Partita 2 – Anne Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz
Johann Sebastian Bach n’a pas fini de fasciner les chorégraphes. De Roland Petit à William Forsythe en passant un peu plus tôt par George Balanchine, beaucoup ont voulu créer sur la rigueur toute libérée du compositeur. Anne Teresa De Keersmaeker s’y est mise aussi avec Partita 2, invitant pour l’occasion Boris Charmatz à danser avec elle.
La chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker peut dans l’idée ressembler à la musique de Bach : quelque chose de visu assez simple, presque aride, mais qui se découvre petit à petit d’une grande complexité et pouvant amener à de véritables envolées. Partita 2 s’est construit sur la partition du même nom, en prenant comme base le contrepoint. La danse Anne Teresa De Keersmaeker et celle de Boris Charmatz sont donc comme deux phrases musicales qui se répondent, se complètent. L’une démarre, suivi de près de l’autre. Ils se croisent puis s’équilibrent. Ils semblent se répéter mais ce n’est jamais tout à fait la même chose. Et petit à petit, cette écriture chorégraphique ascète prend de l’ampleur, occupe tout l’espace, résonne dans la salle tout comme le son du violon. Et devient incroyablement libre.
Anne Teresa De Keersmaeker tombe parfois dans la facilité en se contenant d’illustrer ce qu’elle entend. La musique sautille ? Elle sautille. Elle ne peut s’empêcher non plus d’être trop bavarde et de croire que la danse un peu trop importante dans ce ballet. Car Partita 2 reste avant tout une expérience musicale, plus que chorégraphique. Le spectacle commence d’ailleurs avec le son du violon, qui joue dans le noir cette Partita. Le public commence à s’impatienter, à murmurer, à se demander ce qui se passe. Il a payé pour voir de la danse et est tout déstabilisé d’écouter de la musique dans le noir. Pourtant quelle beauté ! Le son du violon résonne, incroyablement vibrant sur cette grande scène. Le fait de ne pas chercher à voir renforce justement la puissance de la musique, même si les yeux s’habituent à l’obscurité et distinguent peu à peu la violoniste.
Si la chorégraphie prend forme, c’est grâce à la musique, c’est sur elle qu’elle s’appuie uniquement. La deuxième partie, où Anne Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz dansent sans la musique, paraît donc bien énigmatique et presque prétentieuse. Il faut attendre la troisième pour que musique et danse se rejoignent, pour comprendre vraiment comment est fait le mouvement. Un mouvement qui n’arrive pas à vivre sans la musique, alors que l’inverse marche très bien. C’est un problème ? Non. Il aurait juste fallu en être conscient et l’accepter comme tel.
Partita 2 d’Anne Teresa De Keersmaeker au Théâtre de la Ville. Avec Anne Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz. Jeudi 28 novembre 2013.Partita n° 2 de Bach.
petitvoile
De cette soirée j’ai tiré de l’ennui pendant puis le vide, j’avais déjà oublié. S’y retrouvent les principes de création d’ATK nettement préférables quand elle les oeuvre en version méticuleuse pour sa compagnie. Charmatz se montre fidèle à son inexistence scénique, le soir où j’assistais la violoniste dans le noir a pas mal grésillé et le propos du spectacle se limitant à un motif d’école, on a regardé ATK courir basta.