Le Centre National de Danse Contemporaine d’Angers et son École fêtent leurs 40 ans
ANCNDCDBPD-81-18. Vous ne rêvez pas ! C’est le titre du spectacle présenté au Théâtre de Chaillot pour célébrer les 40 ans du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers et de son École supérieure. On sait être facétieux dans ce temple d’initiation et de création. Décryptons un peu ce ttire. AN, c’est pour Alwin Nikolais, premier directeur du CNCD. Puis DB pour Dominique Boivin et PD pour Philippe Decouflé qui ont usé leurs chaussons à l’école du CNDC lors de sa fondation en 1981 et qui se retrouvent aujourd’hui en 2018 pour fêter avec la dernière promotion d’élèves cet anniversaire. Un spectacle d’occasion qui témoigne de la vigueur de cette école unique en France.
Robert Swinston, qui dirige cette école depuis 2013, a demandé à ces chorégraphes de revenir en Anjou pour travailler avec les jeunes élèves de l’École supérieure du CNDC. Dominique Boivin a imaginé une pièce originale qu’il a baptisée Traffffic ( oui, c’est ça : 4 F…) qui revisite spécifiquement pour ce spectacle une pièce qu’il avait écrite en 1981 à Angers, Broutilles, qui était à l’origine un duo. Le titre fait référence au film de Jacques Tati et son contexte urbain et mécanique. Il en fait un ballet pour 20 danseuses et danseurs, autant dire toute la promotion. On sent qu’il s’est beaucoup amusé à remettre sur scène cette inspiration ancienne pour en faire un travail d’école réussi où l’on retrouve la signature de Dominique Boivin : des roulades, des chutes, des corps qui se cherchent et se repoussent. Et tout cela à un train d’enfer, gavé de l’énergie athlétique de ce millésime 2018 de l’École d’Angers. C’est réglé au millimètre sur la musique du 3ème Concerto Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach et les sons de Steve Reich.
Il y a une forme d’esprit potache que l’on retrouve dans le best-of concocté par Philippe Decouflé, qui est allé puiser dans plusieurs de ses pièces anciennes afin de composer un medley cousu main pour la promotion de l’École du CNDC. Adaptées afin de faire travailler tous les élèves, on peine à reconnaitre ces oeuvres, mais on retrouve avec bonheur l’univers de Philippe Decouflé et son goût pour la fantaisie.
Tout cela est bien mené mais Alwin Nikolais emporte tout sur son passage. Robert Swinston a programmé une reconstruction de Water Study, pièce créée par le chorégraphe américain en 1964. Certes, il y a une esthétique datée mais quel choc ! Fidèle à sa démarche artistique, Alwin Nikolais avait non seulement écrit la chorégraphie, mais aussi dessiné les costumes et conçu les projections et les sons qui les accompagnent. Les seize danseuses et danseurs choisis pour interpréter Water Study sont dès le levée de rideau rivés au sol, enserrés dans un tissu qui se distend selon le mouvement. En fond de scène, une projection multicolore géométrique qui va se modifier au rythme des mouvements, à moins que ce ne soit l’inverse. C’est un ballet conçu comme une composition plastique. Et qui fait dire que l’on voudrait revoir davantage de pièces d’Alwin Nikolais à l’affiche des compagnies qui l’ont à leur répertoire.
Sur l’ensemble des pièces, les jeunes artistes de l’École surprennent par leur maturité technique et leurs capacités athlétiques. Le CNDC d’Angers est un lieu unique qui a mis sur orbite des créateurs aussi importants que Philippe Decouflé, Dominique Boivin, Mathilde Monnier ou Angelin Preljocaj. Nul doute que parmi ces interprètes se trouvent les créateurs et créatrices de demain. Le CNDC a 40 ans, le bel âge !
ANCNDCDBPD81-18 par l’École supérieure du CNDC au Théâtre de Chaillot. Traffffic de Dominique Boivin, une création de Philippe Decouflé et Water Study d’Alwin Nikolais, avec Amélie Berthault, Lili Buvat, Ines Sofia Cardona Parra, Renaud Dallet, Noémie Defossez, Constant Dourville, Kazuki Fujita, Estelle Garcia-Massiani, Xavier Gocel, Nelly Hyvert, Marion Jousseaume, Kiduck Kim, Jean Lesca, Adrien Lichnewsky, Mathéa Rafini, Tonin Sourjac, Julia Vercelli, Violette Vinel, Paul Warnery. Jeudi 31 Mai 2018.