir une danseuse amoureuse s’envoler dans les airs a toujours quelque chose de poétique, la technique a été trop souvent et depuis trop longtemps utilisée pour conserver encore de l’attrait.

Au delà de ses qualités et défauts formels, Borderline laisse perplexe par la profusion des pistes et univers explorés. De l’hanbok, costume traditionnel coréen, aux jupes version Lamentation de Martha Graham, du message politique fustigeant nos semblants de démocratie et les violences policières au duo amoureux, de la danse théâtre au duo humoristique, chaque élément pâtit de cette abondance, perd en force et l’ensemble finit par manquer de cohérence. Dommage !

Borderline de Wang Ramirez

Borderline de Wang Ramirez

 

Borderline de Wang Ramirez au Théâtre de la Ville, avec Louis Becker, Christine Joy Alpuerto Ritter, Kai Gaedtke, Mustapha Saïd Lehlouh, Sébastien Ramirez et Honji Wang. Mardi 22 mars 2016.

 

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