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Compagnie Nationale de Danse d’Espagne – Mats EK/Itzik Galili/Alejandro Cerrudo

Reprendre les rênes de la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne en 2011 avait quelque chose du pari fou : son ancien directeur Nacho Duato était parti avec tout le répertoire et l’état des finances de l’Espagne ne présageait rien de bon pour la culture. José Martinez, ancien Danseur Étoile de l’Opéra de Paris, était rentré au pays pour ce défi de taille. Qui pour l’instant est plutôt bien relevé. Si l’identité propre de la compagnie n’est pas encore bien définie, ses interprètes sont de superbes danseur-se-s avec de fortes personnalités, bien mis-es en valeur dans ce programme contemporain. Et accueilli-e-s pour ce retour parisien par tout le gratin du Palais Garnier.

Casi Casa de Mats Ek

Casi Casa de Mats Ek

C’est d’ailleurs une oeuvre inspirée d’un classique de l’Opéra de Paris qui est restée comme le clou de la soirée. Casi Casa de Mats Ek porte bien son nom, à savoir Presque « Appartement ». Si le ballet est plus resserré que sa version originale, on y retrouve son propos – ce que la vie quotidienne a de plus absurde et parfois touchant -, et ses scènes coup de poing – la gigue des aspirateurs en tête, un peu de féminisme assumé n’a jamais fait de mal.

Comment vivre sa vie d’être humain dans un monde parfois automatique, comment revendiquer sa féminité prise entre des statuts paradoxaux… Mats Ek a l’art, à partir de simples objets du quotidien, de construire un ballet-miroir où le public s’y voit dans toute sa complexité. Désabusé, perdu, parfois ridicule, mais toujours pétri de cette sincère humanité qui suinte dans chaque scène.

Casi Casa de Mats Ek

Casi Casa de Mats Ek

Reprendre ce ballet, qui a connu de si grands interprètes (Nicolas Le Riche et Sylvie Guillem en tête), pouvait être un piège. La Compagnie Nationale de Danse d’Espagne s’en est emparée sans complexe, y mettant une certaine fraîcheur juvénile, comme un air d’adolescence découvrant la vie d’adulte. Et surtout beaucoup de personnalité, chacun sachant s’emparer de son rôle avec force.

Extremely Close d’Alejandro Cerrudo, qui précédait Casi Casa, avait aussi de quoi séduire. Dans une veine rappelant la jeune garde du NDT, le chorégraphe espagnol crée tout un univers, à l’aide simplement d’un tapis de plume, de quelques cloisons mouvantes, et là encore d’excellent-e-s danseur-se-s. L’ambiance est entre rêve et réalité, un entre-deux où l’on se croise, se découvre, se soutient. Le geste est contemporain et très fluide, mettant chacun-e en valeur, avec un je-ne-sais-quoi qui sait se démarquer. Peut-être est-ce un certain talent pour accrocher une ambiance particulière, en suspension, tout en laissant à chacun-e le loisir de se créer sa propre histoire.

Extremely close d'

Extremely Close d’Alejandro Cerrudo,

Sub d’Itzik Galili, qui ouvrait la soirée, est apparu comme plus faible chorégraphiquement. Dans un univers clair-obscur (franchement vu et revu), six danseurs partent dans une danse à l’énergie certes explosive mais qui ne surprend pas vraiment. Itzik Galili sait ce qui marche et ce qui reste efficace, et ne préfère pas trop sortir des sentiers battus. Sub a toutefois l’intérêt de savoir mettre en valeur ses interprètes, soit six bombes danseurs terriens, souples et puissants, charismatiques en scène et donnant chaque seconde de leur énergie, dans la technique qui leur va sûrement le mieux.

La Compagnie Nationale de Danse d’Espagne fait souffler avec elle un certain vent de la jeunesse séduisant. Si elle est venue à Paris avec des pièces contemporaines, elle tend de plus en plus à élargir son répertoire. Je serai curieuse ainsi de découvrir ces excellents interprètes dans un registre plus classique. La troupe monte Don Quichotte en 2016, à suivre de près (en espérant pour l’occasion une autre tournée française).

Sub d'Itzik Galili,

Sub d’Itzik Galili

 

La Compagnie Nationale de Danse d’Espagne au Théâtre des Champs-Élysées. Sub d’Itzik Galili, avec Esteban Berlanga, Toby William Mallitt, Erez Ilan, Álvaro Madrigal, Francisco Lorenzo et Lucio Vidal-Rodrigo Sanz ; Extremely Close Alejandro Cerrudo, avec Emilia Gisladöttir, Jessica Lyall, Kayoko Everhart, Sara Fernández, Isaac Montllor, Antonio De Rosa et Javier Monzón ; Casi Casa de Mats Ek, avec Lucio Vidal, Kayoko Everhart, Emilia Gisladöttir, Jessica Lyall, Alessandro Riga, Francisco Lorenzo, Aleix Mañé, Mattia Russo, Aida Badia et Sara Fernández. Mardi 27 janvier 2015.

 

Comments (1)

  • longuet dominique

    Bonjour,
    Sur mezzolive HD ,j’ai apprécié le Roméo et Juliette par la compagnie de danse de Barcelone.
    Cet enregistrement fera t il l’objet d’un enregistrement DVD commercialisé ? merci de votre aimable réponse ,
    cdlt
    dominique longuet

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