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La Bayadère : épisode 2

Mercredi 28 mars 2012. La Bayadère de Rudolf Noureev par le Ballet de l’Opéra de Paris, à l’Opéra Bastille. Avec Myriam Ould Braham (Nikiya), Florian Magnenet (Solor), Charline Giezendanner (Gamzatti), Allister Madin (L’ Idole dorée), Héloïse Bourdon, Valentine Colasante et Sabrina Mallem (les trois Ombres), Eléonore Guérineau (Manou), Cyril Mitilian (L’ Esclave), Axel Ibot (Le Fakir), Eric Monin (Le Rajah), Yann Chailloux (Le Grand Brahmane), Héloïse Bourdon et Sébastien Bertaud (les Indiens).

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N.B. : Les photos des saluts sont de Blog A Petits Pas.

Passer une bonne soirée, lorsque l’on s’attend à ce que cela soit une bonne soirée, est toujours agréable. Ouf ! Les espoirs placés dans la distribution choisie avec minutie n’ont pas été déçus. Se laisser surprendre et trouver une qualité là où on ne l’attendait pas se savoure également.

La représentation de La Bayadère du 28 mars est un peu un mélange de tout ça. Une réussite attendue et une surprise. Le public était majoritairement composé d’habitué-e-s, qui comme moi attendait avec impatience la prise de rôle de Myriam Ould-Braham en Nikiya. Mathilde Froustey aurait également dû y faire ses premiers pas en Gamzatti, mais pour cause de blessure, c’est finalement une autre Sujet, Charline Giezendanner, qui a eu la chance d’étrenner ce rôle.

Dès son entrée, voilée, Myriam Ould-Braham a rayonné. Sa technique sûre et toute en finesse a fait des merveilles au premier acte. Sa variation de Nikiya n’est pas vraiment spectaculaire, mais son sens du mouvement, sa musicalité, le soin apporté à chaque détail des mains et des poignets, en ont fait un petit moment de grâce.

Artistiquement, Myriam Ould-Braham a choisi d’être une Nikiya très romantique, féminine, presque glamour dans ce bustier serré. Loin des héroïnes éthérées et farouches, elle en a fait une femme sûre d’elle et de son amour, véritable princesse sans en avoir le sang. Sa pantomime très lisible, comme toutes celles des seconds rôles d’ailleurs, ont fait passer cet acte à toute vitesse, malgré un corps de ballet féminin qui semblait fatigué.

Myriam Ould-Braham a en plus la qualité de bonifier ceux qui l’entourent. Florian Magnenet, dont je n’attendais rien, a ainsi beaucoup surpris. Sans parler d’une ébouriffante flamboyance dans ses variations, il a montré ce soir-là une qualité que je ne lui connaissais pas : de la crédibilité dans sa pantomime.

Sans en faire trop, il a su se glisser dans la peau de Solor, sincèrement amoureux de Nikiya, mais trop timide face au pouvoir. Leur couple fonctionnait ainsi très bien, et restait très touchant tout au long du ballet. L’adage du premier acte, bien souvent un peu longuet, était ainsi indéniablement l’un des plus jolis moments du ballet.

Visiblement, Myriam Ould-Braham et Florian Magnenet ont eu le temps de travailler ensemble. Remplacer quelqu’un au pied levé reste un exploit, mais voir un partenariat qui n’a pas l’air d’improviser sur scène, cela fait du bien aussi. L’entente était là, aussi bien techniquement qu’artistiquement.

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Le premier acte a aussi vu l’arrivée de Charline Giezendanner, qui n’a visiblement pas travaillé dans les mêmes conditions. Sa Gamzatti faisait bien plus enfant pourri-gâté que princesse altière. Ceci-dit, au début, cela ne gêne pas vraiment à l’histoire une fois la surprise passée. La confrontation avec Nikiya, par contre, manquait de force de son côté, la lutte était inégale. Difficile de se battre pour un homme lorsque l’on a l’impression qu’elle parle d’un  jouet. Mais l’on ne peut reprocher quoi que ce soit à la danseuse, qui n’a eu qu’une semaine pour répéter, et qui s’est sortie de cette difficile prise de rôle plus qu’honorablement.

Malgré la fatigue du corps de ballet, le deuxième acte a été sauvé par de très bons seconds rôles. Allister Madin a dansé une Idole Dorée de haute tenue, précise, avec beaucoup de style. Eléonore Guérineau était adorable en Manou, et Héloïse Bourdon surprenant en Indienne. On ne la voit que dans des rôles lyriques, mais elle en jette aussi dans un moment de caractère.

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La Gamzatti de Charline Giezendanner a un peu plus souffert. Si techniquement la danseuse s’est montrée très sûre, le résultat est resté trop scolaire, trop petite fille, et le public n’a pu être emporté. Florian Magnenet, qui n’avait personne pour le tirer vers le haut, s’est réduit au minimum. Dommage, ce grand pas d’action, qui fait tellement d’effet, est resté trop gentil.

Myriam Ould-Braham a par contre continué de tenir son rôle. Sa variation tout en cambrés était rempli d’émotion, et sa mort empoisonnée très juste. La danseuse n’en fait jamais trop dans le drame, et sait rester naturel. A tort ou à raison ?  Du dixième rang, son jeu était saisissant, mais atteint-il le fin fond du deuxième balcon…

Florian Magnenet a lui aussi été juste. On le sent tout du long toujours amoureux de Nikiya. S’il accepter d’épouser Gazmatti, c’est bien plus par la peur de désobéir que par pure tromperie. Son Solor, sans tomber dans la naïveté, y gagne en sincérité, et sait rester touchant. « So Cute » serait l’adjectif parfait

Le troisième acte fut un très beau moment. Si la descente des Ombres fut un peu laborieuse, le reste resta de haute tenue, et fit oublier les trois ombres honnêtes-sans-plus. Myriam Ould Braham y a pour sa part déployé tout son lyrisme, montrant comme jamais ses si belles qualités de ballerine classique. Véritable étoile, elle a illuminé ce troisième acte, porté par un orchestre qui a sublimé la musique de Minkus. Florian Magnenet a plus servi de faire-valoir pour le coup, mais leur partenariat est resté équilibré.

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C’est définitivement ce couple, et leur façon de travailler ensemble, qui a porté cette soirée. Chacun y a déployé non seulement de l’assurance, mais aussi de la personnalité et beaucoup de complicité. En espérant qu’ils aient la même chance de travail sur L’Historie de Manon, même si Floriant Magnenet risque de montrer plus facilement ses limites de comédien dans ce prochain ballet.

Comments (8)

  • eug3nie

    J’étais au fond du 10ème balcon est pas de soucis pour Myriam l’émotion passait parfaitement …! elle était juste sublime et l’est restée du début à la fin <3 http://www.dansesaveclaplume.com/th

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  • elendae

    Aaaahhhh, je l’attendais ton compte-rendu !! 🙂
    Oui moi aussi je retiendrai surtout leur partenariat. Je ne pensais pas que le pas de deux du 1er acte pouvait vous tirer les larmes, eh bien si.
    Tu es (toujours) un peu sévère avec Florian Magnenet, techniquement, soyons honnête, il est dans le haut du panier de cette distrib. Et je trouve qu’il avait une jolie suspension dans ses tours en l’air, j’ai l’impression que c’est son point fort (je ne suis pas sûre que ça s’appelle comme ça, tu sais, quand un danseur tourne une fois sur lui-même, assez haut, avec une jambe parallèle au sol ?…enfin les jambes à 90° quoi…??)

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  • jigara

    Je vois ce que tu veux dire elendae et je suis d’accord avec toi! Techniquement, c’est Florian Magnenet qui dominait.
    Et son manège, malgré des réceptions un peu bancales (et encore, Bullion samedi m’a fait peur à un moment), était franchement honorable !

    Une superbe soirée en tout cas 😀

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  • licorne

    C’est en voyant un spectacle aussi réussi, lyrique et splendide à tout points de vue, que ce soit émotionnellement où techniquement pour Myriam Ould Braham et Floriant Magnenet qui ont porté tous deux ce Ballet au summum du romantisme et de la belle danse, que l’on se dit, pour ceux qui ont assisté au spectacle du 24, qu’il s’agissait bien ce jour là d’un moment d’état de grâce absolu, que l’on ne retrouvera sans doute jamais plus.La distribution Bourdon Bullion Pagliero Alu restera assurément en mémoire dans un registre qui dépasse toute considération critique sur la danse. Avec de jeunes interprètes d’une telle qualité, comme « l’immense » Myriam, la très « sublime » Hèloïse, le « divin »François et « l’excellent Florian, l’Opéra de paris n’a pas trop de souci à se faire pour la relève.

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  • Audrey

    J’aurai aimé voir cette distribution, mais ça ne sera pas possible… Mais rien que de savoir que c’était réussi, ça me fait déjà plaisir 🙂

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  • Oui c’était vraiment une belle soirée et j’ai hâte de revoir ce couple le 15 avril. Leur partenariat était le gros point fort du ballet.
    J’ai aussi été très surprise par Florian Magnenet. Je l’ai trouvé très juste et cohérent dans son personnage tout au long de la soirée.
    Myriam était magnifique et au premier balcon ça passait très bien. Après je suis restée scotchée à mes jumelles car je ne voulais rien perdre!!

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  • @ Eug3nie : Quand elle avait dansé Roméo et Juliette, c’était le point négatif : elle était très convaincante de près, mais pas forcément du fin fond de la salle, surtout qu’on est vite loin à Bastille. Je suis ravie de voir que ce n’était pas le cas pour sa si belle Bayadère.

    @ Elendae : Alors je crois que le pas, c’est le manège de coupés-jetés. Je n’ai vu que lui et Hoffalt sur cette série, et je trouve qu’il a été moins bon que la nouvelle étoiles. De toute façon, je n’ai pas trouvé que les deux « décollaient » vraiment, mais Hoffalt m’a plus touchée par son interprétation.

    @ Jigara : Surtout aussi bien placée 😉

    @ Licorne : Encire faut-il que la relève soit bien mise en avant, ce qui n’est pas toujours le cas pour MOB.

    @ Audrey : Allez, ça sera pour la prochaine série 😉 (on ne peut pas tout voir de toute façon).

    @ Cams : J’ai hâte de lire tes impressions sur la représentation du 15 avril, avec une semaine de répétition en plus, ils auront déjà évolué.

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  • nic sarthe 72

    Je suis allée à la représentation du 11 Avril sur « la Bayadère ». Très déçue par les costumes déjà, par rapport aux anciennes versions vues à la télé, tissus et soieries magnifiques, un plus dans la réalisation.

    Quant au ballet, pour une fois que je vais à l’Opéra, je n’ai pas été transportée., Désolée.

    Dans ma ville, j’ai assisté dernièrement au ballet « Le boléro de Ravel » avec Farukh Ruzimatov (superbe) Kirov – Mariinsky – Maria Allash, qui m’a bien plus emballée. Nic.

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