Guests par le groupe Grenade : 7 grands chorégraphes pour 21 (très) jeunes et brillants interprètes
Après Roméo et Juliette, présenté au Théâtre National de Chaillot en octobre dernier, Josette Baïz et son incontournable groupe Grenade reviennent à Paris avec leur nouveau spectacle : Guests. Sur la scène du Théâtre de la Ville, ils revisitent avec brio les créations de sept grands chorégraphes contemporains, balayant ainsi, en un peu plus d’une heure, vingt ans d’histoire de cette discipline.
Les jeunes interprètes du groupe Grenade sont âgés de 8 à 20 ans et issus de différentes cultures et origines. Ils suivent un apprentissage rigoureux et métissé, allant du hip-hop à la danse contemporaine, du smurf à la danse indienne ou africaine. Cette polyvalence, ainsi qu’une grande maitrise technique, leur permettent d’exécuter magnifiquement ce programme exigeant, visitant divers courants et époques de la chorégraphie contemporaine.
Pour cet ambitieux spectacle, les sept chorégraphes représentés ne se sont pas contentés de confier une de leurs créations au groupe Grenade. Chacun d’entre eux, ou leur assistant lorsque ça leur était impossible, s’est rendu à plusieurs reprises à Aix-en-Provence, là où travaille la compagnie. Alban Richard, de son côté, a créé une courte pièce spécialement pour l’occasion, et c’est avec celle-ci que débute la soirée.
Tricksters, d’Alban Richard donc, tire son inspiration des gargouilles, ces démons sculptés des églises gothiques, permettant aux eaux de pluie de s’écouler loin des murs. Cinq très jeunes garçons vêtus de noir, chacun juché sur son praticable, se meuvent et grimacent malicieusement, avec autant de lenteur que la techno sur laquelle ils dansent est endiablée. Se laissant gagner par le rythme de la musique, leurs mouvements s’accélèrent dans une énergie et un plaisir on ne peut plus communicatifs.
Vient ensuite un extrait de Déserts d’amour de Dominique Bagouet, pas de deux transmis aux jeunes interprètes par Michel Kelemenis. Anthony Velay, déjà remarqué dans Roméo et Juliette, et sa partenaire Louna Delbouys Roy, excellent dans cette chorégraphie à l’allure classique, presque baroque, aussi douce et romantique que la précédente était espiègle et tonique.
Un bref intermède, solo humoristique dansé par Mathieu Louis, petit bonhomme au style et à la personnalité déjà bien trempés, annonce la pièce suivante : Concerto de Lucinda Childs. Est-ce le souvenir encore trop prégnant du sublime Dance récemment présenté dans ce même Théâtre de la Ville ? Concerto est le seul extrait où les interprètes ne convainquent pas totalement. La danse répétitive de Lucinda Childs est aussi hypnotique qu’exigeante. Pour goûter pleinement le plaisir de ses suites mathématiques, technique et placements doivent toucher à la perfection, ce qui n’est pas le cas ce soir-là.
Après un nouvel et joyeux intermède intitulé Gargouilles, dix danseurs et danseuses interprètent Entity de Wayne McGregor. Vêtus de débardeurs blancs mouchetés et boxers noirs, ceux-ci se fondent avec une habileté remarquable dans le vocabulaire virtuose et ciselé du célèbre chorégraphe britannique, rendant parfaitement l’énergie et la fluidité de cette pièce.
Anthony Velay interprète ensuite, avec une formidable maturité, le violent Spotlight Solo de Rui Horta, figure majeure de la danse contemporaine portugaise. Une nouvelle prouesse pour cet adolescent qui joue ce rôle aussi bien qu’il le danse.
À cette énergie débridée, répond un nouvel extrait bien plus calme, interprété par les tout jeunes artistes du groupe Grenade : Brilliant Corners d’Emanuel Gat. Comme Concerto, et pour des raisons opposées, cette pièce ne séduit pas vraiment. Si ses danseurs et danseuses en herbe sont cette fois irréprochables, la pièce, par son manque de lisibilité et de vitalité, laisse un peu froid.
Enfin, le programme s’achève avec l’étourdissant Uprising, créé par Hofesh Shechter après les émeutes de banlieues en 2005. Sept adolescents, parmi les plus âgés du groupe, embarquent le public dans une danse d’une force rare. Rapides, glissant souvent au ras du sol pour mieux s’envoler par moments, ils maîtrisent et interprètent, une fois encore, la chorégraphie avec un indéniable talent.
Après une envolée de bravos, les si beaux danseurs du groupe Grenade offrent au public une dernière danse. Tout en se disant qu’ils n’ont décidément rien à envier à leurs ainés, on meurt d’envie de les remercier pour leur énergie et leur générosité. Sans oublier de louer Josette Baïz, qui tout en les aidant à développer d’étonnantes qualités techniques, prend soin de laisser s’épanouir la personnalité de chacun d’entre eux.
Guests par le groupe Grenade / Josette Baïz au Théâtre de la Ville dans le cadre du Parcours enfance & jeunesse. Tous publics à partir de 8 ans. Chorégraphies d’Alban Richard Tricksters, Dominique Bagouet Déserts d’amour, Lucinda Childs Concerto, Wayne McGregor Entity, Rui Horta Spotlight Solo, Emanuel Gat Brilliant Corners, Hofesh Shechter Uprising. Maître de Ballet Élodie Ducasse. Scénographie de Dominique Drillot. Avec Axelle Anglande, Arthur Bergogne, Pierre Boileau, Jossilou Buckland, Emma Cappato, Ludovic Collura, Camille Cortez, Lola Cougard, Louna Delbouys Roy, Tony Ignacimouttou, Anthony La Rosa, Axel Loubette, Mathieu Louit, Samuel Malerbe, Olivia Mari, Géraldine Morlat, Lisa Rapezzi, Rafaël Sauzet, Louis Seignobos, Anna Suraniti, Anthony Velay. Mercredi 4 février 2015.
Guests sera en tournée à Grenoble du 12 au 14 mars puis à Martigues le 18 avril.
Marie Jambou
ou peux t-on trouver se spectacle je les vu a l’orient et je voudrais le revoir sur internet
Delphine Baffour
Ce programme n’est malheureusement, d’après ce que je sais, pas visible en ligne.