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Cendrillon par Thierry Malandain

Cendrillon de Thierry Malandain est repris au Théâtre de Chaillot du 9 au 18 avril. 

C’est un joli conte que cette Cendrillon de Thierry Malandain. Une histoire de fée et de princesse où tout se termine bien, qui séduit autant qu’elle surprend. C’est là la grande habileté du chorégraphe. Il ne cherche pas à transformer Cendrillon, à y chercher une veine psychologisante ou torturée. Il nous raconte la Cendrillon tel qu’on la connaît, mais avec tellement d’inventivité scénique et de poésie qu’on se laisse attraper par le fil de la si célèbre histoire.

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Cendrillon, ce sont avant tout des personnages, bien ancrés dans notre imaginaire que Thierry Malandain a su redessiner avec une certaine malice, et portés par sa troupe, le Malandain Ballet Biarritz, en très grande forme. Cendrillon est une adorable jeune fille, fraîche et légère, attirant d’emblée toute la tendresse du public. Elle forme avec son Prince un couple charmant, même si ce dernier est un peu éclipsé par le Maître à danser, le virtuose et charismatique Arnaud Mahouy. La Fée, blonde et robe pailletée de rigueur, apporte une danse moelleuse et élégante. L’humour vient plutôt, comme il se doit, de la Belle-mère et des deux méchantes oeuvres, des hommes travestis au crâne rasé, d’étrange créatures androgynes aux tendances sado-maso, apparitions singulières qui nous montrent, peut-être plus que la Marraine, que nous sommes bien dans un monde imaginaire.

Chaque personnage est ainsi tracé, jouant sur une théâtralité portée au plus juste… quitte parfois à en oublier un peu la danse. Car si cette Cendrillon séduit, ce n’est pas vraiment pas l’aspect purement chorégraphique. Thierry Malandain reste dans une veine néo-classique qu’il affectionne, vive, interprétée par d’excellent-e-s danseurs et danseuses, mais qui ne surprend pas vraiment. Malandain fait du Malandain, après tout c’est normal, mais l’inventivité du ballet semble être restée dans la mise en scène, laissant de temps en temps la danse de côté. Ce qui coûte quelques longueurs, notamment à la fin du premier acte (ahh, les Saisons, quelque soit la version, c’est décidément toujours un moment délicat).

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Mais ces moments d’inattentions sont vite balayés par les nombreuses surprises qui semblent ponctuer chaque scène du spectacle. Un cours de danse bluffant d’inventivité, des essayages piquants, et surtout une magistrale scène de bal, le véritable coeur du ballet. Thierry Malandain n’a que vingt interprètes à disposition, trop peu pour faire une foule. Chaque danseurs et danseuses a donc pour partenaire un mannequin de plastique, pour une danse toute aussi vive qu’étrange. La ligne de démarcation entre monde réel et monde imaginaire n’en devient que plus fine. Cette scène de bal est bien irréelle, mais l’impression de foule compact, dangereuse, et presque macabre, rappelle pourtant la vraie vie. Cendrillon et le Prince y apparaissent comme deux rayons de soleil, n’ayant pas besoin de beaucoup de chercher avant de se trouver.

Les mannequins, qui se transforment en douze chiffres de l’horloge, marquent la fin des réjouissantes. La course du Prince est un peu à l’image du ballet : la théâtralité prend le pas sur la danse pure. Mais il y a tellement d’idée dans ces relectures de danse de caractère que le public se laisse charmer, surtout les habitué-e-s du ballet classique qui vu et revu des danses espagnoles, danses arabes et consoeurs. Cendrillon dévoile sa chaussure, les deux amoureux se retrouvent pour un si joli pas de deux, avant un final qui reste sûrement le seul moment du spectacle en point d’interrogation. « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »,  « Le livre du conte est à nouveau ouvert« , « Elle devient gentille et s’épanouit dans la nature« , les avis divergent. Je vous laisse la surprise de découvrir la scène et de choisir votre interprétation.

Cerise sur le gâteau, le ballet était accompagné par l’excellent Orchestre Symphonique d’Euskadi de San Sebastian, et la musique de Prokofiev résonnait plus limpide que jamais dans l’Opéra de Versailles.

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Cendrillon de Thierry Malandain par le Malandain Ballet Biarritz, à l’Opéra Royal de Versailles. Avec Miyuki Kanei (Cendrillon), Daniel Vizcayo (le Prince), Claire Lonchampt (la Fée), Giuseppe Chiavaro (la Belle-mère), Frederik Deberdt et Jacob Hernandez Martin (Javotte et Anastasie), Raphaël Canet (le Père) et Arnaud Mahouy (le Maître à danser). Vendredi 7 juin 2013. 

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