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(S)acre de David Drouard – Suresnes Cités Danse

En ouverture de la 26e édition de Suresnes Cités Danse, qui continue jusqu’au 11 février, (S)acre met en scène neuf danseuses et trois musiciennes dans une cartographie végétale orchestrée par le jardinier et architecte-paysagiste Gilles Clément. Après avoir créé Faune et (H)ubris, David Drouard conclut sa trilogie sur les mythes contemporains avec ce « concert chorégraphique » halluciné qui, en dépit d’une intention décalée et originale, déçoit.

(S)acre de David Drouard – Suresnes Cités Danse

(S)acre débute dans une atmosphère crépusculaire. Les danseuses descendent sur scène via les escaliers de la salle. Petit à petit, elles commencent à prendre possession de l’espace tout en s’observant les unes les autres. Pas d’animosité entre elles, plutôt une sorte de défiance latente. On découvre au fur et à mesure le décor réalisé par Gilles Clément. Il consiste en une disposition d’une centaine de plantes de quinze espèces différentes installées de part et d’autre de la scène. Est-ce parce que cette végétalisation constituait un axe fort de curiosité précédant la pièce, on se surprend à être un peu désapointée par ce « théâtre en ruines dans lequel la nature reprend ses droits » ?

Autre particularité : exit la musique de Stravinski ! À l’exception d’un court extrait clairement identifié de la danse sacrale vers la fin, place à une digression électro-punk-rock autour de la structure rythmique du Sacre interprété sur scène par trois musiciennes. Même si cela peut étonner de prime abord, on se laisse happée par l’originalité de la proposition. Sur ces notes survoltées, comme des survivantes, coincées par ces lambeaux de végétation, le groupe de femmes erre entre déplacements hypnotiques et courses concentriques qui semblent traduire une perte de repères spatiaux et temporels.

(S)acre de David Drouard – Suresnes Cités Danse

Dans le (S)acre de David Drouart, l’Élue change à chaque représentation – chaque danseuse peut interpréter ce rôle soumis au hasard avant la représentation – et ne subit pas le sacrifice auquel la version de 1913 l’avait prédestinée. Choisie par la communauté, comme figure de la résistance, l’une d’entre elles émerge de cet essaim. Chef de file, elle donne le tempo de la reconquête de ce monde post-apocalyptique dans lequel les hommes n’auraient pas survécu. La pièce semble gagner en puissance. Hélas, l’intensité se dilue, la chorégraphie n’apparaît pas assez solide pour accompagner cette renaissance. Les danseuses, dont certaines comme Ingrid Estraque, pour ne citer qu’elle, possèdent une puissance scénique indiscutable, apparaissent par moments un peu perdues, faute de direction claire.

Quelques minutes avant la fin de la pièce, une trentaine de femmes – dont Jade Larine, rédactrice chez DALP ! – surgissent elles-aussi de la salle et descendent rejoindre les danseuses sur scène. Comme une invitation lancée au public à rejoindre ce jardin en renouveau. Ces amatrices choisies par le chorégraphe se fondent parmi les interprètes sur scène et adoptent des poses différentes les unes des autres. La communauté de femmes s’agrandit avec cet afflux soudain. Dans le même espace un peu contraint, chacune se fait une petite place sur ce radeau de la Méduse. L’image est intéressante, mais reste inaboutie. On le savait : s’attaquer au Sacre du printemps, Everest chorégraphique et musical, n’est définitivement pas un chemin dénué d’embûches.

(S)acre de David Drouard – Suresnes Cités Danse

 

(S)acre de David Drouard au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, dans le cadre de Suresnes Cités Danse. Musiciennes-compositrices live : Simone Aubert, Agathe Max, Emilie Rougier. Avec Aude Arago, Julie Coutant, Karima El Amrani, Ingrid Estarque, Delphine Gaud, Lea Helmstädter, Marie Marcon, Coline Siberchicot, Léonore Zurfluh et 30 danseuses amatrices âgées de 13 à 77 ans. Samedi 13 janvier 2018.

 

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