[Le Temps d’Aimer] Compagnie Traversée – Paysages entrouverts
Après Marie-Agnès Gillot et Carolyn Carlson, puis l‘Aspen Santa Fe Ballet, la compagnie Traversée dirigée par les chorégraphes Johanna Etcheverry et Mizel Théret ont présenté au festival Le Temps d’Aimer leur dernière pièce Paysages Entrouverts, dans l’intimité de la salle du Colisée. Une oeuvre annoncée comme « une création hybride qui combine danse contemporaine, musique live, vidéos et lumières« . Le mont emblématique du Pays Basque Artzamendi est le point d’entrée pour l’inspiration de cette pièce dont l’ambition est de « suggérer ces paysages dans un univers poétique qui peut s’accorder avec la sensibilité de ce lieu« . Si la note d’intentions semble ouvrir un champ singulier et nouveau, le résultat est pour le moins décevant. Faute d’une chorégraphie forte, le propos se dilue sans jamais attirer à lui le public.
Les trois danseuses, dont la chorégraphe Johanna Etcheverry, sont allées créer quasiment sur place, dans une démarche d’observation et de contemplation avant de travailler en studio. La danse se voudrait comme « une allégorie qui rendrait compte à sa manière de la majesté de la montagne« . Mais rien de cela ne transparait sur scène. La pièce débute dans la pénombre, les trois danseuses allongées, contorsionnées, entament petit à petit une succession de poses sur la musique composée et jouée en direct par Raul Garcia Etxeberria. Il y quelques beaux tableaux réussis et harmonieux mais trop peu. L’ensemble ne compose jamais une pièce construite susceptible de nous émouvoir. Le mouvement, souvent minimal, est répété séquence après séquence, finissant par distiller un agacement profond. De surcroît, rien de ce qui semblait annoncé n’est visible sur le plateau. Quel lien le public peut-il faire entre la gestuelle des trois danseuses et le paysage qui l’aurait suscitée ?
La réponse vient – mais un peu tard – lorsque sur l’écran en fond de scène apparaissent des images de cette montagne magique. Là aussi prévaut un éloge fastidieux de la lenteur. À ce moment, les danseuses ont quitté la scène et regardent debout côté jardin l’interminable vidéo dont la qualité est trop moyenne pour réellement nous émouvoir. Cette explication finale, sorte de note en bas de page, sonne comme un aveu d’impuissance à mener à bien le projet initial. Seule embellie, la présence de Mai Ishiwata, danseuse majuscule qui sauve pour quelques instants le spectacle du naufrage de l’ennui.
Paysages Entrouverts de Johanna Etcheverry et Mizel Théret par la Compagnie Traversée au Théâtre Le Colisée, dans le cadre du festival Le Temps d’Aimer. Avec Lauriane Chamming’s, Johanna Etcheverry et Mai Ishiwata. Samedi 8 septembre 2018.