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Drumming Live d’Anne Teresa De Keersmaeker – Ballet de l’Opéra de Paris

Nouvelle entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris pour Anne Teresa De Keersmaeker. Après Rain, déjà sur une musique de Steve Reich en 2011, Die Grosse FugueQuatuor n°4Verklärte Nacht en 2015 et sa mise en scène d’une production inédite de Cosi Fan Tutte cette saison, c’est son chef-d’œuvre Drumming Live qui est programmé à l’Opéra Bastille. Une pièce hypnotique et exigeante que danseurs et danseuses semblent s’approprier avec jubilation, porté.e.s par le talent des musiciens de l’Ensemble Ictus.

Drumming Live d’Anne Teresa de Keersmaeker – Ballet de l’Opéra de Paris

Drumming, créée entre 1970 et 1971 après un voyage au Ghana, est une des œuvres les plus élaborées du compositeur répétitif Steve Reich. Elle est aussi la plus longue. Il y complexifie ses caractéristiques déphasages en employant des instruments aux timbres différents ou en intégrant des chants monosyllabiques. La partition est composée de quatre mouvements, peau (tambours), bois (marimbas), métal (glockenspiel), puis une combinaison de toutes les percussions dans la partie finale. Après avoir mis en danse Piano Phase, Come out, Violin Phase et Clapping music dans Fase, sa pièce fondatrice, Anne Teresa de Keersmaeker s’empare une première fois d’un extrait cette partition pour Just Before, avant d’en développer son approche dans son œuvre éponyme, Drumming, un an en plus tard en 1998.

Comme dans Fase, la chorégraphe créée une pièce chorégraphique indépendante, qui répond à la musique de Reich en reprenant ses procédés de compositions plutôt qu’en l’illustrant. Ainsi, elle écrit une longue phrase de deux minutes dans le silence d’un studio, phrase qui exposée au début du spectacle sert de matériel chorégraphique à l’ensemble de son œuvre pour douze danseurs et danseuses. Par des techniques contrapuntiques et d’accumulation complexes, des déphasages, elle l’amplifie, la diversifie. À cela elle ajoute comme à son habitude un parcours scénique géométrique, cette fois en étoiles, droites et spirales, qui tour à tour se dilue ou se concentre.

Drumming Live d’Anne Teresa de Keersmaeker par le Ballet de l’Opéra de Paris

Drumming live est, pour ses interprètes, une des pièces les plus exigeantes d’Anne Teresa de Keersmaeker. Elle nécessite un engagement physique sans faille de par son flux ininterrompu de mouvements, une intense concentration de par la complexité de sa composition et la précision de ses déplacements. « Tout le défi pour les danseurs consiste à individualiser leur expression sans porter préjudice à la précision et au flux irrépressible, presque mécanique, de la chorégraphie » déclare-t-elle avant d’ajouter « Le contrepoint chorégraphique et musical exige que les danseurs se soutiennent les uns les autres. »

Dans une atmosphère blanc orangée de coucher de soleil que magnifient les lumières et la scénographie de Jan Versweyeld et les costumes de Dries Van Noten, c’est ce que les danseurs et danseuses du Ballet de l’Opéra réussissent avec brio. Après une entame où leurs corps laissent transparaitre une certaine raideur, ils semblent finalement s’abandonner avec jubilation à ce flux d’énergie ininterrompu, se couler avec bonheur et aisance dans la complexité croissante de la chorégraphie. Ils et elles dansent grand, sautent haut, et les sourires et regards complices s’exposent à chaque instant. Parmi la distribution, Takeru Coste, précis et bondissant, Juliette Hilaire, Muriel Zusperreguy et Sofia Rosolini, toutes dotées d’une belle personnalité, sont particulièrement remarquables dans ce répertoire.

Drumming Live d’Anne Teresa de Keersmaeker par le Ballet de l’Opéra de Paris

 

Drumming Live d’Anne Teresa de Keersmaeker par le Ballet de l’Opéra de Paris et l’Ensemble Ictus à l’Opéra Bastille. Avec Sae Eun Park, Muriel Zusperreguy, Caroline Robert, Juliette Hilaire, Laurène Lévy, Miho Fujii, Awa Joannais, Sofia Rosolini, Florian Magnenet, Jérémy-Loup Quer, Daniel Stokes, Takeru Coste. Mercredi 5 juillet 2017. À voir jusqu’au 15 juillet

 

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